Imad Al-Banani : L’instrument des Frères musulmans pour dominer la Libye

Samedi 19 juin 2021, la deuxième conférence générale du Parti de la justice et de la construction des Frères musulmans en Libye, a élu pour un mandat de 4 ans le chef de la Confrérie, Imad Al-Banani, à la tête du Parti pour succéder à Muhammad Sawan qui a dirigé le Parti pendant dix ans.

Le choix d’Al-Banani a été fait lors des élections organisées par le Parti pendant sa conférence extraordinaire à Tripoli.

Al-Banani a remporté le deuxième tour du scrutin après que la compétition entre lui et le leader Suleiman Abdel-Qader s’est atténuée.

Cinq dirigeants des Frères musulmans, dont une femme, se sont disputés le poste de chef du Parti.

Imad Abdel Latif Al-Banani est né en 1960 dans la ville de Benghazi dans l’est de la Libye. Il est l’un des fondateurs de la Confrérie dans son pays. Au début de sa carrière, il a travaillé comme ingénieur aéronautique pendant une courte période avant de quitter le pays en 1995 pour s’installer à Zurich, en Suisse.

Selon le site d’information Libye 24, Al-Banani est l’une des figures emblématiques les plus actives de l’organisation internationale des Frères musulmans et une de leurs plus importantes personnalités en Europe.

Il s’est associé au Frère musulman égyptien Youssef Nada, un des hommes d’affaires du groupe. Son fils est propriétaire de la société “Lord Energy” qui est en partenariat avec la société qatari-suisse “Glicnor”, titulaire du contrat de commercialisation du pétrole libyen, mais la Chambre des représentants lui a demandé d’annuler les contrats qui les lient.

Après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye, Al-Banani a eu une forte présence dans le pays et a contribué à l’élaboration d’un plan qui ramènerait la Fraternité sur le devant de la scène politique qui s’est ouverte aux groupes islamistes.

Ce plan a été annoncé lors d’une conférence sous le titre de “Nouveau Testament”. Dans le contexte de ces démarches, Al-Banani a participé en 2012 à la fondation d’un parti politique pour les Frères musulmans , le parti “Justice et Construction”.

En plus de son rôle en tant que politicien, il avait une certaine puissance économique à l’intérieur de la Libye grâce aux fonds qataris, ce qui a conduit le Comité de défense et de sécurité nationale de la Chambre des représentants libyenne à demander d’ajouter le nom de Imad Al-Banani aux 75 personnalités libyennes non mentionnés dans les listes terroristes des pays boycotteurs.

Selon les informations disponibles à son sujet, Al-Bannani appartient au rang des “faucons” au sein du groupe. Il est partisan des solutions militaires plutôt que politiques, ce qui a fait de lui l’un des dirigeants les plus en vue parmi ceux qui rejettent la formation d’une armée nationale libyenne. Cela s’explique par son affiliation à l’équipe “Ali al-Sallabi” qui a piloté la campagne médiatique destinée à le propulser à la tête du Parti de la justice et de la construction.

Al-Banani est l’une des figures de la Fraternité qui aspirait à prendre le contrôle de l’organisation après le “Printemps arabe”. Il a déclaré aux médias : “Nous voyons dans les succès de la Malaisie et de la Turquie un modèle idéal dont nous pouvons nous inspirer”. Il avait également affirmé à l’époque que “l’arrivée des Frères musulmans au pouvoir en Tunisie et en Égypte allait créer une sorte d’harmonie générale dans la région”.

En dehors de Al-Banani, d’autres personnalités parmi les Frères musulmans sont en compétition pour la direction du Parti. Il s’agit de Salah Al-Shalawi, Abdul Salam Ajweedeh, Nizar Kawan, Muhammad Al-Khadrawi et Saleh Al-Mismari.

Les grandes chances dont bénéficie Al-Banani pour remporter le poste sont expliquées par le soutien des dirigeants radicaux de la Confrérie, à leur tête Al-Sadiq Al-Ghariani et Ali Al-Sallabi qui résident en Turquie et qui pilotent à distance les prochaines élections.

Al-Banani est perçu comme l’opposé de l’actuel président, Muhammad Sawan, qui avait contribué à freiner l’ingérence du groupe dans les affaires du Parti depuis sa prise de fonction en 2012.

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