En Allemagne, la Confrérie des Frères musulmans a réussi à construire un empire puissant grâce aux nombreuses institutions qu’il a créées en exploitant les lois relatives à la liberté de culte. C’est à travers ses institutions que le groupe tente de nuire à la stabilité de l’Egypte depuis la révolution de juin 2013 qui a mis fin au règne des Frères musulmans dans le pays.
La multinationale des Frères musulmans a utilisé ses différentes branches européennes pour monter l’opinion mondiale contre l’Égypte, en propageant des thèses contre-factuelles sur les raisons qui ont mené au renversement du président des Frères islamistes Mohamed Morsi, sans jamais évoquer le rôle de la force populaire égyptienne qui a massivement rejeté dictat de la confrérie.
Comble de l’ironie, la Confrérie basée en Allemagne accuse l’administration de l’État égyptien d’avoir porté atteinte aux droits de l’homme et aux normes politiques de l’ère moderne en destituant Mohammed Morsi pour des raisons de conflits d’intérêts en interne. L’implication de Morsi dans des affaires d’espionnage majeures et des crimes terroristes est en revanche passée sous silence.
Morsi a du répondre à de nombreuses accusations dans le cadre d’un procès légal, dont les événements d’Al-Ittihadiya, lorsque les opposants avaient assiégé le palais présidentiel suite à une déclaration constitutionnelle de Morsi ou il s’était donné une autorité exclusive. Dans ce contexte très tendu, les dirigeants de la Fraternité ont demandé à leurs partisans de descendre pour affronter les opposants, ce qui a entraîné des heurts qui ont fait des dizaines de morts en novembre 2012.
En octobre 2016, la Cour de cassation a condamné Mohammed Morsi à 20 ans de prison pour haute trahison pour avoir, entre autre, divulgué des informations classées secret-défense à la République islamique d’Iran.
Le groupe s’est servi de son influence en Allemagne pour provoquer une brouille politique entre Berlin et Le Caire. Il a tenté de faire pression sur le gouvernement allemand afin qu’il appelle à la libération de Morsi, mais l’autorité égyptienne a fait la sourde oreille et a poursuivi sa mission de répression contre la Confrérie et ses entités. Puis la relation entre l’Egypte et l’Allemagne s’est renforcée, notamment à l’occasion de la conférence sur la sécurité de Berlin en janvier 2020, et également autour d’autres dossiers d’intérêt commun.
Les frères musulmans ont choisi d’ignorer les crimes sanglants dont l’Egypte a été témoin pour ne mettre en avant que l’injustice du coup d’Etat porté contre leur leader égyptien. En 2015, ils ont misé sur les classes populaires en Allemagne pour mobiliser à Berlin des manifestants sortis exprimer leur colère face aux changements politiques en Égypte.
Classé comme organisation terroriste dans un certain nombre de pays du Moyen-Orient, le groupe provoque ces événements pour manifester son opposition au Caire, mais surtout pour affirmer sa présence. L’organisation ne semble pas véhiculer une idéologie politique mais se base systématiquement sur la violence pour arriver à ses fins, ce qui a été clairement démontrée dans les déclarations de Mohammad al-Beltaguy sur le lien entre les opérations terroristes dans le Sinaï et le retour au pouvoir de Morsi.
Le danger que représente l’influence des Frères musulmans en Europe pour les pays du Moyen-Orient qui s’y opposent est en train d’atteindre Berlin et d’autres capitales européennes. Bien que le groupe véhicule l’idéologie radicale la plus dangereuse, il sait rester en cohérence avec les lois et les valeurs des sociétés dans lesquelles il s’insinue tant qu’il n’a pas atteint ses objectifs.
En mai 2021, le gouvernement allemand a interdit l’organisation internationale “Ansar” en raison de ses relations avec des groupes terroristes qui collectent des dons pour son compte, ce qui a conduit certains à exiger l’application de la même procédure sur la Confrérie.
