Les Émirats arabes unis se préparent à faire face à une vague de critiques lors du prochain sommet sur le climat, qui se tiendra en novembre 2023 à Dubaï. Parmi les dossiers épineux qu’ils devront traiter, figurent l’engagement d’Abu Dhabi envers les résultats des sommets précédents et la question de la liberté d’expression dans l’État du Golfe.
Un document publié le 2 août par le journal britannique The Guardian, a révélé une liste complète des questions que les EAU jugent « sensibles », et a identifié les « messages stratégiques » dont se servira le gouvernement pour répondre aux questions des médias sur ces sujets, parmi lesquels l’augmentation de la production de pétrole et de gaz aux EAU.
Le document commence par trois pages de « Messages clés pour le sommet sur le climat COP28 aux EAU », mais ne contient aucune référence aux combustibles fossiles, au pétrole ou au gaz et n’aborde que les mesures concernant les énergies renouvelables et l’hydrogène.
Des experts internationaux ont indiqué que la réduction du recours aux combustibles fossiles est la mesure la plus importante et la plus urgente pour réduire la hausse des températures. Ils ont également expliqué que les nouveaux développements dans le domaine ne sont pas compatibles avec l’objectif zéro émission nette d’ici 2050, et qu’il est essentiel que la plupart des réserves existantes restent en terre pour éviter les pires effets de la crise climatique.
Comme The Guardian l’a révélé en avril, les Émirats arabes unis mènent le troisième plus grand projet d’expansion de la production de pétrole et de gaz au monde.
Parmi les autres questions sensibles mentionnées dans le document, le président de la COP28, Sultan Al Jaber, qui est également le PDG de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis, ADNOC, un double rôle qui a fait l’objet de vives critiques. Le document répertorie notamment l’incapacité d’ADNOC à divulguer le taux de ses émissions ou à publier un rapport de développement durable depuis 2016. « ADNOC mène actuellement les études nécessaires », précise le document.
« La carrière complète du Dr Sultan (dans les domaines de l’énergie, du climat et de la diplomatie) lui donne l’expertise nécessaire pour engager (…) et unifier les secteurs nécessaires autour d’une action significative », indique le document pour la défense de M. al-Jaber.
La seule référence aux combustibles fossiles dans le long document se trouve dans une section intitulée « Les Émirats arabes unis en tant qu’économie d’hydrocarbures », et la réponse fournie est que « Les Émirats arabes unis contribuent à construire un futur système énergétique et à réduire l’intensité carbonique du pétrole et du gaz ».
L’ambition climatique est également au cœur des enjeux, car le document indique que les Émirats arabes unis ont récemment accru l’ambition de leurs promesses. Malgré ces promesses, les émissions de carbone des EAU augmenteront jusqu’en 2030, et le Climate Action Tracker indépendant juge « insuffisantes » les promesses du pays.
Dans le même contexte, le document rappelle que les émissions de CO2 par habitant aux Émirats arabes unis sont parmi les plus élevées au monde. « Nous avons beaucoup de marge d’amélioration, c’est pourquoi notre leadership nous a mis sur la voie de la zéro émission nette d’ici 2050 », indique le document.
Des problématiques d’ordre politique
Le document énumère également les réponses à des questions sensibles non liées au climat, comme le blanchiment d’argent, les crimes de guerre au Yémen, les prisonniers politiques, la surveillance et l’espionnage, la liberté d’expression, les droits des femmes et la traite des êtres humains.
Le document indique : « Il est impératif que toutes les agences gouvernementales s’engagent à informer le Bureau national des médias et à obtenir son approbation avant toute réponse aux médias ».
La COP28 devrait attirer plus de 70 000 participants, dont des chefs d’État, des responsables gouvernementaux, des dirigeants internationaux du secteur industriel, des représentants du secteur privé, des universitaires, des experts, des jeunes et des organisations non gouvernementales.
Il convient de noter que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a été lancée en 1992 au Brésil et que les conférences des parties à l’accord sont des réunions officielles organisées chaque année sous l’égide des Nations Unies depuis 1995, dans le but de trouver des solutions aux effets désastreux du changement climatique sur la planète.