Les talibans tentent de convaincre la communauté internationale en ouvrant les portes des universités aux filles

En quête de reconnaissance internationale et d’aide humanitaire, les talibans ont consenti à ouvrir les portes des universités aux filles après leur en avoir interdit l’accès dès leur retour au pouvoir en août 2021.

Le régime taliban a annoncé la réouverture des universités publiques dans six provinces : Laghman, Nangarhar, Kandahar, Nimroz, Helmand et Farah.

Ce changement est intervenu après des pourparlers officiels en Norvège entre des représentants occidentaux et talibans. La Mission des Nations Unies en Afghanistan a qualifié la décision de rouvrir les universités publiques de très importante. Conformément aux instructions strictes de la sécurité du Mouvement, des étudiantes vêtues d’une burqa (voile intégral) ont été aperçues entrant dans l’enceinte d’une université ou des combattants talibans étaient déployés, selon l’AFP.

Le gouvernement taliban qui n’a obtenu la reconnaissance d’aucun Etat à ce jour, promet de respecter les droits des femmes conformément à la loi islamique. Par là, il cherche à trouver avec l’Occident un accord permettant de débloquer 9,5 milliards de dollars d’actifs de la banque centrale gelés par le États-Unis.
A l’issue des trois jours de pourparlers en Norvège, l’Occident a exigé des talibans qu’ils remplissent un ensemble de conditions en échange de la reprise de l’acheminement de l’aide humanitaire, dont en priorité, le respect des droits de l’homme et la réouverture des écoles pour les garçons et les filles. Les talibans ont promis la réouverture de toutes les écoles en mars 2022.

Andrew Watkins de l’International Crisis Group estime que la réouverture des universités est une étape très importante pour le Mouvement taliban, et que cela est de bon augure quant à la possibilité pour les filles de retourner à l’école. Il a ajouté que le Mouvement afghan avait franchi une étape décisive dans son rapprochement de la reconnaissance, bien qu’il soit conscient que cela prendra du temps.

Malgré la réouverture des écoles primaires, les écoles secondaires sont toujours fermées aux filles dans la plupart des provinces depuis le retour des talibans. Les universités de toutes les provinces afghanes sont supposées ouvrir leurs portes en février, mais jusque- là, seules les universités privées avaient ouvert, en prenant bien soin de séparer les filles des garçons.

Les observateurs des développements en Afghanistan estiment que le système éducatif afghan, soutenu depuis des années par des centaines de millions de dollars d’aide étrangère, court beaucoup de risques sous le joug des talibans. Durant leur premier règne entre 1996 et 2001, les femmes n’étaient autorisées ni à travailler ni à s’instruire, et des châtiments moyenâgeux étaient pratiqués sur elles comme la lapidation, la flagellation et la pendaison, par conséquent, malgré la décision de rouvrir quelques universités pour la première fois depuis leur retour au pouvoir il y a environ six mois, l’avenir de l’éducation en Afghanistan est de nouveau plongé dans l’incertitude.

Une enseignante a rapporté à une agence internationale qu’un groupe armé de combattants talibans s’est approché d’elle et de ses collègues dans la rue pour leur rappeler que leurs cheveux et leur bouche ne devaient pas paraître. L’enseignante a déclaré qu’un tiers de ses étudiantes avaient renoncé aux études par crainte de mettre leurs vies en danger. “Nos vies sont menacées lorsque nous quittons nos maisons, les gens ne rient pas et la situation n’est pas sereine. Nous tremblons de peur”, a t-elle confié.
En septembre 2021, le régime taliban a interdit la mixité dans les écoles. Le nouveau conseiller du Mouvement à l’université de Kaboul, Muhammad Ashraf Khairat, avait annoncé que les femmes, qu’elles soient enseignantes ou étudiantes, seraient empêchées de se rendre dans les universités jusqu’à nouvel ordre. “Tant qu’il n’y aura pas de véritable environnement islamique pour tout le monde, les femmes ne seront pas autorisées à venir à l’université ou à travailler… L’islam d’abord ”, avait-il justifié.

Début septembre 2021, le président de l’université de Kaboul a été remplacé par Muhammad Ashraf Khairat, un partisan du Mouvement taliban de 34 ans, qui avait comparé les écoles du pays à des “repères de prostitution”. Le syndicat afghan des enseignants a pour sa part envoyé une lettre au gouvernement taliban, exigeant d’annuler la nomination de Khairat au poste de président de l’université, avançant l’argument d’une expérience académique insuffisante.

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