Extraditions vers la Syrie : Le piège d’Erdogan contre l’opposition iranienne

Récemment, les autorités turques ont expulsé vers le nord de la Syrie 9 kurdes iraniens qui, selon Ankara, avaient tenté de rejoindre illégalement l’Europe. Cette décision a suscité une vive polémique à l’intérieur comme l’extérieur de la Turquie, notamment après que les familles des neuf iraniens ont confirmé qu’ils étaient entrés sur le territoire turc de manière tout à fait légale.

L’Organisation kurde-iranienne “Hengaw” pour les droits de l’homme a révélé que les autorités turques ont détenu des demandeurs d’asile kurdes-iraniens le 20 août 2021 dans une forêt d’Istanbul alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe, avant de décider de les expulser vers la Syrie. En parallèle, des dizaines de Kurdes irakiens du Kurdistan qui étaient avec les neuf iraniens, ont été expulsés vers l’Irak.

Il convient de rappeler que le régime turc a toujours averti qu’il n’accepterait pas les migrants et que la Turquie n’était pas un refuge, ce qui a conduit certaines organisations internationales et de défense des droits de l’homme à affirmer que la Turquie n’est plus un lieu sûr pour les demandeurs d’asile, en particulier les iraniens.

Les familles des neuf iraniens ont confirmé que les autorités turques les avaient remis à un groupe opposé au régime du président syrien Bachar al-Assad et proche du gouvernement turc.

Le journaliste écrivain spécialiste des affaires iraniennes, Oussama al-Hatimi, a déclaré dans un communiqué au journal “La Référence” que l’expulsion des neuf iraniens vers le nord de la Syrie après leur récente entrée sur le territoire turc par des moyens légaux et avec leurs vrais passeports, confirme que le régime turc avait deux objectifs en franchissant cette étape: Le premier est l’envoi d’un message fort dans lequel il confirme qu’il ne tolérera pas que ses terres deviennent un couloir pour l’immigration illégale vers l’Europe. Son deuxième objectif est d’éviter d’être à nouveau exposé aux critiques des organisations des droits de l’homme en raison des extraditions répétées de personnalités de l’opposition iranienne qui se sont réfugiés en Turquie par peur de la répression en Iran ou pour échapper aux lourdes peines prononcées contre elles par le régime des mollahs, dont la peine de mort. Certains ont même considéré la Turquie comme un piège pour l’opposition iranienne, une accusation qui entache sévèrement l’image de la Turquie sur la scène internationale.

Selon Oussama al-Hatimi, bien que les expulsés se soient opposés à leur extradition vers la Syrie à la dernière minute, il y a de fortes chances que leur expulsion joue en leur faveur parce que d’une part, ils étaient effectivement soumis à des poursuites judiciaires en Iran et peut-être à des sanctions sévères s’ils sont expulsés vers Téhéran, et d’autre part, les appels répétés de leurs familles envers les régimes iranien et syrien ont contribué à mettre en lumière leur cas dans les médias, ce qui peut contraindre le régime iranien à adopter une approche plus clémente à leur égard une fois retournés dans leur pays.

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