Un rare affrontement entre Palestiniens en Cisjordanie

Un Palestinien a été tué mercredi en Cisjordanie à la suite d’une fusillade avec les forces de l’ordre de l’Autorité palestinienne (AP). Il s’agit d’un rare cas de violence entre l’AP et les locaux Palestiniens.

Les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne sont arrivées à Tulkarm, à proximité de la frontière israélienne, pour dégager les routes conduisant au camp de réfugiés de la ville. Les routes ont été bloquées par des hommes armés non identifiés pour empêcher les incursions israéliennes, mais l’Autorité palestinienne a déclaré que les habitants affirment que ces obstacles constituaient une menace pour les passants. Une fusillade s’en est suivie et un Palestinien a été tué. Les habitants ont précisé que la personne tuée ne faisait pas partie d’un groupe armé, a rapporté Reuters.

Selon Reuters, les hommes armés ont accusé l’Autorité palestinienne d’être responsable de la bavure, tandis qu’un responsable de la sécurité de l’AP a déclaré que les forces de l’ordre avaient répondu à des tirs en direction du gouvernorat de Tulkarm.

L’Autorité palestinienne n’a pas fait d’autres commentaires sur l’incident.

Le groupe Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a condamné l’Autorité palestinienne pour ce décès, le qualifiant de « crime dangereux contre la sécurité et la paix civile en Cisjordanie », selon un communiqué.

Le Hamas a identifié l’homme décédé comme étant Abd al-Qader Nidal Zaqdah, 25 ans, le décrivant comme un « martyr », mais n’a mentionné aucune affiliation.

Des civils ont également été blessés dans l’incident, notamment le fils du combattant décédé du Hamas, Ramzi al-Aridha, selon le Hamas.

Les violences entre l’Autorité palestinienne et les locaux Palestiniens sont relativement rares. L’incident d’aujourd’hui est le premier depuis septembre 2022, lorsqu’un Palestinien avait été tué dans un d’affrontement entre l’AP et des habitants, survenu lors d’une manifestation à Naplouse contre l’AP.

Les forces de sécurité palestiniennes ont également tiré des gaz lacrymogènes sur des manifestants lors des funérailles d’un membre du Hamas à Naplouse en mars, selon l’Associated Press.

Ce dernier incident s’est produit dans une période de tensions croissantes en Cisjordanie entre Israël, l’Autorité palestinienne, le Hamas et d’autres groupes armés.

Cette année, Israël a sensiblement augmenté le nombre de ses raids dans les territoires occupés en réponse aux attaques dirigées contre les Israéliens en Israël et dans les colonies de Cisjordanie. La semaine dernière, des inconnus ont tué une femme israélienne lors d’une fusillade près d’Hébron, et les forces israéliennes ont tué un adolescent palestinien lors d’un raid près de Jenine, selon l’Agence France-Presse.

La violence des colons israéliens à l’encontre des Palestiniens est également en augmentation. Les États-Unis ont notamment utilisé le mot « terreur » pour décrire les agissements des colons qui ont abattu un Palestinien près de Ramallah au début du mois.

Les États-Unis et Israël s’inquiètent également de la chute potentielle de l’AP. En juillet, le cabinet du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il prendrait des mesures pour empêcher l’effondrement de l’Autorité palestinienne, sans toutefois préciser ce que cela impliquait.

« Nous avons assisté à l’effritement du niveau de contrôle de l’Autorité palestinienne sur la Cisjordanie. L’AP est considérée par de nombreux Palestiniens comme une organisation corrompue qui ne représente plus leurs intérêts », peut-on lire dans un rapport publié au mois de mai par le centre Begin-Sadat d’études stratégiques de l’université Bar-Ilan.

Les territoires palestiniens n’ont pas organisé d’élections depuis 2005. Le président palestinien Mahmoud Abbas a annulé les élections qui devaient avoir lieu en 2021.

Mahmoud Abbas et l’AP sont d’autant plus vulnérables que la popularité de l’AP est en baisse en Cisjordanie et que le Hamas bénéficie d’un niveau d’adhésion croissant. Un sondage réalisé en mars par le Palestinian Center for Policy and Survey Research a révélé que 52 % des Palestiniens pensent que la dissolution de l’AP servirait les intérêts du peuple. Le régime de plus en plus autoritaire de l’AP contribue à sa baisse de popularité, selon Khaled Elgindy, du Middle East Institute.

Encouragés par la stagnation politique en Cisjordanie, d’autres groupes armés palestiniens y sont apparus.

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