Al-Baltagy : Portrait du premier instigateur du terrorisme en Egypte

“Ce qui se passe dans le Sinaï s’arrêtera lorsque l’armée se retirera et Morsi reprendra ses fonctions.”

Avec cette menace explicite proférée par le chef des Frères musulmans “Mohamed al-Baltagy”, secrétaire général du Parti dissous de la liberté et de la justice et bras politique de la Confrérie terroriste, une violence sans précédant s’est répandue dans toute l’Égypte. Après la chute du règne des Frères musulmans suite à la révolution du 30 juin 2013, El-Baltagy est devenu le premier instigateur de violence au sein de l’organisation.

Lundi 14 juin 2021, la Cour de cassation égyptienne dirigée par le conseiller Omar Shawda, a rendu son dernier mot sur un certain nombre de dirigeants des Frères musulmans menés par Mohamed al-Baltagy. Parmi les accusés, 12 ont été condamnés à mort et 62 ont vu leur peine réduite de la peine capitale à la prison à perpétuité.

Mohamed Ibrahim al-Baltagy, né en 1963 dans la ville de Kafr El-Dawwar, est actuellement emprisonné pour de nombreuses affaires de violences et de terrorisme. Il a été la vedette du sit-in de la mosquée de Rabaa et l’auteur des fameuses menaces selon lesquelles l’organisation bombarderait l’Égypte et brûlerait des églises, et l’instigateur des violences meurtrières dont a été témoin le Sinaï. Il a joué un rôle clé dans la militarisation du groupe avant la révolution du 25 janvier à travers les “milices al-Azhar”. Cette tendance à la violence s’est accentuée après la révolution du 30 juin 2013.

Ralliement à la Confrérie

En 1977, alors qu’il était en première année de l’école secondaire al-Azhar à l’Institut d’Alexandrie, al-Baltagy a rejoint la Confrérie par l’intermédiaire de Mohamed Abdel Moneim, Gomaa Amin et Mohamed Hussein Issa. Il a dirigé le comité culturel de l’Union des étudiants de l’Institut religieux secondaire d’Alexandrie et a publié en 1978 le premier magazine de prédication azharite de cette époque, appelé “Al-Natheer”.

Le chef des Frères musulmans a pris part aux activités du Groupe dans les écoles secondaires d’Alexandrie, notamment aux conférences organisées contre le traité de Camp David en 1978. Il a ensuite participé aux convois médicaux menés par le Comité de secours du Syndicat des médecins, contrôlé et exploité par le groupe en tant qu’entité organisationnelle internationale de la Confrérie chargée de diffuser l’idéologie islamiste.

Al-Baltagy s’est porté candidat au Parlement égyptien en 2005 lors des élections à l’Assemblée du peuple dans la circonscription de Shubra El-Kheima, pour le siège du Parti des Frères musulmans. Il a remporté le premier tour et a été choisi comme membre du Comité de la Défense et de la sécurité nationale au Parlement. Il a également cofondé le mouvement “Egyptians for Free and Sound Elections”.

Al-Baltagy s’est de nouveau présenté aux élections de l’Assemblée du peuple en 2010 puis s’est retiré pour répondre à l’appel des Frères musulmans à boycotter le second tour. Il a ensuite participé au “Parlement du peuple” et à la révolution du 25 janvier auprès des Frères musulmans. Il a été chargé du Conseil d’administration de la Révolution et de la fondation du Parti dissous de la liberté et de la justice. Il a été nommé secrétaire général du Parti au Caire et membre du bureau exécutif. Il s’est également présenté aux élections de l’Assemblée populaire égyptienne de 2011 après la révolution du 25 janvier, à la tête de la liste du Parti de la liberté et de la justice dans le gouvernorat de Qalyubia, et est entré pour la deuxième fois à l’Assemblée du peuple en tant que représentant du Parti de la liberté et de la justice jusqu’à la dissolution du Conseil en juin 2012.

