Afghanistan : Interdiction de la musique et meurtre du chanteur populaire Fouad Andarabi

La brutalité de la politique talibane ne fait que s’intensifier depuis que le mouvement extrémiste a repris le pouvoir en Afghanistan le 15 août 2021. Les restrictions et les interdictions se multiplient et touchent tous les aspects de la vie courante, dont le droit au divertissement.

Meurtre d’un artiste emblématique

L’ancien ministre afghan de l’Intérieur, Masoud Andarabi, a publié un tweet samedi 28 août dans lequel il a déclaré : “La brutalité des talibans se poursuit à Andarabi. Ils ont sauvagement assassiné le chanteur populaire Fouad Andarabi, qui procurait de la joie à la vallée et à ses habitants.”

Des articles de presse ont confirmé l’assassinat du chanteur populaire Fouad Andrabi par les talibans, dans la province nord-est de Baghlan.

Une source étatique a rapporté que des hommes armés avaient extirpé de force Fouad Andrabi de sa maison avant de le tuer.

Citant le fils du chanteur assassiné, la chaîne indienne “Times Now” a révélé que l’incident s’est produit samedi 28 août 2021 dans le village de Kishnabad dans le district d’Andrap, qui a récemment été témoin d’affrontements violents entre le mouvement taliban et l’Alliance du Nord qui maintient son contrôle sur l’État du Panjshir.

Selon l’agence de presse russe “Spoutnik”, les talibans ont annoncé le 26 août 2021 qu’ils avaient l’intention d’interdire officiellement la musique, qu’ils considèrent contraire aux principes islamiques.

Cette information a été confirmée par le porte-parole du mouvement, Zabihullah Moujahid, dans ses déclarations au journal américain “The New York Times”. Il a affirmé que le mouvement avait changé depuis le premier gouvernement, et a exprimé son espoir de parvenir à convaincre les gens de respecter la nouvelle loi sur l’interdiction de la musique plutôt que de les y obliger.

“La musique est interdite dans l’Islam, mais nous espérons pouvoir convaincre les gens de ne pas faire de telles choses, au lieu de faire pression sur eux”, a déclaré Moujahid.

Le chant religieux autorisé

L’interdiction de la musique était déjà en vigueur sous le régime taliban des années 1990. La musique étant perçue par les extrémistes comme une distraction susceptible de stimuler des pensées impures, seuls les chants religieux étaient autorisés.

Selon le journal britannique “Telegraph”, les stations de radio et de télévision afghanes avaient cessé de diffuser de la musique à l’exception des chants religieux islamiques, mais on ignore si cette décision a été imposée par les talibans ou si ces chaines ont pratiqué l’autocensure pour ne pas s’attirer de problèmes avec le mouvement.

La musique a de nouveau retenti en Afghanistan après le renversement des talibans en 2001, mais leur retour au pouvoir vient de marquer la fin de la liberté relative de ces dernières années.

La vie des artistes menacée

Le directeur du Conservatoire national de musique de Kaboul, Ahmad Nasir Sarmast, a annoncé que le conservatoire afghan avait fermé ses portes aux étudiants et aux employés depuis que les talibans ont pris le contrôle de Kaboul, avertissant que la vie des musiciens est en danger. Dans sa déclaration du mardi 24 août 2021 à l’Associated Press, il a dit “avoir le coeur brisé”.

Concernant le retour des talibans au pouvoir, il a déclaré : “C’était si inattendu et imprévisible que ça a fait l’effet d’une explosion qui a surpris tout le monde”.

Ahmad Nasir Sarmast a exprimé une grande peur pour ses 350 étudiants et 90 membres du corps professoral. Beaucoup sont déjà entrés dans la clandestinité, tandis que des rapports indiquent que les talibans comptent poursuivre leurs opposants partout ou ils se trouvent quitte à faire du porte à porte.

“Nous avons tous très, très peur pour l’avenir de la musique, nous avons très peur pour nos filles et notre faculté”, a-t-il ajouté, demandant à l’Associated Press de ne pas divulguer de détails supplémentaires sur l’école et les étudiants pour ne pas mettre leurs vies en danger.

Le Conservatoire national afghan de musique, fondé par Ahmad Nasir Sarmast en 2010, proposait un enseignement qui combine musique afghane et occidentale.

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