Les églises catholiques orientales face à la décision du Vatican de bénir le mariage homosexuel

Fin 2023, le Vatican a franchi une étape historique en adoptant une approche « révolutionnaire » envers les homosexuels, selon une déclaration publiée par le Conseil de la Doctrine de l’Église catholique et signée par le Souverain Pontife, le pape François, qui autorise désormais les curés à bénir les mariages homosexuels et à réciter une petite prière pour eux.

La prière récitée durant les mariages homosexuels consiste notamment à demander à Dieu « de leur accorder la paix, la santé, la patience, la communication et le soutien mutuel, ainsi que Sa lumière et Sa force afin qu’ils puissent accomplir Sa volonté ».

Ce saut historique du Vatican a choqué les courants conservateurs de l’Église catholique, qui ont fortement résisté aux tendances sociétales et gouvernementales visant à donner aux homosexuels les mêmes droits accordés aux hétérosexuels.

Si la décision du Vatican a rencontré un minimum de résistance dans les sociétés occidentales, une grande question se pose sur la manière dont les églises des sociétés conservatrices géreront cette nouvelle obligation imposée par le Vatican.

​Naturellement, les Églises catholiques de l’Est viennent en tête, comme l’Église maronite, qui s’est montrée active ces dernières années dans sa lutte contre l’homosexualité, et qui s’est même alliée à des mouvements politiques religieux islamique contre les homosexuels. Elle a également couvert des actes hostiles commis par des groupes chrétiens violents à leur encontre, comme l’affaire des « soldats de Dieu ». Le chef de l’Église maronite, le cardinal Bechara Boutros Rahi, a même accueilli une réunion ministérielle de haut niveau dans son siège d’été à Dimane, où des décisions ont été prises contre les homosexuels, qui ont été décrits avec les adjectifs les plus abjectes, au point de les considérer comme des ennemis de « l’identité nationale ».

Dans le même contexte, le Catholic Media Center a tenté de fournir de fausses justifications pour expliquer les déclarations du pape François, qui a appelé à traiter les homosexuels avec amour, acceptation et sympathie.

Les Orientaux n’ont pas développé leur vision de l’homosexualité, et y voient encore une sorte d’« anomalie » qu’il faut traiter et éliminer, en isolant ou en supprimant carrément les homosexuels.

Au Liban par exemple, l’homosexualité constitue un délit passible d’une peine d’emprisonnement, et quelques mouvements, dont certains s’appuient sur des textes religieux, vont jusqu’à exiger que la peine de mort soit prononcée contre ces personnes.

Dans le passé, une décision de l’ampleur de celle prise par le Saint-Siège sur la question de l’homosexualité aurait pu provoquer de profondes divisions au sein de l’Église catholique, mais il semble que le temps des divisions ait pris fin et qu’il ait été remplacé par le principe de l’ignorance.

Jusqu’à présent, les Églises catholiques d’Orient ont accueilli la nouvelle décision du Vatican avec une indifférence calculée, en évitant le sujet autant que possible. Les évènements tragiques résultant de l’opération « déluge d’al-Aqsa » contribuent à consolider cette tendance et donnent aux Églises orientales concernées suffisamment de temps pour réfléchir à la manière d’y répondre.

Sans aucun doute, cette décision générera une importante agitation, car elle renforcera la position des « progressistes » de l’Église catholique par rapport à ses « conservateurs », et poussera ces derniers à revoir les alliances anti-homosexuelles conclues avec leurs opposants politiques. Ces alliances ont permis, entre autres, au ministre de la Culture du gouvernement libanais, Mohammad Mortada, qui met en œuvre l’agenda du Hezbollah, de devenir le porte-parole de Bkerké, qui est le siège de l’Église maronite depuis 1823.

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