La visite d’Ahmadinejad au Caire : La Confrérie a tenté de marcher sur les traces du guide suprême iranien

“Le progrès, la puissance et la fierté de l’Égypte sont le pouvoir et la fierté de l’Iran et de tous les peuples de la région, et le renforcement des relations avec l’Égypte est une décision nationale en Iran avant d’être une décision présidentielle, avec tout le respect pour l’Égypte et son peuple et dans l’attente de meilleures relations avec elle.”

C’est le langage que l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait tenu à propos de l’Égypte le 5 février 2013, lors de sa visite au Caire à l’époque du régime des Frères musulmans dirigé par Mohamed Morsi. Un discours qui laisse supposer que les relations entre les deux pays ont commencé à se normaliser aux yeux du public après plusieurs décennies au cours desquelles les dirigeants des Frères musulmans effectuaient des visites secrètes en Iran.

Les Objectifs de la visite

La visite d’Ahmadinejad en Égypte a été la première du genre pour un président iranien depuis 34 ans environ. Lorsque la révolution islamique dirigée par l’ancien guide suprême Ruhollah Khomeini a abouti à la victoire en 1979, les relations entre l’Iran et l’Égypte ont été rompues.

Cette visite était une tentative d’Ahmadinejad au cours de ses dernières années au pouvoir de convaincre le régime du guide suprême à Téhéran, qu’il avait réussi à réaliser un exploit historique en mettant fin à une brouille vieille de plusieurs décennies avec l’Égypte, car du point de vue iranien, cette réconciliation représente un coup dur pour l’Occident qui s’emploie à isoler l’Iran de son environnement arabo-islamique.

D’autre part, le régime des Frères musulmans a tenté une démonstration de puissance en affichant les iraniens à leur côté. Ahmadinejad a effet eu droit à un accueil chaleureux à l’aéroport international du Caire, de plus, certains membres de la Confrérie se sont rendus à la mosquée Imam Hussein pour recevoir Ahmadinejad en brandissant des banderoles souhaitant la bienvenue à leur invité de prestige.

La position d’Al-Azhar

Al-Azhar Al-Sharif a adopté une position stricte vis à vis de cette visite. Le cheikh de la mosquée, le Dr Ahmed Al-Tayeb, a appelé l’Iran dans une déclaration à ne pas s’ingérer dans les affaires des États, et a souligné son rejet de l’expansion chiite dans les pays sunnites.

Le cheikh d’Al-Azhar ne s’est pas contenté de cela, il a également demandé à Ahmadinejad de “donner leurs droits de citoyens aux sunnites de l’Iran, particulièrement dans la province d’Ahvas, comme stipulé par la charia islamique et toutes les lois et normes internationales, et de travailler pour arrêter les effusions de sang en Syrie et y rétablir la sécurité.”

La colère populaire

La visite de Ahmadinejad a été mal perçue par les Égyptiens qui se sont rendu compte que ce séjour traduisait le désir des Frères musulmans de copier le modèle iranien des Gardiens de la révolution et des milices iraniennes qui sont prêts à liquider des millions d’humains pour mettre en œuvre leur projet d’exporter la révolution islamique. Ils étaient également conscients que le régime des mollahs s’érigeait contre les savants issus des peuples sunnites. Un sondage du “Pew Center” américain a indiqué que 76% des Égyptiens avaient des opinions négatives sur l’Iran.

À l’époque, certains analystes politiques égyptiens avaient mis en garde contre le danger d’un rapprochement entre l’Iran et les Frères musulmans, soulignant que le groupe voulait remettre l’Égypte sur un plateau et ouvrir la voie à une plus grande expansion chiite, ce que les égyptiens ont toujours refusé. Les Frères musulmans ont œuvré dans ce sens jusqu’à ce que la révolution du 30 juin vienne remettre les choses en perspective.

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