Iran : la police des mœurs traque les opposants au port obligatoire du voile

Un nouveau débat public est lancé en Iran concernant le port obligatoire du voile, après la publication de rapports indiquant que les contrôles à ce sujet sont devenus plus sévères qu’auparavant.

Lorsque le chef du pouvoir judiciaire, Ibrahim Raissi, a remporté les dernières élections présidentielles, les avis étaient unanimes sur le fait que l’Iran se dirigeait vers plus d’extrémisme social et politique, Raissi étant considéré comme l’un des représentants les plus durs du mouvement conservateur.

Comme pour confirmer cette tendance, les autorités iraniennes ont arrêté plus de 300 personnes qui militent contre le port obligatoire du voile dans la République islamique, selon l’agence de presse Fars, qui a cité un responsable du Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice.

“Nous avons identifié plus de 300 personnes qui militent contre le port du foulard de diverses manières”, a déclaré Ali Khan Mohammadi, le porte-parole de l’autorité. “Toutes ces personnes ont été arrêtées”, a-t-il ajouté, sans plus de détails.

Depuis la victoire de la révolution islamique en 1979, la loi oblige les femmes en Iran, quelle que soit leur nationalité ou leur appartenance religieuse, à se couvrir la tête et le cou.

Cependant, les marges autour de ces règles se sont progressivement élargies au cours des deux dernières décennies. De nombreuses femmes portent le voile de manière « négligée », découvrant une partie de leurs cheveux, en particulier dans les grandes villes comme Téhéran.

Récemment, des médias locaux ont critiqué les agissements de certains membres de la “police morale” chargée de vérifier l’application des lois islamiques, et qui a le pouvoir de pénétrer dans les lieux publics pour vérifier si ces lois sont respectées.

La présence de cette police a diminué après l’accession au pouvoir du modéré Hassan Rohani en 2013, mais un regain de répression a été enregistré ces derniers mois sous l’ère de son successeur rigoriste, Ibrahim Raissi.

En juillet, Raissi, qui a succédé à Rohani en 2021, a appelé à la « mise en œuvre intégrale des lois et règles portant sur le voile », soulignant que « les ennemis de l’Iran et de l’islam » visent « les valeurs et les fondements religieux de la société », selon les informations rapportées à l’époque par l’agence de presse IRNA.

Les médias locaux ont indiqué début juillet que les femmes qui se soustraient au port du voile se verront interdire l’accès au métro de Mashhad (nord-est), la deuxième ville d’Iran, considérée comme sacrée pour les musulmans chiites pour avoir hébergé le sanctuaire de l’imam Reza.

Les autorités ont également fermé trois cafés de la ville sainte de Qom, au sud de Téhéran, parce que les femmes ne respectaient pas les règles du port du voile, selon le quotidien iranien Hamshahri.

Le début de la mise en œuvre de cette politique stricte coïncide avec l’application de ce que les autorités appellent la « loi sur la chasteté et le hijab », qui a entrainé de fortes pressions sur les femmes iraniennes.

A l’époque de l’ancien président réformateur Hassan Rohani, plusieurs femmes iraniennes avaient retiré leurs foulards dans la rue en signe de rébellion contre les contrôles qui leur étaient imposés. Certaines d’entre elles ont été arrêtées, mais les restrictions et les contrôles étaient moins sévères qu’ils ne le sont actuellement.

L’agence Fars des Gardiens iraniens de la révolution a estimé que l’application de la loi sur la chasteté et le port du voile dans les institutions gouvernementales représente « le début du chemin », et que cette loi et les restrictions liées au port du voile sont censées être appliquées dans d’autres administrations.

La police des mœurs, ou Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice, applique la loi en coopération avec les services de sécurité et de renseignement, ce qui révèle une tendance générale plus stricte dans l’application des restrictions sociales.

“L’identification des gangs qui défient la chasteté et le voile et l’arrestation de 300 chefs de gangs est l’une des mesures prises par le ministère du Renseignement à cet égard”, a déclaré Khan Mohammadi dans un communiqué à l’agence de presse Fars.

Le procureur adjoint de la ville de Mashhad avait donné carte blanche aux forces de sécurité pour appliquer cette loi, et a déclaré que les forces de sécurité pouvaient « prendre les mesures nécessaires pour accomplir ce devoir sacré » dans les parcs publics

Ces derniers mois, l’application ce ces contrôles a suscité une large polémique à la suite des altercations que cela a provoqué entre des femmes iraniennes et la police de la promotion de la vertu et la prévention du vice.

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