Les milices d’al-Azhar

Mohamed al-Baltagy a joué un rôle clé dans l’affaire des “Milices étudiantes d’al-Azhar”, selon les enquêtes de la sécurité qui ont été soumises à la Sûreté suprême de l’État. A l’issue de ces enquêtes, environ 140 Frères musulmans ont été arrêtés, à leur tête Muhammad Khairat al-Shater, le deuxième guide adjoint du groupe, Muhammad Ali Bishr, membre du Bureau d’orientation, et Hassan Malik. Parmi eux, se trouvaient environ 97 étudiants de l’Université al-Azhar.

Les enquêtes ont confirmé que ces éléments avaient organisé plusieurs réunions dans les maisons des uns et des autres pour préparer un plan visant à pénétrer diverses universités, en particulier l’Université al-Azhar, dans le but de rallier les étudiants et s’en servir pour manifester et s’attaquer aux autres étudiants et aux professeurs. Ils comptaient ensuite amener ces manifestations sur la voie publique pour troubler la sécurité, détruire les propriétés publiques et privées, et créer une atmosphère de chaos, un scénario semblable aux évènements qui ont précédé l’instauration de Califats avec leurs lois islamique dans les pays voisins.

Les violences dans le Sinaï

Al-Baltagy a implicitement reconnu la responsabilité de son Groupe dans les violences qui ont eu lieu dans la péninsule du Sinaï. Au sit-in de Rabaa, il avait déclaré : “Ce qui se passe dans le Sinaï s’arrêtera quand l’armée se retirera et Morsi retournera à ses fonctions.”

Les jours qui ont suivi la chute de Morsi ont connu une série d’attaques contre les quartiers généraux de sécurité et des embuscades tendues contre la police et l’armée dans les villes d’Al-Arish et Sheikh Zuweid. Des dizaines de personnes ont été tués et blessés par balles par les terroristes du Groupe à des points de sécurité et à l’aéroport international d’Al-Arish dans le gouvernorat du nord du Sinaï. Des véhicules à quatre roues motrices transportant des hommes armés masqués ont attaqué des points de contrôle appartenant au ministère et à l’armée, entraînant l’instauration d’un couvre-feu dans le nord du Sinaï.

Arrestation

Al-Baltagy a été arrêté le jeudi 29 août 2013 dans un appartement du quartier Tersa à Gizeh, juste après sa participation au sit-in de Rabaa. En août 2013, le ministère public a ordonné son arrestation pour plusieurs chefs d’accusation, dont “renseignements au profits de pays étrangers, incitation à la violence durant les événements de Rabaa al-Adawiya, al-Nahda et de la Garde républicaine, actes de violence dans différents gouvernorats, incitation à la violence contre les forces armées en donnant l’ordre aux manifestants des places Rabaa al-Adawiya et al-Nahda d’assiéger le quartier général sous prétexte de libérer Mohamed Morsi, et incitation à des marches dans tous les gouvernorats dans le but de bloquer les routes”. Il a également incité les jeunes manifestants de la Confrérie à agresser directement les forces de police et la population de la région.

Al-Baltagy a aussi été accusé d’avoir tué des manifestants pacifiques, acquis des armes et des explosifs, attaqué des casernes militaires, compromis l’intégrité du pays, ses terres et son unité, incité à des conflits sectaires dans le pays, formé une organisation terroriste pour brûler des églises, attaquer des tribunaux et des institutions, incendier des postes de police et coopérer avec des groupes djihadistes pour organiser des attentats à l’intérieur du pays, notamment dans le Sinaï.

Verdicts du tribunal

Il est considéré comme le condamné le plus important de la période post-révolution du 30 juin. Les chefs d’accusation qui pèsent contre lui ont débouché sur 241 ans de prison, soit 7 condamnations à perpétuité pour diverses affaires liées à ses nombreux crimes après la chute de Morsi, 20 ans de réclusion pour avoir torturé un officier à Rabaa al-Adawiya, 15 ans pour avoir torturé un avocat, 20 ans pour l’affaire al-Ittihadiya, et 11 ans pour outrage à la justice pendant ses audiences au tribunal.

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