L’extrémisme à l’ère d’Internet : Les défis de la propagande terroriste (Partie I)

Depuis les années 1980, internet est devenu l’outil de communication incontournable pour atteindre un public qui ne cesse de croître dans toutes les régions. Mais c’est également ce qui a permis aux organisations extrémistes et terroristes de renforcer leur influence, de simplifier le recrutement, le financement, la propagande, l’incitation aux actions criminelles…

Au cours des 50 dernières années, l’extrémisme religieux s’est intensifié pour atteindre un point critique en 2014, lorsque l’Etat islamique a annoncé la création d’un “Califat”. Malgré les revers militaires successifs dont l’Etat islamique et Al-Qaïda ont souffert, chacun a su faire preuve d’une grande flexibilité. Ces groupes se sont efforcés de contourner les méthodes traditionnelles de propagande en ayant recours au développement des technologies modernes via Internet, de sorte que la propagande djihadiste continue à se répandre et à prospérer.

Par conséquent, la lutte contre la propagande extrémiste est devenue plus complexe et les initiatives pour renforcer les mécanismes de protection de la société nécessitent plus d’efforts et de savoir faire, comme cela a été confirmé par l’étude conduite par les chercheurs Mahfouz Bin Hajj Halimi et Muhammad Shah Bin Sulaiman, et publiée en janvier 2021 par le Centre international de recherche sur la violence politique et le terrorisme, un centre spécialisé dans les études antiterroristes, affilié à la Rajaratnam School of International Studies RSIS de l’Université technologique de Nanyang à Singapour.

L’extrémisme religieux à travers le temps

Les tendances de l’extrémisme religieux se sont intensifiées au cours des cinq dernières décennies et semblent bien ancrées dans le temps. Dans les années 1960 et 1970, les groupes extrémistes représentaient de petits groupes marginaux opérant à l’intérieur des frontières nationales des pays. Aujourd’hui, ce sont des multinationales qu’ils administrés à travers des réseaux vastes et élaborés de partisans et de bases à travers le monde.

La propagation de l’idéologie extrémiste de l’ère pré-Internet reposait sur les prêches des prédicateurs et quelques simples documents imprimés. En termes d’objectifs, les groupes djihadistes cherchaient à éradiquer les musulmans libéraux, les réformistes et les dirigeants que ces groupes considèrent comme des “apostats”. Aujourd’hui, le djihad s’est étendu aux chrétiens, aux juifs et à bien d’autres.

Leurs attaques sont également passées du coup de couteau aux appareils militaires sophistiqués déployés à grande échelle et aux frappes coordonnées, capables de provoquer des dégâts de l’ampleur des attentats du 11 septembre. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils ont totalement abandonné les mécanismes traditionnels. Faute de moyens ou d’affiliation à un groupe organisé, certains ont encore recours aux coups de poignard distribués sauvagement et de façon aléatoire, comme on l’a souvent vu dernièrement au Royaume-Uni, en France et en Autriche.

Même l’ambition d’établir un État islamique ou de refonder un Califat, une idée qui auparavant semblait utopique, est à présent devenue un véritable objectif qu’il convient de prendre au sérieux. L’Etat islamique l’a prouvé par la saisie de vastes superficies de terres au Moyen-Orient entre 2014 et 2017. L’expansion territoriale reste un objectif majeur, comme en témoignent les opérations de l’organisation aux Philippines et dans ses nombreuses succursales en Afrique de l’Est et de l’Ouest.

Une menace facilitée par le contexte actuel

L’Etat islamique et Al-Qaïda sont à l’heure actuelle les organisations terroristes les plus importantes, et malgré les efforts continus de la communauté internationale pour les éliminer, elles continuent tout de même à séduire, car l’idée d’une renaissance à travers un Califat ou un Etat islamique a fait son chemin dans certains esprits pour qui cette idéologie reste toujours attrayante. Ces organisations qu’on nous dit avoir “affaiblies” sont bel et bien d’actualité.

Même la crise sanitaire du Covid-19 est exploitée à leur profit. Ils sont conscients que la récession due au ralentissement de l’activité économique a détourné l’attention des forces de sécurité vers d’autres urgences et a compliqué la lutte antiterroriste, leur rendant le champ libre pour mieux s’organiser et agir.

En parallèle, la menace générale est exacerbée par la montée des groupes d’extrême droite et la rhétorique anti-islam en Occident, favorisant parmi les individus les plus vulnérables dans les sociétés musulmanes, un sentiment commun d’hostilité et de griefs à l’égard des États-Unis et de l’Occident en général.

Traduction : “Nous continuerons à nous battre et à briser les frontières et nous envahirons vos maisons un jour”

Faire face à la distorsion de la croyance religieuse

Pour préserver les sociétés de la mauvaise interprétation des textes religieux, il est nécessaire d’identifier les principaux thèmes de propagande sur lesquels Daech et d’autres extrémistes s’appuient pour convaincre leurs partisans et mobiliser leurs troupes.

L’un des éléments clé de cette propagande est l’interprétation des textes religieux, comme l’appel au djihad armé pour fonder un Califat ou la justification de la haine de l’autre. L’organisation a même utilisé la pandémie du Coronavirus pour brandir des texte interprétés à leur façon sur “la fin des temps”.

Un djihad armé et la création d’un “Califat”

Le djihad armé dans le but d’établir un Califat est l’une des idées que l’Etat islamique et ses adeptes ont toujours promue, et c’est devenu une ambition commune pour de nombreuses organisations dangereuses. Pour elles, le djihad armé est le seul moyen d’imposer un état islamique ou un Califat, et ces derniers offrent le seul système juridique basé sur la charia. Cet objectif a été à l’origine de nombreux attentats terroristes partout dans le monde.

Pour combattre efficacement cette propagande, il serait nécessaire de procéder à une mise à jour dans les sociétés musulmanes en commençant par multiplier les communications sur une interprétation “propre” des textes religieux, seul moyen de persuader les plus faibles et les moins instruits qu’il n’existe aucune légitimité religieuse à mener le djihad armé et à établir un État islamique. Le terme “djihad” lui même, qui fait référence dans les textes au principe de l’autodéfense, a été manipulé pour justifier religieusement des guerres injustifiables politiquement.

La haine de l’autre

Une grande partie de la propagande de Daech sert à persuader leurs partisans de haïr ceux qu’ils appelles les “ennemis de l’islam”, à savoir les non-musulmans et les “apostats” qu’il faut combattre partout ou ils se trouvent, y compris dans leurs propres pays.

Les magazines “Dabiq” et “Roumieh” de l’Etat islamique sont d’ailleurs basés sur des phrases sorties de leur contexte qui visent à diviser l’humanité. Dans leur interprétation, il y a les musulmans (pratiquants), et il y a les autres. Peu importe pour eux les passages coraniques qui prônent la paix et la miséricorde et condamnent la discrimination et le meurtre, quel qu’il soit.

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