L’Iran, dont l’activité économique est fortement altérée en raison des sanctions américaines pour non respect de l’accord de Vienne, n’a cessé de réclamer la levée de toutes les sanctions imposées depuis 2018 par l’administration Trump avant de revenir à ses engagements, exigeant de Washington de faire le premier pas et menaçant d’abandonner d’autres engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015.
“Téhéran annulera immédiatement ses mesures de rétorsion si l’administration Biden lève sans condition toutes les sanctions imposées, réimposées ou rebaptisées par Trump”, a tweeté Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères.
L’Union européenne a récemment mis en garde les iraniens contre leur intention de restreindre à partir du 21 février, l’accès des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) aux installations non nucléaires, y compris les sites militaires suspectés d’avoir une activité nucléaire. Une initiative jugée “dangereuse” par l’UE et les États-Unis qui on appelé l’Iran à peser “les conséquences d’une mesure aussi grave, en particulier dans ce moment opportun pour un retour à la diplomatie”.
Les États-Unis et les États membres s’inquiètent également de la décision iranienne de produire de l’uranium enrichi à 20 % et de l’uranium métallique. Cette production représente une “étape-clé dans le développement d’une arme nucléaire”.
La dernière menace iranienne en date semble avoir relativement porté ses fruits. Les États-Unis ont décidé depuis hier de procéder à quelques gestes d’ouverture envers l’Iran en intensifiant le dialogue en vue d’un retour à l’accord de 2015.
A l’issue d’une conférence virtuelle, les ministres américain Antony Blinken, allemand Heiko Maas, français Jean-Yves Le Drian, et britannique Dominic Raab, ont exprimé dans un communiqué leur objectif de “voir l’Iran revenir au plein respect de ses engagements” de 2015, afin de “préserver le régime de non-prolifération nucléaire et garantir que l’Iran ne puisse jamais acquérir une arme nucléaire”.
A la demande de l’Union Européenne, Washington a consenti à se joindre aux représentants diplomatiques français, allemands, anglais et américains, pour relancer les négociations à travers une réunion virtuelle.
“Les États-Unis acceptent une invitation du haut représentant de l’Union européenne à une réunion du P5+1 (États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie et Allemagne) et de l’Iran pour évoquer la meilleure façon d’avancer concernant le programme nucléaire iranien”, a annoncé Ned Price, le porte-parole du département d’État.
L’administration Biden a fait plusieurs gestes pour démonter sa bonne volonté, dont la révocation de la décision unilatérale de Donald Trump sur un retour de sanctions internationales contre l’Iran. Une décision qui avait été jugée nulle et non avenue par la majorité des membres du conseil de sécurité.
Un responsable américain qui a souhaité garder l’anonymat a déclaré : “Aujourd’hui, il s’agit de prendre des mesures diplomatiques pour voir si nous pouvons arriver à l’objectif du président Joe Biden d’une remise en route de l’accord de Vienne.”
Selon une annonce d’hier de la diplomatie américaine, Washington a également pris la décision de réduire les limitations imposées aux déplacements des diplomates iraniens auprès de l’ONU à New-York. Ces restrictions mises en œuvre par Donald Trump, imposaient aux diplomates iraniens, y compris au chef de la diplomatie, de se tenir à quelques rues du siège de l’ONU et de respecter un trajet très précis de et vers l’aéroport JFK. Ils sont à nouveau libres de se déplacer librement à New-York.
“L’idée est de prendre des mesures pour supprimer les obstacles inutiles à la diplomatie multilatérale en modifiant les restrictions sur les voyages intérieurs qui ont été extrêmement restrictives”, a commenté un responsable du département d’État.
“L’accord (de 2015) est moins que jamais mis en œuvre, mais pour la première fois depuis plus de deux ans, on a un consensus politique de toutes les parties initiales sur l’objectif politique commun, et les Américains disent : ça doit commencer par une discussion”, a déclaré une source diplomatique française.
Rafael Grossi, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique basée à Vienne, se rendra demain à Téhéran pour “trouver une solution mutuellement acceptable” selon une annonce de l’AIEA.