Israël poursuit son offensive à l’intérieur et autour des principales villes de la bande de Gaza, plus de deux mois après l’attaque meurtrière du Hamas qui a déclenché une guerre ayant fait des milliers de morts et transformé l’enclave palestinienne en champ de ruines
Le ministère de la santé, dirigé par le Hamas, a indiqué que le nombre de morts à Gaza avait dépassé 17 000, principalement des femmes et des enfants.
Tôt vendredi, le ministère de la santé a fait état de 40 morts de plus dans des frappes près de la ville de Gaza, et de « dizaines » d’autres à Jabalia et Khan Younes, a rapporté l’AFP.
Les forces israéliennes ont encerclé les principaux centres urbains dans le but d’éradiquer le Hamas après son attaque sans précédent du 7 octobre, lorsque les combattants ont franchi la frontière militarisée de Gaza et tué environ 1 200 personnes et pris en otage beaucoup d’autres, dont 138 sont toujours en captivité, selon les chiffres israéliens.
Lors d’un appel téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Joe Biden a « souligné le besoin critique de protéger les civils et de séparer la population civile du Hamas », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.
Joe Biden a également appelé à la mise en place de « couloirs permettant aux gens de quitter en toute sécurité les zones d’hostilités définies ».
L’armée israélienne se bat actuellement à Khan Younes, la plus grande ville du sud de la bande de Gaza, ainsi que dans la ville de Gaza et le district de Jabalia, situé au nord.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que les troupes s’étaient rapprochées de la maison du chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, 61 ans, ajoutant que « ce n’est qu’une question de temps avant que nous ne le trouvions ».
Les chaînes de télévision israéliennes ont diffusé jeudi des images montrant de dizaines d’hommes palestiniens en sous-vêtements et les yeux bandés, gardés par des soldats israéliens à Gaza, ce qui a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux.
« Nous enquêtons pour savoir qui est lié au Hamas et qui ne l’est pas », a justifié Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, lors d’une conférence de presse.
Le média Al-Araby Al-Jadeed, basé à Londres, a déclaré qu’un de ses journalistes se trouvait parmi eux.
Les combats ont poussé les habitants de Gaza vers le sud, transformant Rafah, près de la frontière égyptienne, en un vaste camp pour une grande partie des 1,9 million de personnes déplacées depuis le début du conflit, soit 80 % de la population gazaoui.
« Deux mois sur la route, à se déplacer d’un endroit à l’autre. Ce sont les deux mois les plus difficiles que nous ayons vécus dans notre vie », a déclaré Abdallah Abu Daqqa, déplacé de Khan Younes à Rafah.
Des journalistes de l’AFP ont vu une vingtaine de cadavres dans des sacs mortuaires blancs, dont un enfant, à l’hôpital Nasser, tandis que des hommes se rassemblaient à proximité pour prier.
Les nombreuses victimes civiles suscitent l’inquiétude de la communauté internationale, d’autant que les pénuries provoquées par le siège israélien n’ont permis qu’un accès limité à la nourriture, à l’eau, au carburant et aux médicaments.
Israël a approuvé une augmentation « minimale » des livraisons de carburant afin d’éviter un « effondrement humanitaire et la prolifération d’épidémies », et a appelé la communauté internationale à « accroître ses capacités » pour distribuer l’aide.
Martin Griffiths, responsable des affaires humanitaires des Nations unies, a déclaré qu’il y avait des « signes prometteurs » indiquant qu’Israël pourrait ouvrir le point de passage de Kerem Shalom, dans le sud du pays, pour l’acheminement de d’aide.
Mais le Hamas a fait état d’une « situation de famine » dans le nord de la bande de Gaza, affirmant qu’aucune aide n’y est parvenue depuis le 1er décembre.
L’association israélienne de défense des droits B’Tselem a déclaré que la « quantité minuscule d’aide » autorisée dans le territoire équivaut à « affamer délibérément la population ».
« Nous sommes en train de mourir ici, sans avoir besoin de roquettes et de bombardements. Nous sommes déjà morts, morts de faim, morts du déplacement », a déclaré Abdelkader al-Haddad, un habitant de la ville de Gaza réfugié actuellement à Rafah.
Le gouvernement Netanyahu a mal réagi à l’invocation de l’article 99 de la charte de l’organisation mondiale par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, une charte rarement utilisée, et qui demande au Conseil de sécurité de faire pression en faveur d’un cessez-le-feu.
Le Conseil de sécurité a tenu une réunion d’urgence à 15 heures vendredi pour discuter de la crise.