Les liens entre l’extrémisme et le commerce illicite en Afrique de l’Est

L’Afrique de l’Est, qui a connu une stabilité relative sur le continent africain et qui est considérée comme un partenaire clé de la sécurité dans la guerre contre le terrorisme, se trouve dans une impasse. Alors que la région peine à se remettre des ravages de la pandémie de Covid-19, elle se retrouve engagée dans la lutte contre l’extrémisme, la criminalité et la corruption.

Encerclées de toutes parts par de puissants groupes terroristes, profondément pénétrées par des groupes criminels nationaux et internationaux et minées en interne par les éléments corrompus de ses classes commerciales, civiques et politiques, les institutions fragiles de l’Afrique de l’Est sont confrontées à une grave menace.

Au cœur de cette lutte se trouve la menace persistante du commerce illicite. Le commerce illicite coûte cher à la société est-africaine, ronge ses structures économiques et sociales, menace ses précieuses populations d’animaux sauvages et draine des ressources vitales qui devraient légitimement être affectées aux objectifs de développement durable.

Les réseaux du commerce illicite en Afrique de l’Est sont intimement liés aux zones d’instabilité politique des pays voisins, comme la Somalie, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le le nord du Mozambique. Les conflits dans ces régions sont entretenus grâce à un trafic bidirectionnel de marchandises illicites avec l’Afrique de l’Est.

Ce rapport révèle de manière vérifiable que le commerce illicite est également devenu le principal financier de l’extrémisme, le bailleur de fonds des entreprises criminelles et le vecteur de la corruption en Afrique de l’Est et dans les régions voisines.

Ce rapport montre comment :

  • Ces dernières années, les infrastructures de transport développées de l’Afrique de l’Est et les marchés de consommation de plus en plus riches ont vu la région devenir une cible de choix pour les réseaux du commerce illicite.
  • La faiblesse des contrôles aux frontières, des infrastructures de sécurité et des outils de surveillance du marché a facilité l’émergence d’un marché de masse pour les marchandises importées et exportées illégalement, notamment les produits pharmaceutiques contrefaits, l’alcool et le tabac.
  • Des groupes militants comme Al Shabaab et Ahlu Sunnah Wal Jamaah exploitent le commerce illégal d’espèces sauvages pour payer leurs soldats et financer leurs campagnes de violence, tout en causant d’énormes dégâts aux populations précaires d’éléphants, de rhinocéros et de pangolins.
  • Le trafic illégal d’espèces sauvages s’est poursuivi pendant la pandémie malgré une prise de conscience internationale croissante de la menace posée par les maladies zoonotiques qui peuvent provenir du transfert illicite de produits d’origine animale.
  • Les conflits en cours dans les pays d’Afrique centrale comme la République démocratique du Congo et la République centrafricaine sont alimentés par l’expropriation et la contrebande de ressources environnementales, dont les diamants et la faune. Ces marchandises illicites sont généralement acheminées par l’Afrique de l’Est avant d’être expédiées vers les marchés internationaux.
  • Les syndicats asiatiques du crime ciblent l’Afrique de l’Est pour importer des produits animaux illicites et exporter des stupéfiants et des produits contrefaits. Leur pénétration de la région a été grandement facilitée par l’essor des technologies numériques et l’absence de toute infrastructure de sécurité numérique significative.
  • Les groupes criminels organisés d’Amérique du Sud, d’Afrique de l’Ouest et d’Europe utilisent également la région comme étape importante pour le trafic international de drogue. L’augmentation des taux de dépendance suggère que la région devient rapidement un marché destinataire de stupéfiants.
  • Des groupes criminels internationaux et régionaux, ainsi que des responsables corrompus, ont agi rapidement pour exploiter la pandémie de Covid-19, vendant des gels désinfectants et des kits de test de coronavirus contrefaits. Les mêmes groupes sont sur le point d’intercepter les chaînes d’approvisionnement légitimes de vaccins Covid-19 avec des substituts contrefaits et potentiellement dangereux.

Source : The Counter Extremism Project

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