Le Qatar et Oman jouent-ils aux médiateurs entre Téhéran et Riyad ?

L’émir du Qatar, le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, a rencontré mardi à Doha le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian, avec qui il a abordé les négociations nucléaires indirectes entre Washington et Téhéran qui visent à relancer l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, ainsi que la situation au Yémen et en Afghanistan, selon l’annonce du ministère iranien des Affaires étrangères.

Le ministre iranien est arrivé mardi soir dans la capitale qatarie en provenance de Mascate, où il a rencontré des responsables du sultanat d’Oman, ainsi que le porte-parole des rebelles yéménites houthis, Muhammad Abdul Salam.

Doha et Téhéran entretiennent de bonnes relations qui se sont renforcées pendant la crise du Golfe de 2017, après la décision de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de Bahreïn et de l’Égypte de boycotter le Qatar. La crise qui a pris fin en janvier 2020 lors du sommet d’Al-Ula au Royaume.

Les visites d’Abdollahian à Mascate puis à Doha ont lieu au moment ou Téhéran et Riyad mènent des pourparlers exploratoires pour renormaliser leurs relations et mettre fin à des années de discorde.

Il n’y a eu aucune indication de la part de l’émir du Qatar, du ministre iranien des Affaires étrangères ou du Sultanat d’Oman concernant les pourparlers en cours entre l’Iran et l’Arabie saoudite, mais il est probable qu’il y ait une certaine pression exercée par Mascate et Doha pour accélérer les efforts de trêve, d’autant que les deux Etats entretiennent de bonnes relations avec toutes les parties.

Abdullahian a rencontré son homologue omanais Badr al-Din ben Hamad al-Busaidi à Mascate, ou il a réaffirmé la position de son pays sur la nécessité d’une “solution politique” au conflit au Yémen entre les forces gouvernementales soutenues par la coalition militaire dirigée par Riyad, et les rebelles Houthis soutenus par Téhéran, selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

L’Arabie saoudite accuse son rival régional, l’Iran, d’offrir un soutien militaire aux Houthis, notamment en leur fournissant des missiles et des drones utilisés pour cibler l’Arabie saoudite.

Téhéran affirme que son soutien aux rebelles n’est que politique, tandis que Riyad a appelé à plusieurs reprises à la fin de la guerre au Yémen. Cependant, les analystes croient fermement que la solution qui mettra fin aux affrontements militaires et aux crises politiques se trouve entre les mains de Téhéran, mais que ce dernier entretient cette guerre pour faire pression sur ses opposants régionaux.

Téhéran et Riyad ont entamé des cycles de dialogue l’année dernière à Bagdad dans le but d’améliorer leurs relations rompues depuis janvier 2016. Les deux parties ont jusqu’à présent tenu quatre cycles de dialogue, dont le dernier a eu lieu en septembre.

Lundi, Amir Abdollahian a assuré que la République islamique souhaitait renforcer ses relations avec les pays du Golfe, insistant sur le fait qu’il n’y ait “aucune entrave à la construction de bonnes relations avec les pays de la région”.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a indiqué que la rencontre entre le Cheikh Tamim et Amir Abdollahian a porté sur “les derniers développements des pourparlers nucléaires à Vienne concernant la levée des sanctions abusives, et les problématiques liées à l’Afghanistan et au Yémen”.

L’Iran et les grandes puissances sont engagés dans des négociations à Vienne pour relancer l’accord sur le programme nucléaire iranien, signé en 2015. Les États-Unis, qui se sont retirés unilatéralement de l’accord en 2018 sous l’ancien président Donald Trump, participent indirectement aux pourparlers.

Ces derniers jours, quelques déclarations de personnes impliquées dans les négociations ont dévoilé un certain progrès, tout en soulignant la persistance des désaccords entre les parties sur diverses questions.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a déclaré lundi que les progrès “sont le résultat des efforts de toutes les parties présentes pour parvenir à un accord fiable et stable”.

Les pourparlers visent à ramener les États-Unis à l’accord et à lever les sanctions qu’ils ont réimposées à Téhéran, en échange du retour de ce dernier au plein respect de ses obligations en vertu de l’accord de Vienne. Depuis le retrait de Washington, l’Iran a enfreint une grande partie des restrictions qui lui étaient imposées dans le cadre de l’accord.

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