Le Qatar tente de faire avancer le dialogue entre l’Arabie saoudite et l’Iran

Quelques jours après sa visite aux États-Unis, le ministre qatari des Affaires étrangères, le Cheikh Mohammed bin Abdulrahman al-Thani, s’est rendu à Téhéran pour une visite fortuite au cours de laquelle il a rencontré le président iranien récemment élu, Ebrahim Raisi.

La visite a lieu en plein dialogue entre l’Iran et l’Arabie saoudite mené par la médiation irakienne. Le Qatar de son côté cherche à jouer le rôle de médiateur pour apaiser la crise entre Téhéran et Ryad, pendant que Bagdad et Mascate intensifient leurs efforts pour soutenir la trêve entre les deux pays.

Le ministre qatari des Affaires étrangères a rencontré son homologue, Mohammad Javad Zarif, pour discuter “des derniers développements dans les relations bilatérales entre la République islamique d’Iran et l’État du Qatar, ainsi que des questions régionales et internationales les plus importantes”, selon le communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères.

Le ministre qatari a ensuite rencontré le président iranien Ebrahim Raisi, dont c’est la première rencontre avec un responsable étranger depuis sa victoire aux élections présidentielles du 18 juin.

Selon l’agence de presse officielle IRNA, Raisi a affirmé que la République islamique “cherche le bien de tous”, une déclaration qui intervient à un moment ou l’Iran cherche à atténuer son isolement dans la région en s’associant avec le Qatar pour résoudre une grande partie des conflits entre la République islamique et les États du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite.

La visite du ministre qatari a suivi de près sa rencontre avec son homologue américain Anthony Blinken jeudi à Washington, où il a évoqué avec lui “les développements dans la région, notamment en Afghanistan, en Iran, en Syrie et en Palestine”, selon le ministère qatari des Affaires étrangères.

Lors de cette rencontre, le Cheikh Mohammed a souligné “le besoin urgent d’un dialogue ouvert et transparent entre les pays du Conseil de coopération du Golfe et l’Iran pour parvenir à la stabilité dans la région”.

Ces deux visites successives interviennent également au moment où Téhéran et Washington sont engagés dans des pourparlers indirects pour relancer l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien.

L’accord conclu à Vienne en 2015 a permis la levée de nombreuses sanctions économiques imposées à l’Iran, en échange d’une restriction de ses activités nucléaires et de la sécurisation de son programme, jusqu’à ce que l’ancien président américain Donald Trump se retire unilatéralement en 2018 et réimpose de sévères sanctions contre Téhéran.

L’Iran a répliqué un an plus tard en revenant progressivement sur la majorité de ses engagements fondamentaux dans le cadre de l’accord.

L’Iran, la Grande-Bretagne, la France, la Russie, la Chine et l’Allemagne, ont entamé des négociations début avril à Vienne avec la participation indirecte des Etats-Unis, dans le but de parvenir à un règlement principalement basé sur le retour de Washington à l’accord et sur la levée des sanctions sur l’Iran en échange de son retour au plein respect de ses engagements.

Six cycles de négociations ont eu lieu entre avril et juin. Téhéran a annoncé que les pourparlers ne peuvent être achevés avant que le conservateur extrémiste Raisi n’assume officiellement ses fonctions début août, succédant au président sortant, Hassan Rouhani.

Lors de leur entretien dimanche, Raisi a assuré au ministre qatari des Affaires étrangères que “Téhéran attache une importance particulière à ses relations avec Doha”. Il a souligné que “les pays voisins figurent sur la liste des priorités du prochain gouvernement iranien”.

Doha avait précédemment exprimé sa volonté de faciliter le dialogue entre l’Arabie saoudite et l’Iran pour relancer leurs relations interrompues depuis 2016. Riyad et Téhéran ont récemment confirmé l’ouverture d’un dialogue médiatisé par Bagdad, avec l’espoir de parvenir à une “compréhension mutuelle”.

La visite du ministre qatari intervient également pendant que Washington achève le retrait de ses soldats d’Afghanistan, pays voisin de l’Iran, où le mouvement taliban à lancé une vaste offensive et a réussi à contrôler de nombreux territoires.

La semaine prochaine, Doha devrait conduire un nouveau cycle de pourparlers entre le mouvement et le gouvernement afghan, sachant que Téhéran a déjà accueilli ce mois-ci des représentants des deux parties et les a appelés à prendre des “décisions difficiles” pour résoudre le conflit.

Selon l’agence de presse officielle IRNA, Raisi a déclaré au ministre qatari que “le renforcement durable de la stabilité et de la sécurité dans la région dépend d’une coopération basée sur la confiance mutuelle entre les pays de la région et la prévention contre les ingérences étrangères”.

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