Pour renforcer sa présence en Libye, l’Etat islamique a commencé à réorganiser ses rangs dans la région du lac Tchad, très proche de la zone frontalière libyenne, selon un rapport publié par l’Institute for African Security Studies.
Le rapport de l’institut indique que l’Etat islamique s’appuie sur un réseau complexe de communications et de routes à travers l’Afrique de l’Ouest et du Nord, pour faciliter les mouvements des terroristes, et que l’organisation a prévu de faire venir environ 120 nouveaux éléments des pays d’Afrique de l’Ouest vers la région du bassin du lac Tchad, dans le but d’entrer sur le territoire libyen et de coopérer avec les dirigeants dans le sud de la Libye qui connaît une montée des activités terroristes. Le rapport des Nations Unies de juin 2021 a indiqué que la région du lac Tchad comptait environ 3 500 éléments de l’Etat islamique.
Selon l’Institute for Security Studies et un rapport publié par le Mogadiscio Center for Political Studies, l’Etat islamique a proposé la création de quatre États dans la région de Borno au nord-est du Nigeria, pour superviser ses activités dans la région du lac Tchad ainsi qu’à l’extérieur.
Cette proposition a été soumise à Boko Haram en juin 2021. Selon le plan qui vise à mettre en place de nouveaux Etats dans la région du lac Tchad, de Sambisa, de Tombouctou et de Tomboma, chaque région aurait son propre dirigeant et les quatre États seraient sous le contrôle de l’Etat islamique dirigé par Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurashi.
Selon un rapport du ministère tchadien de la Défense, les services de sécurité tchadiens ont pu appréhender un groupe de jeunes hommes pendant qu’ils s’infiltraient dans le sud de la Libye pour rejoindre l’opposition tchadienne qui comprend des factions terroristes, et qui est stationnée dans certaines zones du sud de la Libye, profitant de l’instabilité sécuritaire dans cette région.
La police tchadienne a déclaré que les mouvements affiliés à l’Etat islamique et à d’autres groupes terroristes sont actifs entre le sud de la Libye et les pays voisins, jusqu’au Nigeria, et que l’Etat islamique cherche actuellement à entrer en compétition avec la France et l’Italie pour obtenir une partie du territoire libyen, notamment le sud du pays.
Selon une étude menée par Ibrahim Heiba, l’un des plus importants groupes armés tchadiens présents en Libye est le Mouvement pour la démocratie et la justice, entièrement composé de membres issu du peuple Toubou, un groupe ethnique habitant le nord du Tchad. La plupart de ses membres ont été déplacés pour travailler dans le sud de la Libye en tant que militants se prétendant libyens et semant la confusion dans cette région. Le gouvernement libyen avait emprisonné un grand nombre d’entre eux à la demande du gouvernement tchadien, et continue jusqu’à présent à lancer de fréquentes attaques militaires contre eux.
Il y a également les Forces armées révolutionnaires du Sahara qui font partie des groupes armés tchadiens du sud de la Libye. Ce mouvement est également composé d’élément du peuple Toubou et s’est déplacé en 2011 pour travailler dans le sud de la Libye. Ses dirigeants les plus connus sont Wardko Al-Mahdi, délégué d’un bataillon appelé “Bouclier du désert” situé dans le sud de la Libye, et parmi les cadres terroristes de ce bataillon se trouvent Baraka Wardko, son frère Mohamed Wardko et Mohamed Sando.
L’analyste politique libyen, Magdi Ismail, a déclaré qu’au cours des trois derniers mois, précisément depuis le mois de mai, l’Etat islamique a réussi à rétablir efficacement ses rangs dans la région sud de la Libye et a lancé un grand nombre d’opérations terroristes avec l’aide de groupes affiliés aux Frères musulmans présents dans le pays.
Il a ajouté dans un communiqué au journal “La Référence”, que grâce à l’activité de l’Etat islamique dans le sud de la Libye, l’organisation tente de se mobiliser pour revenir au Tchad avec plus de force, ce qui met les territoires libyens en grand danger.
