Accompagné de ses troupes, le commandant de l’organisation Ajnad al-Kavkaz (les soldats du Caucase), un groupe islamique d’insurgés dirigé par des Tchétchènes dans le nord de la Syrie, a rejoint l’Ukraine pour y combattre l’armée russe, selon les informations obtenues par le quotidien Al-Monitor.
Le journal a appris de sources issues de groupes djihadistes actifs en Syrie que les soldats tchétchènes d’Ajnad al-Kavkaz, qui combattent les forces du gouvernement syrien dans la province de Lattaquié, sont récemment arrivés en Ukraine en provenance d’Idlib.
Les mêmes sources ont déclaré que d’autres chefs d’organisations devraient quitter Idlib pour l’Ukraine afin d’échapper aux mesures répressives de Hayaat Tahrir al-Sham (HTS), et de se venger de la Russie et des forces de son allié, le président tchétchène Ramzan Kadyrov.
Humam Issa, un journaliste de Idlib, a déclaré : “Ajnad al-Kavkaz est un groupe modéré, bien que djihadiste, qui n’a pas interféré dans les combats syriens internes et qui ne s’est pas mêlé des affaires de la communauté locale syrienne. Son objectif principal était de combattre les forces du régime syrien dans les montagnes et les forêts de la province de Lattaquié, sur la base de son expérience de combat dans des zones géographiques rocailleuses.”
“Le groupe ne pratique aucune activité de plaidoyer au sein de la société syrienne car il ne parle pas la langue arabe. Les troupes de l’organisation ont cependant joué un rôle dans la révélation des codes partagés par les forces russes en Syrie, dans la mesure où ils connaissent cette langue. Ces forces ont de l’expérience dans les arts martiaux, dans l’utilisation des avions russes, dans le creusement des tranchées et dans la façon d’empêcher les frappes aériennes russes”, a ajouté le journaliste.
“HTS a resserré l’étau autour de cette organisation, notamment entre 2020 et 2021, en arrêtant certains dirigeants qui lui sont proches. L’organisation incluait des éléments et des commandants syriens qui ont quitté le groupe à cause de la répression de HTS. La plupart de ses dirigeants se préparent désormais à quitter Idlib pour l’Ukraine, afin d’échapper à la répression de HTS et combattre les forces russes en Ukraine”, a-t-il poursuivi.
Humam Issa a indiqué que le commandant d’Ajnad al-Kavkaz, Abdel Hakim al-Chichani, a quitté Idlib pour l’Ukraine après avoir établi une coordination avec des groupes militaires du bataillon tchétchène Cheikh Mansour, qui combat les Russes en Ukraine aux côtés de l’armée ukrainienne.
À ce sujet, un commandant du groupe Ajnad al-Kavkaz connu sous le nom d’Abou Abd al-Rahman al-Chichani, a déclaré à Al-Monitor : “Beaucoup d’entre nous, en particulier les personnes qui ont des antécédents avec les dirigeants de HTS, ont quitté la Syrie pour l’Ukraine, car ceux-ci ont récemment été soumis à un harcèlement sévère de la part des chefs de HTS. La guerre entre la Russie et l’Ukraine a créé une opportunité pour nous de quitter Idlib et une opportunité pour HTS de se débarrasser de nous. Le nombre de Tchétchènes arrivés en Ukraine depuis Idlib est d’environ 25, la plupart d’entre eux sont de nationalités russe et tchétchène.”
“Nous nous rendons en Ukraine pour combattre les Russes qui ont tué et commis les crimes les plus effroyables contre notre peuple dans les années 1990. Par l’intermédiaire de Kadyrov, l’agent russe, ils (les forces russes) continuent de pratiquer la violence contre tout musulman qui se montre hostile à la Russie, ce qui a détruit le peuple syrien que nous étions venus soutenir”, a-t-il poursuivi.
Il a ajouté : “Nous avions espéré nous heurter aux forces russes en Syrie, mais cela ne s’est malheureusement pas fait. La Russie combat en Syrie par l’intermédiaire d’avions, mais en Ukraine, nous pouvons affronter l’armée russe [au sol]. Chaque ennemi de la Russie est notre ami. De plus, le peuple ukrainien est opprimé, et l’islam nous a ordonné de soutenir les opprimés, à plus forte raison si l’oppresseur est un ennemi commun.”
