Accusé à tort d’incendie volontaire, un jeune bénévole algérien a été brûlé vif

Deux ondes de choc succéssives viennt de traverser l’Algérie. D’abord, des incendies dévastateurs et incontrôlables dans lesquels environ 70 personnes ont péri. Parmi eux, des militaires piégés par les flammes alors qu’ils tentaient de porter secours à leurs collègues coincés dans les forêts de Kabylie, transformée en torche gigantesque. Ensuite, un jeune homme “soupçonné” d’avoir provoqué les incendies a été capturé et brûlé vif. Il s’est avéré plus tard que le jeune homme n’était qu’un simple bénévole venu de la ville de Miliana (120 km à l’ouest de la capitale), pour aider les habitants de la région à maitriser les flammes.

La justice algérienne a ouvert une enquête dans la commune de l’Arbaa Nath Irathan pour “meurtre par le feu”.
Selon le parquet, “un groupe de citoyens a arrêté trois personnes se trouvant dans une voiture, soupçonnées d’être impliquées dans les incendies de forêt, et après les avoir battues, la police est intervenue pour secourir les trois individus et les a transférés au poste de police.”

“Cependant, le groupe a poursuivi son assaut contre le poste de police en ayant recours à la violence, et il a réussi à faire sortir l’un des trois et à le traîner jusqu’à la place de la ville en le frappant et en mettant le feu à son corps, ce qui a entraîné sa mort. Les policiers qui sont intervenus pour protéger la victime et la secourir ont subi diverses blessures.”

En Algérie, ce lynchage a suscité l’horreur et l’indignation. Amnesty International a appelé jeudi les autorités algériennes à enquêter sur les vidéos publiées par les internautes montrant le groupe d’individus en train de mettre le feu au jeune homme.

Ces vidéo ont montré une foule en colère essayant d’extraire le jeune homme d’une voiture appartenant à la gendarmerie nationale, estimant qu’il faisait partie des personnes arrêtées par les autorités pour avoir provoqué les incendies. les images montrent également l’incapacité des gendarmes à maitriser la situation quand la voiture a été brisée et le jeune homme agressé puis brulé vif.

La victime s’appelait Djamel Bensmail. Il avait 35 ans. Il était poète et musicien. De très nombreux algériens lui ont rendu hommage et ont exprimé leur indignation face à la barbarie de ce crime.

“Les autorités algériennes doivent immédiatement enquêter sur les rapports selon lesquels un jeune homme aurait été battu à mort mercredi par des individus en colère à Larbaa Nath Irathene, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, et traduire les responsables en justice. Les autorités doivent envoyer un message clair pour dire qu’elles ne toléreront pas de telles violences “, a déclaré Amnesty International Algérie sur Twitter.

La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme a considéré dans un communiqué que “cet acte est plus barbare que le sort des victimes des incendies”.

Les incendies se sont déclarés lundi dans la région de Kabylie, située dans le nord-est de l’Algérie, et se sont étendus à plusieurs régions, faisant 70 morts jusqu’à présent.

Livrés à eux même face à la catastrophe, les citoyens qui ont fait preuve d’un courage admirable et d’une grande solidarité, se sentent encore une fois abandonnés par les autorités, qui sont même soupçonnées d’avoir “fabriqué” l’affaire Djamel Ben Ismail et de l’avoir “sacrifié” pour diviser un peuple qui s’unit. Une politique très souvent pratiquée par les autorités algériennes.

Le père du jeune homme, Noureddine Bensmail a appelé au calme et a demandé aux autorités de lui remettre le corps de son fils car il ne peut pas se rendre à Tizi Ouzou, disant : “Je ne sais pas ce qui m’attend là-bas.”

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