Les éléments pro-iraniens du cercle d’Erdogan encensent les mollahs et glorifient la révolution islamique

Le gouvernement turc compte de nombreux membres affiliés directement ou indirectement au régime iranien des mollahs, ce qui explique les prises de positions communes aux deux pays dans divers dossiers, dont peut-être le plus important est l’extradition par la Turquie d’opposants vers l’Iran.

L’imam des musulmans

Ibrahim Kalin, porte-parole et conseiller en chef du président turc Recep Tayyip Erdogan, et un des décideurs au sein du régime turc, a écrit un article dans lequel il a exprimé toute son admiration pour la République des mollahs et a fait l’éloge de la révolution islamique iranienne et de son défunt leader, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, qu’il perçoit comme le guide du soulèvement, le chef de la révolution islamique, l’imam des musulmans révolutionnaires, et le modèle des musulmans pratiquants.

Ibrahim Kalin a également publié un article pour présenter le livre “Akbar Jihad”, qui comporte les discours de Khomeiny prononcés à Najaf, au cours desquels il a appelé ses étudiants à se purifier avant la lutte, et à se préparer au djihad armé contre les ennemis de l’Islam.

Kalin n’est pas le seul dans le gouvernement turc à admirer le modèle iranien. Des documents ont révélé que Hakan Fidan, le chef des renseignements nationaux turcs, était connu des agents de la Force Qods, dirigée par Qassem Soleimani avant d’être tué lors d’un raid américain début 2020 près de l’aéroport de Bagdad en Irak. Ils ont également dévoilé l’existence d’un lien entre Fidan et une certaine entité iranienne en 1994, à l’époque ou il était sous-officier dans l’armée turque et pétri d’idées anti-américaines.

L’amoureux de la révolution iranienne

Ces informations ont été confirmées par les propos d’un agent iranien en Turquie dans une biographie sur Fidan, retrouvée dans l’un des dossiers découverts par la police turque dans le cadre d’une enquête sur les cellules de la Force Qods présente en Turquie.

Selon ces dossiers, Hakan Fidan, qui a repris les rênes des services secrets turcs en 2010, souhaitait effacer les États-Unis et Israël de la surface de la terre, espérait le succès de la révolution iraniennes, et a secrètement rencontré Qassem Soleimani, le commandant de la Force Qods du Corps, à Téhéran en 2014. Leur réunion a eu lieu dans un parking afin de se dissimuler des services de renseignement et de sécurité de l’ambassade de Turquie.

Fidan a fait l’objet d’investigations en Turquie dans le cadre d’une enquête criminelle sur la Force Qods, identifiée par l’unité antiterroriste de la police qui surveille ses opérations, enquête sur ses attentats terroristes en Turquie et sur les avoirs des gardiens de la révolution iraniens proches de Fidan. Le scandale a éclaté lors d’un conseil des ministres présidé par Erdogan, tenu à la suite des manifestations antigouvernementales de Gezi.

Erdogan s’est employé à écraser les manifestations à travers tout le pays avec une force répressive brutale, tandis que le vice-Premier ministre de l’époque, Bulent Arinc, et plusieurs autres membres du cabinet ont appelé à trouver un compromis avec les principales organisations ayant lancé les manifestations contre un projet de construction controversé dans le quartier historique de Taksim à Istanbul.

Dans sa jeunesse, Fidan a suivi des études chiites dans la capitale turque alors qu’il était un sous-officier non qualifié, et a été exploité par le réseau de la Force Qods. Erdogan l’a intégré au gouvernement en tant que chef de l’agence de développement TIKA dans un premier temps, puis en tant que sous-secrétaire adjoint du Premier ministre. Il a ensuite été nommé chef du service des renseignements en 2010.

Pro-Iran

En août 2019, le président Erdogan a nommé un professeur de théologie pro-iranien, Mahmut Erol Kilic, ambassadeur de Turquie en Indonésie. Mahmut Erol Kilic tenait une chronique régulière dans le quotidien “Bani Shafak”, dans laquelle il faisait l’éloge du régime iranien et de sa politique étrangère, tout en exposant ses opinions anti-arabes et et antisémites, avertissant l’Iran contre les risques d’attaques de la “fraternité wahhabite-sioniste-évangélique”, en raison de sa position hostile à Israël. Il a soutenu que l’Iran doit être protégé par une autre alliance et a accusé à plusieurs reprises l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes de soutenir des groupes extrémistes en Afghanistan, au Pakistan et en Somalie.

La cour d’Erdogan

Un document judiciaire turc a révélé qu’une enquête a été menée sur deux hauts conseillers du gouvernement pro-iranien du président Erdogan, en tant que suspects ayant des liens avec des membres du Corps des gardiens de la révolution islamique en Turquie.

Sefer Turan, le principal conseiller d’Erdogan en politique étrangère, et Mustafa Varank, un ancien haut conseiller à présent ministre de l’Industrie et de la Technologie, ont été mis sur écoute par des enquêteurs qui les soupçonnaient d’œuvrer secrètement pour le compte de la force Qods en Turquie.

Dans la cour d’Erdogan, Sherif Malkog, médiateur en chef de l’Institution de surveillance publique turque qui supervise les plaintes contre les organismes publics, est également un fervent sympathisant du régime des mollahs. Il a rencontré récemment six responsables iraniens à Téhéran, dont Gholam Hossein Mohseni-Ejei , le premier adjoint du juge en chef d’Iran et le deuxième plus haut responsable du système judiciaire iranien. Il a été juge, procureur et ministre du renseignement d’août 2005 à juillet 2009.

Les autres sont Massoud Karbasian, anciennement ministre des Finances, démis de ses fonctions après un vote au Parlement, Daoud Mohammadi, chef de la commission des pétitions du Parlement iranien, Mohammad Javad Sharia Bagheri, président de l’Université juridique, des sciences et des services administratifs, qui forme la plupart des juges et des avocats en Iran, et Nasir Serraj, chef du Bureau iranien d’inspection générale.

Sherif Malkog, qui a été le conseiller en chef d’Erdogan avant sa nomination à la tête du PKK, et son gendre, Abdulhamit Gul, ministre de la Justice en Turquie, ont fait partie des architectes de la réforme du système judiciaire.

Le pouvoir des hommes iraniens au sein du régime turc a aidé à négocier des accords entre Ankara et Téhéran dans les domaines de la santé et de la médecine, pour contourner les restrictions sur le matériel médical et les technologies à double usage, imposées à l’Iran par l’ONU et les Etats-Unis. Cela s’ajoute à l’implication du régime iranien dans l’affaire Halkbank, une banque dirigée par la Turquie à New York et accusée d’avoir enfreint les sanctions américaines contre l’Iran.

La Cour fédérale du district sud de New York a déposé une plainte contre Halkbank pour l’aide qu’elle a apporté à l’Iran dans le but de contourner les sanctions américaines. Le directeur général de la banque, Hakan Atilla, a été arrêté et a passé environ deux ans dans les prisons américaines. L’affaire a été reportée grâce aux relations amicales qui liaient Erdogan et l’ancien président américain Donald Trump.

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