Joe Biden fermera-t-il la tristement célèbre prison de Guantanamo Bay?

La décision de Washington de libérer 3 prisonniers détenus dans la prisons de Guantanamo depuis 20 ans a provoqué quelques spéculations autour de l’éventuelle fermeture de cette prison militaire à la mauvaise réputation.

La décision a été prise 18 mai 2021 par un comité de la Maison Blanche. Parmi les prisonniers libérés figure Saifullah Abdullah Paracha, l’homme d’affaires pakistanais âgé de 73 ans. Les 3 hommes ont été arrêtés et transférés en prison entre 2001 et 2003, et contrairement à la plupart des autres détenus, aucune charge n’a été portée contre eux, selon les informations rapportées par l’Agence France-Presse.

La prison de Guantanamo Bay est un centre de détention militaire de haute sécurité créé en 2001 sur la base navale américaine de Guantanamo dans le sud-est de Cuba, pour détenir des membres de l’organisation Al-Qaïda et des complices présumés des auteurs des attentats du 11 septembre 2001. La prison et les méthodes qu’on y pratique sont vite devenues un point critique pour Washington, accusé de détention illégale dans ce pays, de violations des droits de l’homme et d’actes de torture.

Les bâtiments de Guantanamo Bay ont abrité environ 800 “prisonniers de guerre”, dont la plupart ont été arrêtés malgré de faibles preuves contre eux. Beaucoup ont été torturés sur des sites secrets de la CIA avant leur transfert.

Joe Biden était vice-président lorsque Barack Obama a ordonné la fermeture de Guantanamo en janvier 2009 pour juger les prisonniers devant des tribunaux civils, mais la décision a été suspendue au Congrès.

Au cours de ses deux mandats à la présidence, Barack Obama a préféré libérer secrètement des centaines de détenus. Les libérations se sont arrêtées à l’arrivée de Donald Trump à Washington.

Alors que les États-Unis se préparent à se retirer d’Afghanistan à l’occasion du 20e anniversaire des attaques du 11 septembre 2001, ils détiennent toujours 40 détenus dans leur base militaire à Cuba.

La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a assuré en avril dernier que le président était toujours “déterminé” à fermer Guantanamo.

Shelby Sulivan Bennis, l’avocate de Saifullah Paracha, a affirmé avoir toute “confiance dans le fait que l’administration Biden videra Guantanamo autant que possible”.

Les organisations de défense des droits de l’homme appellent à une action efficace de Joe Biden. “Il ne peut avoir aucune réelle crédibilité lorsqu’il appelle d’autres pays à respecter les droits de l’homme sans donner la priorité à la fermeture de Guantanamo”, a déclaré Daphne Eviatar d’Amnesty International USA.

Sur les quarante hommes encore détenus, neuf ont déjà été informés de leur libération imminente. Douze autres, dont Khaled Sheikh Mohammed, que l’on pense être le cerveau des attentats du 11 septembre, attendent d’être jugés devant une commission militaire qui n’a rendu que deux jugements en deux décennies. Les 19 autres se trouvent dans une impasse judiciaire. Il sont détenus sans inculpation et n’ont pas été acquittés par le comité.

L’avocat Shayana D. Kadidal du “Center for Constitutional Rights” qui défend un certain nombre de détenus, pense que Joe Biden évitera de commettre l’erreur de faire une déclaration publique à ce sujet mais il peut, comme Barack Obama, permettre au comité de révision de le faire.

L’avocat a salué le “changement de position” du comité à travers ses récentes décisions, indiquant qu’il est désormais prêt à écouter les cas les plus difficiles, notamment les détenus ayant été soumis à la torture par la CIA et qui souffrent de troubles psychologiques.

Il y a cependant d’autres obstacles, comme la nécessité de nommer un envoyé spécial américain pour négocier le retour des détenus dans leur pays, un poste que Donald Trump a supprimé.

L’autre défi consiste à décider du sort des 12 prisonniers qui sont toujours entre les mains de la justice militaire. Six d’entre eux, dont Khalid Cheikh Mohammed, pourraient être condamnés à mort. Les cas de ces détenus progressent lentement en raison de problèmes de procédures et de changements répétés de juges et d’avocats.

Shayana Kadidal a déclaré que la perspective de les juger devant des tribunaux civils demeurait un risque politique pour Joe Biden. Ces procès peuvent révéler des actes de torture et des violations des droits de l’homme qui pourraient susciter la compassion des juges et des jurés.

Il a ajouté que l’idée proposée au département américain de la Défense (le Pentagone), est de garder la possibilité d’utiliser la prison de Guantanamo dans de futurs conflits.

Les avocats des détenus redoutent les peines maximales qui pourraient être prononcées par ces tribunaux civils. “Ils ont de meilleures conditions (de détention) que celles d’une prison de haute sécurité”, a déclaré Kadidal. “Leur présence à Guantanamo sans procès est à certains égards meilleure que ce qu’ils pourraient vivre ailleurs”, a-t-il ajouté.

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