Téhéran et Ankara : Un duel sournois dans la région du Kurdistan irakien

En Irak, les bases militaires turques font l’objet de frappes répétées sans que les auteurs ne soient jamais clairement identifiés.

Les spéculations sur l’origine de ces attaques ont commencé avec l’attentat qui a ciblé les bases militaires des forces de la coalition internationale près de l’aéroport d’Erbil dans la région du Kurdistan irakien, mené parallèlement à des agressions organisées contre les intérêts turcs, ce qui a alimenté l’idée d’un double message implicite que les auteurs auraient voulu adresser.

Ces attaques sont menées à l’aide de drones chargés de matières explosives ou de missiles dirigés contre les réserves de pétrole des bases militaires. Elles entrainent rarement des morts ou des blessés graves, mais elles sont fréquentes à proximité des bases turques déployées dans la région du Kurdistan, où sont stationnés des centaines de soldats et d’appareillages turcs, chargés de dispenser des formations aux unités armées irakiennes en coordination avec le gouvernement régional.

Des enquêtes conduites par les services de sécurité dans la région du Kurdistan avaient révélé qu’une faction liée aux Forces de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), soutenues par l’Iran, était impliquée dans les attaques.

Étant donné que ces attentats ont coïncidé avec des développements notables dans le dossier du nucléaire iranien, les doutes semblent se dissiper dans une certaine mesure. Après que l’un des réacteurs nucléaires iraniens a été soumis à une frappe de grande envergure, les attaques se sont accélérées au Kurdistan, région que Téhéran refuse de laisser échapper au contrôle de ses milices, contrairement au reste de l’Irak. Il a ensuite commencé à y semer la confusion en ciblant des bases étrangères, appartenant aussi bien à la Turquie qu’à la coalition internationale.

Le gouvernement central irakien n’a pas engagé de poursuites contre les unités impliquées dans les attaques précédentes, bien que les services de sécurité kurdes aient révélé leurs identités, leurs organisations militaires et leurs bases. Il a également fermé les yeux sur la question des zones contestées entre le gouvernement central et le gouvernement régional du Kurdistan irakien. Cela concerne un territoire qui s’étend sur plus de mille kilomètres, dans lequel des centaines de factions armées de la Mobilisation populaire chiite se propagent sans se soumettre au moindre contrôle militaire et en outrepassant les instructions du commandant en Chef des Forces Armées.

A titre d’exemple, les forces irrégulières affiliées aux Forces de mobilisation populaire, comme la brigade 30, contrôlent les zones frontalières du Kurdistan, et des tirs de roquettes ou des missiles sont régulièrement lancés du côté de ces unités affiliées à l’Iran vers des bases militaires turques. Malgré cela, la brigade nie toute implication dans ces assauts et soutient que la zone qui sépare les deux parties est un “no man’s land” qui n’appartient à personne.

Téhéran et Ankara se disputent frénétiquement les zones du nord-ouest de l’Irak. Alors que l’armée turque insiste pour y maintenir des bases militaires fixes, les attentats de la Mobilisation populaire viennent lui rappeler que Téhéran représente la première force de frappe en Irak grâce à ses militaires bien équipés et entraînés, et à son influence au sein du gouvernement irakien lui-même.

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