Les Américains d’origine arabe se forgent une force politique efficace, selon un intellectuel américain

La communauté américano-arabe a, jusque-là, connu un certain nombre de succès, principalement dans les domaines de l’économie et de l’éducation, mais elle continue sa progression pour atteindre le niveau d’influence politique auquel elle aspire, selon Khalil Jahshan, le directeur général de l’Arab Center Washington D.C.

Khalil Jahshan, qui traite avec la communauté américano-arabe depuis les bancs de l’université dans les années 1970, a qualifié leur implication actuelle dans la politique de “processus évolutif”, notant que “personne ne réussit dans ce pays autrement que sur une base graduelle, étape par étape”.

Lors d’une participation au Ray Hanania Radio Show, Jahshan a déclaré qu’il s’agit d’une progression naturelle, bien que les Américains d’origine arabe soient encore loin du degré d’activisme atteint, par exemple, par la communauté juive américaine dont l’influence a créé un déséquilibre dans les politiques américaines envers le conflit israélo-arabe.

“Nous n’avons pas si mal réussi en tant que communauté au cours des 120 dernières années d’immigration. Nous avons obtenu les meilleurs résultats économiques et éducatifs dans ce pays. Mais politiquement, cela a été lent. Encore une fois, nous avons fait des progrès impressionnants et il faut les consolider”, a déclaré Jahshan à Arab News mercredi.

Il a ajouté que les Américano-arabes doivent développer leur militantisme et leur engagement politique, soulignant que les activistes sont une petite minorité dans la communauté.

Cela s’explique en partie par le fait que les Américains d’origine arabe, en général, ont commencé à immigrer en Amérique à partir de la fin du XIXe siècle, en provenance de pays colonisés où leur participation politique était pratiquement inexistante. Ces premiers immigrants avaient tendance à avoir un sens limité de l’efficacité politique, c’est-à-dire le sentiment d’avoir le pouvoir et la possibilité de changer la politique, selon Jahshan.

“Franchement, ce qui nous a retardés et ralenti nos progrès dans ce pays, c’est notre faible propension à être (politiquement) actifs, à être visibles, à s’impliquer dans les questions qui nous concernent en tant que communauté”, a-t-il déclaré.

Ceux qui sont nés ici ne connaissaient pas les problèmes, alors ils ont attendu et attendu … que le ‘Saint-Esprit’ frappe à leur porte. Et ceux qui sont arrivés en tant que nouveaux immigrants ne connaissaient pas le système. Ils ont donc attendu… jusqu’à ce qu’une (nouvelle) génération émerge et sache comment se connecter au système (social et politique). Quand vous nous regardez aujourd’hui, en tant que communauté de quelque 3,7 millions d’Américains d’origine arabe, nous ne sommes toujours pas aussi impliqués que nous devrions l’être.”

“Lorsque vous nous comparez, disons, à la communauté juive, qui est environ deux fois plus grande que nous et qui compte au moins 3 millions de Juifs américains impliqués dans des organisations politiques qui représentent leurs intérêts, nous devons nous demander pourquoi nous n’avons pas la moitié de leurs membres organisés. Nous n’avons pas cela. Nous n’avons même pas 300 000 Arabes américains impliqués.”

Selon Khalil Jahshan, les raisons de l’immigration arabe ont beaucoup varié au cours des 120 dernières années, ce qui se traduit également par une diversité au sein de la communauté, en termes de provenance et de bagage intellectuel.

“Dans les premières phases de notre immigration, en tant qu’Arabes américains, nous avions tendance à chercher à se faire accepter par une assimilation rapide (…) leur immigration était liée aux conflits dans leurs pays d’origine. Elle était liée à la famine, auparavant. Elle était liée à des crises économiques dans la région. Il a donc fallu plusieurs vagues d’immigration pour simplement s’adapter, survivre, s’en sortir et faire partie de ce melting-pot américain, de cette société mixte, de ce fattoush”, a-t-il déclaré.

Les priorités ont été la préservation de l’identité culturelle, de la langue arabe et des liens avec le pays d’origine.

“Tout d’abord, ils ont essayé de s’assurer que l’arabe survivait (ici en Amérique) en tant que mode de communication privilégié. Ils pensaient que la survie de la langue était primordiale pour la survie de la culture et la pérennité de notre identité arabe. Ainsi, les premières phases du journalisme américano-arabe étaient en arabe. C’était un journalisme uniquement américain, tout en étant arabe.”

En plus d’être à la traîne par rapport à d’autres communautés en matière de militantisme, M. Jahshan estime que la communauté doit en faire davantage dans le domaine de la philanthropie pour aider ceux qui sont dans le besoin, mais aussi pour soutenir les causes communautaires. Garantir ses droits et son rôle dans la politique américaine est une entreprise très coûteuse et la communauté doit en faire davantage à cet égard, a-t-il ajouté.

Khalil Jahshan estime que le confessionnalisme arabe et la fragmentation ethnique constituent un autre facteur important qui influe sur la lenteur de l’évolution de leur engagement et de leur influence. Le défaut d’une identification laïque au sein de la communauté n’a pas aidé non plus.

Il a précisé qu’il ne critiquait pas l’importance de la foi et de la religion dans la communauté américano-arabe, mais que l’affiliation religieuse avait tendance à éclipser l’identité culturelle commune, notamment dans les grands médias américains.

“En tant que personne de foi, je n’ai aucun problème à ce que les gens aient leur propre croyance, qu’ils soient chrétiens, musulmans, bouddhistes ou autres. Mais en même temps, notre identité ne devrait pas être colorée par notre confession. Notre religion ne devrait pas prendre le pas sur nos politiques, pour ainsi dire.”

M. Jahshan a déclaré que les grands médias exploitent ces questions et ont “tendance à simplifier à l’extrême” la diversité de la communauté, et évitent une immersion “en profondeur”.

Jahshan a noté que les communautés d’immigrants arabes américains avaient leurs propres médias en langue arabe, mais ce n’est que récemment qu’un nombre important de personnes se sont tournées vers le journalisme en tant que profession, pour entrer dans une industrie qui a tant d’influence lorsqu’il s’agit d’inventer des définitions de groupes et de stéréotypes.

“Je suis très encouragé par l’activisme accru de la nouvelle génération, en particulier de ceux qui se tournent vers le journalisme et le service public”, a-t-il conclu.

Source : Arab News

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