La découverte d’un troisième gisement de gaz à 160 km de Chypre par le groupe énergétique italien Eni et le français Total Energy, a offert aux Européens l’opportunité de répondre à leurs besoins, et la possibilité d’une alternative au gaz russe. Seulement, cette découverte a provoqué la colère de la Turquie, selon un rapport du quotidien français Le Figaro.
Même s’il ne s’agit pas de la découverte la plus importante de la région, précise Kostis Stambolis, le président de l’Institut de l’énergie du sud-est de l’Europe (IENE), elle intervient à un moment crucial pour l’énergie, car « ces gisements pourraient représenter à long terme une véritable alternative européenne à l’approvisionnement en gaz russe ».
L’expert indique que la quantité de gaz découverte est d’environ 70 milliards de mètres cubes, ce qui représente pour la Grèce dix ans de consommation en gaz, mais pour l’Union européenne, cela représente à peine 1 mois et demi de consommation en plein hiver.
Kostis Stambolis estime que ces ressources peuvent fournir jusqu’à 350 milliards de mètres cubes de gaz, ce qui représente un potentiel non négligeable, et ce gaz peut être directement transféré vers le champ gazier égyptien « Zohr », qui est déjà exploité, il n’y a donc pas besoin de gros investissements pour le transformer en gaz naturel liquéfié (GNL).
De son côté, la Turquie, voisine de Chypre, surveille de près les champs gaziers de l’est de la Méditerranée, et tient à obtenir une partie de ce trésor, selon Le Figaro.
Le gouvernement chypriote a confirmé que Chypre, divisée depuis 1974 à la suite de l’invasion du quart nord de l’île par l’armée turque, a approché la Turquie à plusieurs reprises sur la question du bénéfice commun de ces champs « dans le cadre du plan de réunification » (de l’île de Chypre), à travers le principe d’une répartition des bénéfices générés par ces gisements entre Chypre et la Turquie, via un compte géré par les Nations Unies, mais la Turquie a rejeté la proposition.
Le rapport indique que la Turquie a non seulement rejeté les offres chypriotes, mais elle a également suspendu en 2012 ses contrats avec le groupe italien Eni, pour sa “coopération” avec Chypre, un État membre de l’Union européenne, qui n’est pas reconnu par le régime turc.
Kostis Stambolis estime que la Turquie “poursuit sa rhétorique hostile chaque fois qu’un nouveau gisement est découvert”, et que “la remise en cause de la souveraineté chypriote par Ankara constitue un véritable obstacle à l’exploitation des champs gaziers”.
Immédiatement après que Total Energy a annoncé plus tôt cette semaine la découverte d’un nouveau champ gazier à Chypre, Ankara a répondu en violant l’espace aérien grec 72 fois en 24 heures, comme pour adresser un message à l’Union européenne, selon le rapport.