« Arin al-Aswad » : l’ascension d’une nouvelle faction palestinienne armée

Mardi, les forces israéliennes ont éliminé un des chefs d’une organisation appelée « Arin al-Aswad », un groupe palestinien originaire de la ville de Naplouse. Cet évènement a déclenché l’un des plus grands affrontements de ces dernières semaines en Cisjordanie, et soulevé des questions sur cette faction émergente, ainsi que sur ses modes de financement et d’armement.

Dans un communiqué publié mardi, l’armée israélienne a déclaré que « ses forces ont ciblé une maison dans le quartier du marché de la vieille ville qui servait d’atelier pour la fabrication d’explosifs », entrainant la mort de Wadih al-Houh, responsable de la fabrication de bombes artisanales et de la fourniture d’armes au groupe, selon Reuters.

Mercredi, l’armée israélienne a annoncé l’arrestation de trois Palestiniens accusés d’appartenance au groupe « Arin al-Aswad », dont le frère du chef Ibrahim al-Nabulsi, qui a été tué par l’armée israélienne le 9 août dernier.

L’émergence de « Arin al-aswad » 

« Arin al-Aswad » est un groupe armé palestinien qui a fait son apparition il y a environ un an dans la ville de Naplouse. Toutes les rues étroites de la vieille ville et de son marché arborent des affiches des combattant morts de l’organisation, selon Reuters.

Selon des responsables palestiniens, le principal moteur de ce groupe, initialement composé de quatre jeunes combattants, est « la colère face aux exactions des colons israéliens et aux affrontements avec l’armée israélienne ».

Ayman al-Raqab, professeur de sciences politiques à l’Université d’al-Quds (Jérusalem), estime que « les agressions israéliennes continues contre Naplouse et l’absence d’un défenseur du peuple sont les principales raisons de l’émergence de ce groupe ».

Selon le professeur, le groupe est composé de membres « affiliés à plusieurs organisations et factions palestiniennes, dont le Fatah, le Hamas et le Jihad islamique ».

Au contraire, l’analyste politique israélien Shlomo Ganor, indique que « Arin al-Aswad » s’est formé « spontanément sans aucune affiliation à une organisation ou à une faction palestinienne », et que sa formation a été motivée par plusieurs facteurs, dont le rejet « des relations de l’Autorité palestinienne avec Israël, et la façon dont elle (l’AP) gère les affaires internes ».

Il n’y a aucune information fiable sur le nombre d’éléments que comporte le groupe, mais un responsable palestinien bien informé a déclaré qu’il pourrait être composé de 25 militants armés, et bien plus de partisans extérieurs au groupe, a rapporté Reuters.

Selon Shlomo Ganor, le nombre des combattants qui composent le groupe ne dépasse pas 30 personnes, dont la majorité sont des habitants de Naplouse.

Pour sa part, al-Raqab a déclaré que le groupe ne compte que quelques dizaines d’hommes en raison de la « difficulté d’obtenir des armes en Cisjordanie ». Il a ajouté qu’il y a un flou autour de l’identité de la partie qui finance ce groupe, suggérant qu’il pourrait s’agir du Hamas ou du Jihad islamique (JIP).

Al-Raqab a également relevé la “difficulté de transférer des fonds en Cisjordanie”, dans la mesure ou les autorités israéliennes et palestiniennes imposent “un contrôle strict des transferts financiers”.

De son côté, Ganor confirme que « Arin al-Aswad » bénéficie du soutien du « Hamas, qui lui fournit des armes et de l’argent ».

Interrogé sur la façon dont les fonds ont bien pu parvenir en Cisjordanie, Ganor a déclaré qu’il y a probablement eu des “trous dans le dispositif de sécurité”, ajoutant qu’il n’exclut pas l’existence de “violations au sein de l’appareil de surveillance israélo-palestinien”.

Développement des activités du groupe

Ganor a pointé du doigt une « négligence israélienne ». Selon lui, le groupe « Arin al-Aswad » n’a aucune importance, et le fait qu’Israël cherche à le combattre ne fait qu’accroitre sa notoriété et intensifier ses activités, conduisant certains à rejoindre ses rangs grâce à « la propagande et aux réseaux sociaux ».

Jusque-là, le groupe armé a réussi à mener une vingtaine d’opérations. Le 11 octobre, il a revendiqué un attentat qui a entrainé la mort d’un soldat israélien. Cette opération avait été précédée par une autre dans laquelle une policière a été tuée à Jérusalem-Est, selon l’AFP.

Les récentes opérations israéliennes contre « Arin al-Aswad » indiquent la prise d’une « mesure de sécurité urgente destinée à résoudre le problème et liquider les dirigeants et les membres du groupe », selon Shlomo Ganor.

L’analyste estime que les autorités israéliennes ont pu éliminer le problème de « l’armement » après la liquidation d’al-Hawah, qui fournissait à l’organisation des armes et du matériel de combat.

Ces derniers mois, les tensions se sont intensifiées dans le nord de la Cisjordanie, en particulier dans les régions de Naplouse et de Jénine, bastions des factions palestiniennes, où l’armée israélienne a intensifié ses raids à la suite d’attentats meurtriers contre des Israéliens en mars et avril.

Related articles

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here