La Tunisie rejette les déclarations d’Erdogan et les qualifie d’ingérence

Hier soir, la Tunisie a exprimé rejet et surprise face aux propos du président turc Recep Tayyip Erdogan, dont les déclarations au sujet de la dissolution du parlement tunisien ont été perçues comme une remise en cause du processus démocratique et une ingérence dans les affaires intérieures du pays. Le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de Turquie pour l’informer de son rejet ferme et officiel des déclarations d’Erdogan.

Il y a deux jours, Erdogan a critiqué la décision du président tunisien Kais Saied de dissoudre le Parlement gelé depuis huit mois, la qualifiant de “distorsion de la démocratie” et de “coup porté à la volonté du peuple tunisien”, et la jugeant “inquiétante pour l’avenir de la Tunisie”.

Avant que le ministre tunisien des Affaires étrangères Othman Jerandi ne passe un appel téléphonique à son homologue turc Mevlut Cavusoglu, le ministère tunisien des Affaires étrangères a exprimé son “profond étonnement face à la déclaration du président turc concernant la Tunisie”.

Le ministère a déclaré dans un communiqué que les propos d’Erdogan concernant la dissolution du parlement étaient “une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures”, et qu’ils sont “en totale contradiction avec les liens fraternels qui unissent les deux pays et peuples et le principe du respect mutuel entre pays”.

Le ministère a ajouté que “la Tunisie est attachée aux constantes de sa politique étrangère et à son souci de construire une relation étroite avec les pays frères et amis, basée sur la coopération, la solidarité, la concertation et la confiance mutuelle”, et qu’elle est également partisane de l’indépendance de ses décisions nationales et rejette fermement toute tentative d’ingérence dans sa souveraineté et les choix de son peuple, ou de remise en cause de son irréversible processus démocratique.”

Le ministère a rappelé que “la Tunisie est un Etat libre et indépendant”, et que “le peuple qui en est le souverain et seul habilité à choisir la voie vers une réelle liberté qui préserve sa sécurité et sa dignité, soutient ses droits, valorise tous ses acquis, et rompt avec les vestiges du passé et la voie d’une démocratie formelle qui n’a rien à voir avec la volonté des tunisiens et des tunisiennes”.

De son côté, Othman Jerandi a indiqué mercredi sur Twitter qu’il s’était entretenu par téléphone avec Melvut Cavusoglu et qu’il avait convoqué l’ambassadeur d’Ankara en Tunisie pour exprimer le rejet des propos d’Erdogan par son pays.

“Je leur ai dit que la Tunisie rejetait la déclaration du président Erdogan et la considérait comme une ingérence dans les affaires tunisiennes, et que les relations entre les deux pays devaient être fondées sur le respect de l’indépendance de la décision nationale et des choix du seul peuple tunisien, et que notre pays ne permet pas que son processus démocratique soit remis en question”, a-t-il ajouté.

La semaine dernière, quelques heures après la tenue d’une séance virtuelle, le président Kais Saied a annoncé la dissolution du parlement qui est gelé depuis juillet dernier, et qui était contrôlé par le Mouvement islamiste Ennahda, allié de la Turquie.

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