“La charte des principes pour l’Islam de France” ne fait pas l’unanimité auprès des représentants du culte musulman

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a présenté sa “charte des principes pour l’Islam de France” au président de la République Emmanuel Macron le lundi 18 Janvier. Cette charte qui comporte dix articles qui ont vocation à “encadrer l’éthique et les règles déontologiques qui devront structurer le fonctionnement” du futur Conseil national des imams, a été signée par cinq fédérations sur les neuf qui composent l’instance. Une avancée saluée par Emmanuel Macron qui y voit un “engagement net et précis en faveur de la République”.

Mais trois fédérations, dont deux proches de la Turquie, refusent d’apposer leurs signatures. Il s’agit du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), la Confédération islamique Milli Görus et Foi & Pratique. Ces trois fédérations ont exposé leurs raisons le 20 janvier et réclament un amendement de la charte.

“Nous prenons acte de la présentation de la charte (…) au président de la République. Nous regrettons que cette charte ait été signée, d’une part avant d’avoir obtenu l’approbation de toutes les composantes du CFCM – conformément au principe de consensus qui a été respecté au sein de cette institution jusqu’à aujourd’hui – d’autre part sans aucune consultation des imams qui sont les premiers concernés, ni des CRCM et CDCM (Conseils régionaux et départementaux du culte musulman)”, expliquent les représentants dans un communiqué.

Les trois fédérations ne reconnaissent pas leurs principes dans le contenu de la charte et estiment que certains passages portent “atteinte à la dignité des musulmans”. “certaines déclarations portent atteinte à l’honneur des musulmans, avec un caractère accusatoire et marginalisant”, écrivent-elles. Elles ajoutent : “Afin d’adopter cette charte, nous devons nous reconnaître dans son contenu. Il ne serait pas utile de signer un texte que notre communauté ne peut accepter sereinement.”

Des propos que le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, a qualifié “d’accusatoires et non constructifs”, notamment au sujet de la supposée atteinte à la dignité des musulmans. Il déclare : “J’aurais aimé que ces déclarations soient précisées par écrit sous forme d’amendements et transmises au CFCM”, Il déplore “cette nouvelle sortie unilatérale de trois fédérations composant le CFCM qui n’est pas de nature à rassurer nos coreligionnaires sur l’État des instances représentatives du culte musulman”.

Mohammed Moussaoui dénonce la forme plus que le fond et juge ces méthodes plus susceptibles d’entretenir les conflits qui divisent les instances musulmanes de France qu’à apporter une quelconque progression du débat. Il estime à juste titre que “aucun texte humain n’est immuable”. Mais pour qu’un amendement soit adopté, l’Union des mosquées de France, dirigée par Mohammed Moussaoui, la Grande Mosquée de Paris, le Rassemblement des musulmans de France, Musulmans de France, et la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles devront donner leur consentement. Ayant déjà signé la charte, rien n’est moins sûr. Autant dire que les désaccords au sein des instances représentatives de l’Islam en France ne sont pas près de prendre fin.

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