Quelques mois après avoir gelé les comptes de la Qatar Charity qu’il a accusée de financer le terrorisme islamique avec un éminent avocat, le gouvernement du Sri Lanka a levé l’interdiction de l’organisation caritative qatarie, a annoncé un important ministre.
Sarath Weerasekara, un ancien ministre de Police (ministère de l’Intérieur) et proche allié du président Gotabaya Rajapaksa, a déclaré au Parlement le 07 janvier 2021 que le chef des kamikazes du dimanche de Pâques, Zaharan Hashim, avait donné des conférences dans une organisation dirigée par l’avocat sri-lankais Hejaz Hisbullah. L’organisation, dont le nom est “Pearl of Unity”, et sa branche locale ont été financées par la Qatar Charity, qui a été interdite par les Nations Unies selon Weerasekara.
Le Département des enquêtes criminelles (CID) a ensuite gelé les comptes de la Qatar Charity au Sri Lanka.
Cette décision, ainsi que le refus catégorique du président Rajapaksa d’honorer la demande du Qatar adressée par l’intermédiaire de l’Organisation des pays islamiques (OCI) d’arrêter d’incinérer les musulmans minoritaires du Sri Lanka décédés du Covid-19, ont détérioré les relations du pays du Moyen-Orient avec le Sri Lanka.
Le ministre de l’Énergie Kanchana Wijesekera, qui a dirigé une délégation pour discuter des possibilités d’obtenir une ligne de crédit pour le carburant au Sri Lanka, a indiqué avoir rencontré des responsables de la Qatar Charity à Doha le 29 juin.
« Ai rencontré les responsables de la Qatar Charity hier. Ai transmis le message qui indique que le ministère de la Défense a informé le procureur général de sa décision de lever l’interdiction des capitaux qui a été imposée en 2019 », a tweeté Wijesekera.
Il a également discuté du travail de l’organisme de bienfaisance au Sri Lanka et dans le monde.
La déclaration de Wijesekera sur la levée de l’interdiction intervient à un moment où le Sri Lanka s’approche progressivement de l’immobilisme car il n’importera pas de carburant avant le milieu du mois prochain. Dimanche 26 juin, avant son départ pour le Qatar, Wijesekera a déclaré aux journalistes qu’il explorait les possibilités d’importer du carburant du pays riche en pétrole.
Au cours de sa visite, Wijesekera a rencontré Saad Sherida Al-Kaabi, le ministre d’État du Qatar chargé des affaires énergétiques et président-directeur général de Qatar Energy, et a discuté de l’approvisionnement du Sri Lanka en produits pétroliers, en gaz de pétrole liquéfié (GPL) et en gaz naturel liquéfié (GNL), pour surmonter la crise énergétique avec l’aide de Qatar Energy et de Qatar Development Fund.
Le ministre a également rencontré le directeur général adjoint de Qatar Fund for Development et a déclaré avoir « discuté d’une éventuelle ligne de crédit flexible pour l’approvisionnement en pétrole et en gaz » et avoir été « informé que des fonds ont été alloués pour les fournitures médicales et qu’il examinera la demande de facilité de crédit [et] le soutien du programme du FMI ».
Bien que de nombreux dirigeants de Podujana Peremuna (SLPP), le parti au pouvoir au Sri Lanka, se soient adressés aux pays du Moyen-Orient pour obtenir du carburant, l’administration du président Rajapaksa n’a reçu aucune réponse positive, ont déclaré des responsables du gouvernement à EconomyNext.
L’affaire judiciaire impliquant Qatar Charity a été témoin de l’arrestation de Hejaz Hisbullah Hisbullah par le CID le 14 avril 2020. Ce dernier a été placé sous mandat d’arrêt par le président Rajapaksa, en vertu de la loi sur la prévention du terrorisme (PTA) pour avoir prétendument « aidé et encouragé » les attentats à la bombe du dimanche de Pâques et pour avoir participé à des activités jugées « attentatoires à l’harmonie religieuse entre les communautés ».
Il a été détenu pendant longtemps sans être inculpé. Toutefois, face une pression internationale croissante, le gouvernement l’a inculpé en début d’année avant qu’un tribunal ne le libère sous caution.
Avec les Émirats arabes unis, le Qatar est l’un des principaux fournisseurs d’emplois aux étrangers venus du Sri Lanka.
Des diplomates sri-lankais au Moyen-Orient ont déclaré à EconomyNext que les gouvernements n’accordent pas autant d’importance aux questions sri-lankaises qu’ils ne le faisaient avant que l’action des dirigeants politiques de la nation insulaire ne détériore les relations diplomatiques.
