Après le retrait américain, les femmes afghanes se préparent à affronter les talibans

Il y a deux décennies, les femmes afghanes rêvaient encore de la fin des restrictions sociales tyranniques imposées par le mouvement taliban. Elles étaient contraintes de se voiler intégralement avec une burqa et n’avaient pas le droit d’étudier, de travailler ou simplement de quitter leurs maisons sans un tuteur masculin.

Depuis l’annonce du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, le mouvement a réussi à prendre le contrôle de nombreuses provinces. Cela a éveillé la méfiance des femmes en particulier, étant les plus exposées à la brutalité des talibans.

Quelques changements ont eu lieu en Afghanistan ces dernières années, des femmes ont fait leur entrée au Parlement et même dans les rangs des forces de sécurité, et certaines d’entre elles sont devenues de brillantes femmes d’affaires.

Les déclarations du mollah Abdul Ghani Baradar, l’un des fondateurs du mouvement taliban dont il est le chef adjoint, selon lesquelles le mouvement est attaché aux droits des femmes peuvent sembler rassurantes, mais les sévères restrictions imposées aux femmes sous le régime taliban sont encore présentes dans les mémoires. Avec la progression rapide des talibans, les femmes afghanes estiment que tout accord de paix doit inclure la protection des progrès déjà réalisés.

Echaudées par les promesses de certains membres du mouvement, des centaines de femmes afghanes ont défilé la semaine dernière dans les rues du nord et du centre du pays en portant des fusils. Dans le contexte du retrait américain, les femmes voulaient simplement adresser un message symbolique de soutien aux forces gouvernementales afghanes, mais certaines participantes ont affirmé être prêtes à se rendre sur le champ de bataille.

Une journaliste afghane du nord du district de Jawzjan a témoigné : “Il n’y a pas de femme dans le pays qui veuille réellement se battre sur le terrain, nous ne demandons que nos droits les plus élémentaires, comme terminer mes études par exemple, loin de la violence… Mais les circonstances m’y ont poussée.”

Interrogée sur la possibilité de retourner avant l’invasion américaine et de mettre fin au contrôle des talibans, Frishta Farhang, 21 ans, correspondante du journal en ligne “Khbarnama.net” à Kaboul, a répondu : “Il y a eu de nombreux changements dans le pays ces 17 ou 18 dernières années. Les gens ont changé, les esprits ont changé, ces changements ont donc également un impact positif sur les dirigeants talibans. Ils doivent se rendre compte de la différence.”

Elle a poursuivi : “Il y a une grande différence entre les anciens talibans et les nouveaux talibans. Le moment décisif est survenu en juin dernier lors du cessez-le-feu, lorsque les militants talibans et les forces de sécurité afghanes ont déposé les armes.”

“Après le cessez-le-feu, les talibans ont réalisé que les femmes sont actives dans tous les domaines comme l’éducation et l’économie”, a déclaré Farhang. Elle a ajouté que de nombreuses femmes afghanes n’accepteraient plus jamais le joug des talibans. “Mais ce sur quoi nous devons nous concentrer, c’est la paix.”

Il est à noter que la chute du régime des taliban a donné naissance à d’importants progrès dans le domaine des droits des femmes et de l’éducation. En 1999, aucune fille n’était scolarisée dans le secondaire et il n’y avait que 9 000 filles en école primaire.

En 2003, il y avait 2,4 millions de filles scolarisées, ce nombre est à présent passé à 3,5 millions environ, et près d’un tiers des étudiants des universités publiques et privées sont des femmes.

Les talibans affirment qu’ils ne sont plus opposés à l’éducation des filles, mais selon les organisations de défense des droits humains, il y a très peu de responsables talibans dans les régions qu’ils contrôlent qui autorisent les filles à se rendre à l’école après la puberté.

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