Le rôle des “Sœurs musulmanes” avant et après la révolution égyptienne de 2013

Après la révolution égyptienne du 30 juin 2013, la Confrérie des Frères musulmans s’est principalement appuyée sur sa composante féminine pour les manifestations et les actions sociales. Les femmes ont été largement exploitées pour semer le chaos durant cette période troublée. Sous les directives de la haute hiérarchie, elles ont été placées au premier rang des manifestations menées après la dispersion du sit-in armé de la Confrérie sur les places Rabaa Al-Adawiya et Nahdet Masr, et étaient chargées de former des chaînes humaines pour bloquer les routes lors des manifestations post-révolution.

Les filles ultra-révolutionnaires

Fin 2013, un groupe terroriste composé de “Sœurs musulmanes” avait annoncé, sous les directives du groupe, son souhait de créer une association appelée “Ultras Revolutionary Girls”. L’objectif de cette association composée de sympathisantes de la Confrérie, était d’organiser des événements au cours desquels elles porteraient “le masque de l’anarchie” (ses adeptes appellent à former des sociétés sans autorité), et allumeraient des flammes dans les quartiers résidentiels et sur les lieux des manifestations menées par le groupe après la dispersion des sit-in.

Ces ultras étaient principalement des anciennes étudiantes de l’Université Al-Azhar, qui ont été expulsées de la faculté pour y avoir mené des opérations de sabotage et pour avoir organisé des manifestations de soutien aux Frères musulmans, enfreignant tous les règlements universitaires égyptiens.

L’aile féminine de la Confrérie

A cette époque, Asmaa Abdel Latif, la fondatrice de l’association des ultras, avait annoncé que le groupe ciblait les filles âgées entre 12 et 22 ans.

Dans une vidéo publiée sur la page “Ultras Revolutionary Girls”, elle a déclaré que leur mouvement était un “mouvement de femmes pacifiques”, puis a annoncé son adhésion à “l’Alliance révolutionnaire des femmes égyptiennes”, l’aile féminine de la Confrérie.

Au cours des dernières années, la Confrérie a pu utiliser sa branche féminine à de nombreuses occasions pour tenter de semer le chaos et d’attirer l’opinion publique. En 2013 lors des manifestations qui ont eu lieu à Mansoura après la révolution et qui ont vu des affrontements entre manifestants et forces de police, d’autres manifestations avaient été organisées en parallèle par les femmes de l’organisation à Alexandrie. Durant ces manifestations qui ont duré une semaine entière, les Sœurs musulmanes ont appelé les citoyens à provoquer le chaos et ont exigé le retour du président des Frères musulmans déchu, Mohammed Morsi.

L’historique

Le 26 avril 1933 à Ismaïlia, la Confrérie annonce la création du premier Département pour les Sœurs. Le Bureau d’Orientation décide ensuite de former une Division de Sœurs Musulmanes affiliée au Centre Général, chargée de superviser tous les groupes de Sœurs en Egypte.

A l’époque, Hassan Al-Banna, le fondateur du groupe, avait choisi Labiba Ahmed pour diriger cette équipe. Le chef du département était le Cheikh Abdul Latif Al-Shashai et l’équipe était supervisée par le bureau d’orientation.

Cependant, selon l’historien de la Confrérie, Jumaa Amine, la présence des femmes dans l’organisation n’est apparue en tant que “section féminine” qu’en 1937, lorsque des réunions ont été organisées pour toutes les femmes musulmanes dans le centre public d’Ataba et de Helwan. A cette époque, des nouvelles concernant ces réunions étaient publiées régulièrement dans le magazine hebdomadaire de la Confrérie.

Plus tard, les femmes de la Confrérie ont commencé à donner des conférences, ce qui a provoqué la colère de certains hommes de la Confrérie à tendance salafiste. Afin de ne pas aggraver la crise, Hassan Al-Banna est intervenu en publiant un nouveau règlement en 1944, mettant fin à la polémique à l’article (3), paragraphe (A) ou il énonce : “Il sera choisi pour superviser cet aspect de l’activité de la Division, un frère pieux, connu du peuple pour ses mœurs solides, et dont les actions ou leur interprétation ne laissent aucune place au doute.”

