L’étau se resserre sur la relation du Hezbollah avec Damas

Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, a tenté dans un discours du 9 janvier de mettre la pression au régime syrien en insistant sur la nécessité de faire la lumière sur la double explosion du port de Beyrouth le 4 aout 2020. Quelques jours plus tard, la chaîne al-jadeed révèle l’implication de 3 hommes d’affaires proches de Bachar al-Assad, responsables de l’importation de 2700 tonnes de nitrates d’ammonium au port de Beyrouth. Deux jours après, une rumeur selon laquelle une quantité de nitrate d’ammonium aurait provoqué une explosion dans la banlieue sud de Beyrouth, provocant des morts parmi les responsables du Hezbollah, a été largement propagée et même relayée par certains médias. Les milieux proches du Hezbollah ont interprété cette rumeur comme un avertissement de la part du régime syrien, si le parti religieux persistait à l’accuser de l’explosion du 4 aout. Récemment, le Hezbollah avait également accusé Damas de contrebande de mazout et de médicaments au profit du régime syrien, au dépens des libanais qui en ont le plus besoin.

Les contacts diplomatiques entre la Syrie et Israël par le bais de Moscou ne sont pas fait pour améliorer la relation déjà compliquée entre l’axe Hezbollah-Téhéran et le régime syrien. C’est Jusoor for Studies, un centre d’études syrien basé en Turquie, qui a diffusé le 18 janvier l’information concernant la réunion syro-israélienne à la base aérienne russe de Hmeimim. L’Iran voit le rapprochement entre les deux pays en guerre comme une menace contre son influence en Syrie et au Liban qui lui assure une voie d’accès à la Méditerranée. Les sources diplomatiques russes affirment que cette réunion qui était effectivement prévue, n’a finalement pas eu lieu en raison de la fuite médiatique “délibérée” de l’information, et accusent l’Iran d’en être à l’origine. Les mêmes sources affirment que Israël et la Syrie échangent depuis quelques années, par le biais de Moscou et en présence d’officiers des Nations Unis, au sujet de la situation dans le secteur du Golan, dans le but de soustraire cette zone à l’influence iranienne.

Le Hezbollah de son côté, reconnait quelques divergence de point de vue avec le régime syrien mais nie tout conflit les opposant. Selon Nasrallah, sa stratégie serait plutôt complémentaire avec celle de Damas. Il soutient également que la Russie a besoin des forces iraniennes en Syrie, alors que les deux pays ne partagent pas vraiment les mêmes visions stratégiques. L’Iran reproche notamment à Moscou sa position favorable concernant les nombreux raids israéliens contre les troupes iraniennes basées en Syrie.

Selon toute vraisemblance, l’Iran compte sur la reprise des négociations avec les Etats-Unis sous la nouvelle administration de Joe Biden. Un proche de la formation Chiite affirme que Téhéran s’efforcera de faire déboucher les pourparlers sur la situation qui prévalait sous Barak Obama. C’est dans ce contexte que le chef du Hezbollah réfute toute intention d’accuser Damas de contrebande ou d’implication dans la double explosion du port de Beyrouth, car selon lui, de telles accusations ne pourraient que le desservir.

L’Iran a beau afficher une version minimisée de ses conflits avec la Syrie, la réalité est moins simple. Le régime iranien et le Hezbollah soupçonnent le régime syrien de fournir des informations permettant aux israéliens de mieux cibler leurs objectifs en Syrie. Des sources diplomatiques occidentales et orientales estiment qu’à la veille de la présidentielle syrienne, Bachar al-Assad aurait tout intérêt à se distancier des iraniens pour rallier à sa cause les pays arabes et occidentaux. Pour l’instant, la partie n’est pas gagnée.

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