Négociations à Doha : Les talibans et le gouvernement afghan discutent de la fin de la guerre

Un nouveau cycle de négociations a été lancé dans la capitale qatarie, Doha, entre le gouvernement afghan et le mouvement taliban, au lendemain de l’arrivée d’une délégation de hauts responsables politiques afghans, dirigée par Abdullah Abdullah, le chef du Conseil suprême pour la réconciliation nationale. La délégation des talibans était dirigée par Abdul Ghani Baradar, le chef adjoint du mouvement.

Les deux parties se sont réunies les 16 et 17 juillet pour reprendre les pourparlers entamés en septembre 2020 et qui ont demeurés au point mort, alors que les insurgés ont pris le contrôle de nombreuses régions et poursuivent une vaste offensive contre les forces afghanes.

Abdullah Abdullah, le chef du Haut conseil pour la réconciliation nationale et chef de la délégation gouvernementale, a déclaré dans un discours prononcé lors de la cérémonie d’ouverture que les afghans traversent des jours difficiles, que des affrontements violents se poursuivent et que les principales victimes sont les civils. Il a indiqué que des réunions globales ont eu lieu entre les politiciens afghans et les chefs du gouvernement avant la rencontre de Doha, et que tous sont d’accord pour affirmer que le problème de l’Afghanistan ne peut pas être résolu par une solution militaire. Il a affirmé que tous les efforts devraient se concentrer sur une solution politique pour parvenir la fin de la guerre.

Abdullah Abdullah a déclaré que pour parvenir à une solution pacifique, les deux parties doivent faire preuve de flexibilité, ajoutant que le terrain est désormais propice à la paix et que le processus de négociation doit être accéléré pour parvenir à une solution qui satisfasse tout le monde. Il a insisté sur la solution politique et a précisé que c’est le peuple afghan qui paye les conséquence du recours à la force.

De son côté, Suhail Shaheen, membre du bureau politique des talibans, a déclaré que le mouvement ne cherchait pas à accéder au pouvoir par la force militaire, et qu’il envisageait positivement le cycle actuel des pourparlers de Doha. Il a affirmé que les talibans ont la capacité de contrôler tout l’Afghanistan, mais pour parvenir à la paix, il a appelé le gouvernement afghan à faire preuve de suffisamment de sérieux, rappelant que ce dernier avait rejeté une précédente proposition de réduire l’escalade de la violence, et soulignant que ce qui distingue le cycle actuel des pourparlers est la présence d’une délégation gouvernementale de haut niveau.

Le mollah Abdul Ghani Baradar a pour sa part déclaré que le mouvement Taliban mettra tout en œuvre pour parvenir à un résultat positif à l’issue des négociations pour la paix, déplorant l’échec des négociations commencées il y a 10 mois et qui n’ont mené à aucun progrès tangible. Il a insisté sur le fait que les talibans ne tolèreraient aucune tentative de saper l’intégrité territoriale de l’Afghanistan.

D’autre part, Hibatullah Akhundzah, le leader du mouvement taliban, a affirmé dimanche 18 juillet dans un message à l’occasion de l’Aïd al-Adha, son ferme soutien à un règlement politique du conflit en Afghanistan, malgré les progrès militaires enregistrés par le mouvement au cours des deux derniers mois. Il a déclaré : “Au lieu de compter sur des étrangers, résolvons nos problèmes entre nous et sauvons notre pays de la crise qui le frappe.”

Akhandzadeh a assuré que le mouvement taliban est déterminé à parvenir à une solution par voie de négociation, mais que le gouvernement continue à perdre du temps, notamment en annonçant une série d’engagements en cas d’établissement d’un “émirat islamique” dans le pays. Le gouvernement avait en effet déclaré : “Nous voulons avoir de bonnes et étroites relations diplomatiques, économiques et politiques avec tous les pays du monde, y compris les États-Unis. Nous assurons pleinement les pays voisins, la région et le monde, que l’Afghanistan ne permettra à personne de menacer la sécurité d’aucun pays, à commencer par ses propres terres”.

Pendant ce temps, les pays voisins s’inquiètent des développements actuels en Afghanistan. Zamir Kabulov, l’envoyé spécial du président russe en Afghanistan, a exprimé les préoccupations de son pays face à l’escalade des hostilités en déclarant : “Nous pensons que le Les talibans ne cherchent pas à s’emparer du pouvoir.” Il a relevé que les affrontements les plus importants se produisent dans les provinces du nord, limitrophes des pays d’Asie centrale, alliés et partenaires de la Russie, et estime que l’objectif des talibans était de renforcer leur position avant le début des négociations pour la paix.

Concernant les terribles conséquences du recours à la violence dans le but d’accéder au pouvoir, Zamir Kabulov a déclaré que les talibans en sont bien conscients et ne souhaitent pas mettre en œuvre un plan basé sur la violence pour y parvenir. Il a rappelé que le mouvement a à plusieurs reprises affirmé sa détermination à parvenir à la réconciliation, et que Moscou a pris des mesures pour empêcher les combats de déborder sur les pays voisins, indiquant que cette question avait été discutée avec la délégation des talibans lors de sa visite à Moscou.

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