Liban : Le Hezbollah au centre des élections législatives

Les candidats libanais aux législatives s’affronteront dimanche pour remporter les sièges du parlement, composé de 128 sièges répartis entre 11 groupes religieux conformément au système de partage des pouvoirs.

A l’arrière plan de ces élections, un effondrement économique historique et le boycott du célèbre politicien sunnite Saad Hariri.

Alors que les indépendants aux visions réformistes espèrent déloger les factions dirigeantes, les partis existants devraient conserver leur pouvoir.

Les principaux acteurs :

Le Hezbollah

Le groupe chiite armé Hezbollah, le parti le plus puissant du Liban, a été fondé en 1982 par les gardiens iraniens de la révolution. Il est considéré comme une organisation terroriste par les pays occidentaux, dont les États-Unis. L’Union européenne a classé sa branche militaire comme groupe terroriste, mais pas sa branche politique.

Les capacités militaires du Hezbollah ont augmenté depuis qu’il s’est engagé dans la guerre en Syrie pour soutenir le président Bachar el-Assad. L’influence politique du groupe a également pris de l’ampleur dans le pays depuis 2018, date à laquelle il a obtenu une majorité parlementaire aux côtés de ses alliés.

Son influence sur les affaires de l’État s’est manifestée sous plusieurs formes, dont sa prise en charge du ministère de la Santé entre 2018 et 2021, auquel est alloué l’un des plus gros budgets de l’État.

Saad Hariri a justifié sa décision de ne pas se présenter aux élections par l’influence iranienne – référence au Hezbollah – responsable de la détérioration des relations du Liban avec les États du Golfe.

Le Mouvement Amal

Le mouvement chiite Amal est dirigé par Nabih Berri, 84 ans, président du parlement depuis 1992. Nabih Berri est l’une des figures politiques libanaises les plus puissantes depuis la guerre civile de 1975-1990, durant laquelle le mouvement représentait un parti politique clé.

Le Hezbollah et Amal ont été surnommés le “duo chiite”. Ils évoluent depuis longtemps à travers une approche politique coordonnée et dominent la scène politique chiite.

Amal estime que l’arsenal militaire du Hezbollah est un atout pour le Liban et a soutenu le groupe dans des conflits avec des opposants internes qui cherchent à le désarmer.

Le mouvement Amal est allié à la Syrie et à l’Iran. Ses relations extérieures sont le reflet des relations du Hezbollah, bien que les liens du Hezbollah avec ces deux pays soient beaucoup plus profonds.

Le Mouvement du Futur

Le boycott de Saad Hariri a déstabilisé l’ordre politique sunnite. Le Mouvement du Futur fondé par son père, l’ancien Premier ministre Rafiq Hariri, assassiné en 2005, domine la partie sunnite de la scène politique libanaise depuis des dizaines d’années.

Le Premier ministre Najib Mikati, un autre sunnite milliardaire, s’est également abstenu. Certains membres du Courant du Futur se sont retirés du parti pour pouvoir se présenter.

Fouad Siniora, ancien Premier ministre et membre du Mouvement du Futur hostile au Hezbollah, a soutenu les candidats mais ne s’est pas présenté non plus.

Le Hezbollah a de nombreux alliés sunnites qui pourraient exploiter les failles de la politique sunnite, notamment le mouvement Al-Ahbash, qui a des liens historiques avec Damas.

Le Mouvement patriotique libre

Le Mouvement patriotique libre a été fondé par l’homme politique chrétien maronite Michel Aoun, un ancien chef militaire qui a dirigé l’un des deux gouvernements rivaux dans les dernières années de la guerre civile et qui est président du Liban depuis 2016.

Le Mouvement patriotique libre, le plus important bloc chrétien au parlement depuis le retour de Michel Aoun de son exil en 2005, est allié au Hezbollah depuis 2006 et affirme que l’arsenal militaire du groupe a servi à défendre le Liban, conduisant certains à affirmer que ses positions ont fourni une couverture politique chrétienne au Hezbollah.

