L’Iran exploite la pauvreté pour recruter des syriens dans ses milices

Un rapport syrien sur les droits de l’homme a affirmé que l’Iran exploitait la crise économique pour “consolider sa pénétration” à l’ouest de l’Euphrate, dans la campagne d’Alep et dans les zones entre Damas et la frontière du Liban, en recrutant des jeunes syriens dans ses milices. A noter que le nombre de miliciens iraniens à l’ouest de l’Euphrate a atteint 25 000 membres, dont une dizaine de milliers de Syriens.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme a déclaré le 3 avril que “les milices pro-iraniennes avaient fourni des renforts militaires le 2 mars. Trois bus sont arrivés d’Irak transportant des membres du quartier général de la milice (Sayyid al-Shuhada) dans le village d’Al-Hari, situé dans la campagne d’Albu Kamal à la frontière syro-irakienne à l’est de Deir Ezzor. Les éléments de ce convoi avaient suivi un entraînement militaire mené par les milices le 7 du mois dernier, causant de violentes explosions dans le désert d’Al-Mayadin à l’est de Deir Ezzor, dans le cadre d’un entraînement à balles réelles dans plusieurs zones de la Badia Al-Mayadin, dont la plus importante est la zone des fermes. Des armes lourdes dont des obus, ont été utilisées dans les exercices supervisés par les chefs des gardiens de la révolution et de la brigade “Fatemiyoun”.

À la fin du mois de mars, une nouvelle cargaison d’armes appartenant aux milices pro-iraniennes a été signalée dans la région d’Al-Mayadin. Trois camions transportant des fruits et des légumes en provenance d’Irak sont entrés pour se rendre dans un premier temps au marché “Al-Hal” à Al-Mayadin pour y décharger la marchandise, et ainsi détourner l’attention. Les camions sont ensuite repartis vers la zone des fermes, ou se trouve le plus grand rassemblement de milices dans la région d’Al-Mayadin. Les armes ont été déchargées dans des tunnels creusés auparavant par l’Etat islamique, désormais utilisés par les milices pro-iraniennes pour stocker des armes et des munitions.

La zone à l’ouest de l’Euphrate est témoin de mouvements commerciaux continus entre l’Irak et les milices iraniennes, tandis que les passages légaux et illégaux entre la Syrie et l’Irak à l’ouest de l’Euphrate témoignent d’entrées et de sorties quotidiennes de camions chargés de légumes, de fruits et autres marchandises. L’Observatoire a déclaré que “les milices iraniennes avaient à plusieurs reprises exploité ces mouvements commerciaux pour introduire des cargaisons d’armes dans leurs zones grâce à des camions chargés de fruits et légumes, mais que cela ne signifie pas que chaque camion qui transite par ce chemin est chargé d’armes et de munitions”.

Vers mi mars, des armes et des munitions ont été stockées dans le château archéologique d’Al-Rahba à proximité de la ville d’Al-Mayadin dans la campagne orientale de Deir Ezzor. L’Etat islamique avait l’habitude de stocker ses armes dans les sous-sols et les caves du château à l’époque ou il contrôlait la région, qui est désormais exploitée par les milices affiliées à l’Iran. Le château étant vaste et fortifié, cet emplacement a été choisi par crainte des prises répétées de leurs sites et de leurs centres de stockage d’armes.

Pendant ce temps, l’Iran continue de “consolider” sa présence dans les zones de la rive ouest de l’Euphrate, de Al-Mayadin à la ville stratégique d’Albu Kamal à la frontière syro-irakienne, ou il procède au recrutement de jeunes hommes, profitant de la pauvreté et des conditions de vie. D’autres fois, il confisque ou achète des biens immobiliers à des propriétaires déplacés vers d’autres zones des territoires syriens, ou exilés à l’étranger.

L’Observatoire a déclaré : “Les patrouilles de la sécurité militaire ont averti les habitants d’une cinquantaine de maisons de la ville d’Albu Kamal qu’ils devaient les évacuer dans un court délai. Ces maisons reviennent à des personnes opposées au régime syrien qui ont participé au mouvement révolutionnaire au début de la révolution syrienne, et qui ont été expulsés de la ville d’Albu Kamal après sa prise par l’Etat islamique puis par les Iraniens. L’avertissement aux habitants est survenu à la demande de ce qu’ils nomment “le bureau des amis” , qui est directement affilié aux Gardiens de la révolution iranienne. Ces derniers ont demandé à leur tour aux forces de la sécurité militaire de remettre les avis aux résidents des maisons qui seront confisquées au cours de la semaine prochaine, ces maisons étant parfois occupées par des parents des propriétaires.”

Le 12 mars 2021, des groupes affiliés à la milice “Abu Fadl Al Abbas” ont saisi la station-service d’Al-Qalaa située dans la région d’Al-Bal`oum à la périphérie d’Al-Mayadin. Le 22 mars, les milices pro-iraniennes ont confisqué un grand nombre de magasins et de maisons dans la ville d’Al-Mayadin. L’Observatoire a poursuivi : “Les milices pro-iraniennes continuent d’œuvrer pour attirer de jeunes hommes et de jeunes femmes de la région occidentale de l’Euphrate, dans une exploitation claire et explicite de l’extrême pauvreté, des mauvaises conditions de vie et de l’effondrement catastrophique de l’économie.” Selon des sources, le nombre de personnes recrutées par les milices pro-iraniennes dans la région occidentale de l’Euphrate est porté à 9 850. Il est également mentionné que le nombre d’iraniens et de milices affiliées de nationalités syriennes et autre, a dépassé 25000 individus.

Les zones syriennes de la campagne de Damas, à proximité de la frontière libanaise, sont témoins d’une activité continuelle des milices pro-iraniennes dirigées par le Hezbollah, le dirigeant “de facto” de la région. Le Hezbollah procède régulièrement à l’achat de terres situées sur la bande frontalière entre les deux pays. L’Observatoire a affirmé: “Ces milices ont jusqu’à présent acheté plus de 200 terres dans la région de Zabadani, et pas moins de 305 terres dans la région frontalière de Tafil, qui était devenue un village de prestige légendaire grâce à une série télévisée syrienne. Il a également acquis et confisqué 120 appartements et villas.”

Près d’Alep, les milices iraniennes locales et étrangères affichent le même rythme croissant dans le processus d’achat de biens immobiliers dans différents quartiers de la ville, profitant des conditions de vie désastreuse des citoyens. Elles continuent à s’approprier les maisons et les magasins des quartiers Est d’Alep, que beaucoup d’habitants ont déserté il y a des années, “comme s’il s’agissait d’un simple changement démographique dans la région”, a noté l’Observatoire qui a ajouté : “Les milices pro-iraniennes dirigées par l’Afghani (Brigade Fatemiyoun) continuent de s’étendre et de s’infiltrer dans la campagne d’Alep à travers le processus de recrutement. Le nombre de conscrits est passé à environ 645 depuis la montée des opérations de recrutement début février 2021.”

L’observatoire a indiqué qu’une “association caritative” travaillait à attirer les jeunes de la ville de Homs et de ses gouvernorats avec des salaires mensuels, afin de les recruter militairement pour le compte des milices affilées à l’Iran pour “défendre et surveiller l’oléoduc iranien qui s’étend de l’Irak à Homs, et protéger la ligne reliant la frontière syro-irakienne au gouvernorat de Homs”.

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