Et à l’article (3), paragraphe (g) : “Il est strictement interdit de former des organes administratifs indépendants pour les femmes, afin qu’elles ne s’encombrent pas de problématiques inutiles qui n’apportent rien de bon. Au contraire, elles profiteront pleinement des leçons afin de les appliquer dans leurs foyers, sur leurs enfants, leurs sœurs et leurs frères, et servir leurs idées en les diffusant hors de leurs foyers, parmi leurs amies et leurs proches […]”

Le travail d’organisation de la Section féminine demeurait exclusivement masculin. Le rôle des femmes se limitait à regrouper d’autres femmes pour les inciter à assister aux réunions publiques.

Post-fondation

Selon l’historien Jumaa Amine, le rôle des Sœurs dans les années 1930-1950 était de préparer la femme à devenir une bonne épouse compatible avec un Frère musulman. Les actions secrètes armées de la Confrérie ont commencé dans les années 1950 et 1960. C’est là que le rôle des femmes a changé. Leurs missions consistaient à prendre en charge les familles des prisonniers et à organiser les visites. Quand les activités de la Fraternité sont devenues informelles dans les années 1970, les femmes ont été remises au placard. Leur seule mission consistait à appeler les femmes à se voiler.

Dès le retour de la Confrérie dans les années 1980, le Département des Sœurs a été réorganisé sur la base du règlement de 1978, approuvé en 1984, qui autorise le travail des femmes de la Confrérie mais sous la pleine tutelle de leurs collègues masculins. Avec l’expansion de la Confrérie dans les années 1990 et au début des années 2000, les femmes ont commencé à mobiliser d’autres femmes pour voter, à se présenter devant les comités pour faire connaître leurs candidats et à consacrer plus d’efforts au domaine associatif.

Ensuite, la Confrérie a commencé à créer des sous-comités tels que le Comité Al-Zahrat (les fleurs) qui s’occupe des petites filles en bas âge, le comité consacré aux élèves des niveaux préparatoire et secondaire, et le Comité universitaire chargé des jeunes femmes qui ont intégré l’université.

Ces activités se sont poursuivies jusqu’à ce que le groupe entre en conflit armé direct avec l’État en 2013.

Les Sœurs de 2013

Durant cette période, le groupe terroriste a employé les femmes pour se livrer à des actions de violence dans les rues lors des manifestations. Il les a même utilisées comme boucliers humains et les a délibérément mises au premier plan.

Le rôle organisationnel des femmes de la Confrérie a changé au sein du groupe depuis 2013, plus précisément depuis le début du sit-in de Rabaa al-Adawiya la même année. À cette époque, la Confrérie utilisait les femmes comme boucliers humains face aux forces de sécurité, selon le témoignage de la Sœur dissidente de l’époque Ezzat Afifi, qui a confirmé dans son témoignage que le groupe tenait à se servir des femmes dans les manifestations et les sit-in face à la sécurité pour gagner la sympathie des citoyens.

Le rôle le plus important confié aux femmes de la Confrérie était l’organisation de manifestations à grande échelle et la collecte de dons pour prendre soin des familles des individus emprisonnés dans le cadre d’affaires de terrorisme, ainsi que la gestion des fonds reçus de l’étranger pour le compte d’œuvres caritatives que la Confrérie utilisait comme couverture. Elles étaient également chargées de transférer des informations entre les dirigeants emprisonnés et des membres de la Fraternité résidents à l’étranger pour les aider à mener des opérations terroristes, et de transporter des armes entre certaines provinces et villes car en tant que femme, il est plus facile de duper les forces de l’ordre.

Les Comités électroniques

Les enquêtes menées par le parquet suprême de la sécurité de l’État ont révélé qu’après 2013, la mission principale des femmes était de mener des campagnes de propagande sur internet, dans lesquelles elles s’emploient à répandre rumeurs et sédition.

Les enquêtes autour de l’affaire n° 485 de 2015, connue dans les médias comme l’affaire des “comités électroniques d’informations des Frères musulmans”, avaient révélé un accord conclu entre les dirigeants de l’organisation ayant fui à l’étranger, destiné à reformuler les termes du plan de l’organisation à l’intérieur et à l’étranger, pour attiser la sédition et la révolte contre les institutions de l’État et les établissements publics dans le but de renverser le régime. Plusieurs femmes ont été accusées dans le cadre de cette affaire, notamment Isra Al-Taweel.

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