Le Mouvement patriotique libre est dirigé par Gebran Bassil, le gendre de Michel Aoun. Washington a imposé des sanctions à Bassil en 2020, l’accusant de corruption et d’aide au Hezbollah pour déstabiliser le Liban. Pour Gebran Bassil, les sanctions américaines sont “injustes et politiquement motivées”.

Des analystes estiment que le Mouvement patriotique libre pourrait perdre des voix au profit de concurrents chrétiens en raison de son rôle au sein du gouvernement, avant et pendant l’effondrement économique.

Les Forces libanaises

Le chrétien maronite Samir Geagea est à la tête du parti des Forces libanaises, qui a émergé d’une puissante milice chretienne ayant combattu pendant la guerre civile et qui porte le même nom. Il est l’un des plus virulents opposants au Hezbollah.

Le parti des Forces libanaises est absent du gouvernement depuis 2019, lorsque Saad Hariri a démissionné de son poste de Premier ministre lors de manifestations populaires contre l’élite politique.
Les Forces libanaises entretiennent des liens étroits avec l’Arabie saoudite et pourraient exploiter toute récession pour soutenir le Courant patriotique libre.

Le parti des Forces libanaises soutient les listes concurrentes du Hezbollah dans le sud du pays, généralement considéré comme un bastion du groupe soutenu par l’Iran, mais les candidats ont commencé à se retirer de ces listes à l’approche de la date du scrutin.

Samir Geagea a dirigé le parti des Forces libanaises au cours des dernières années de la guerre après l’assassinat en 1982 du fondateur du parti, Bashir Gemayel. Geagea est le seul dirigeant libanais à avoir purgé une peine de prison pour violence durant la guerre civile. Les autres ont été graciés.

Le Parti socialiste progressiste

Le Parti socialiste progressiste, dirigé par la famille Joumblatt, est la faction druze la plus puissante du Liban. Walid Joumblatt a passé les rênes du parti à son fils, Taymour, en 2018, mais il reste fortement engagé dans ses activités.

Joumblatt critique l’influence et l’armement du Hezbollah et affirme que le Liban a été déboité de sa place naturelle dans le monde arabe, une critique dirigée contre l’influence iranienne. Il représentait une éminente figure de la guerre civile et entretient de bonnes relations avec l’Arabie saoudite.

Le Parti socialiste progressiste est confronté aux défis de factions et de personnalités druzes qui bénéficient de relations étroites avec le Hezbollah et le gouvernement syrien, notamment Talal Arslan et Wiam Wahhab.

Le Mouvement Marada

Le mouvement Marada est dirigé par le chrétien maronite Suleiman Franjieh, proche allié du Hezbollah et ami du président syrien Bashar al-Assad. Il est perçu comme le candidat qui succèdera au président Michel Aoun cette année.

Le soutien au mouvement Marada est concentré dans le nord du Liban près de Zgharta, le berceau de la famille Franjieh.

Le Parti Kataeb

Le Parti Kataeb est dirigé par le chrétien maronite Sami Gemayel, qui a pris la direction du parti après son père, l’ancien président Amin Gemayel.

Sami Gemayel est apparu sur le devant de la scène après la mort en 2006 de son frère, Pierre Gemayel, victime d’une vague d’assassinats contre des opposants à l’influence syrienne au Liban. Le parti Kataeb est opposé au Hezbollah et ses députés ont démissionné du Parlement après l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Il a ensuite cherché à former une alliance réformatrice pour contester les élections.

L’opposition

Quelques partis opposés à l’élite dirigeante traditionnelle prennent également part aux élections. Certains d’entre eux se sont déjà présentés et d’autres se présentent pour la première fois.

Cependant, malgré des mois de négociations, de nombreux membres de partis politiques n’ont pas été en mesure de former une plate-forme électorale unifiée ou une alliance pour se présenter aux élections.

Source : Middle-East online

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