Sale temps pour la liberté de la presse en Turquie

Les dernières violations de droits du régime Erdogan à l’encontre des journalistes et des médias de l’opposition sont venues verser de l’huile sur le feu du dossier déjà brulant de la liberté et des droits de l’Homme en Turquie.

Vendredi 15 janvier, le journaliste Orhan Uguroglu du journal “Yeni Ça” se fait physiquement agresser par trois individus non identifiés alors qu’il se trouvait dans sa voiture non loin de son domicile d’Ankara. Il dénonce cette agression et poste sur son compte twitter des photos de ses blessures qui ont été partagées de nombreuses fois par des médias de l’opposition et des associations de défense de la liberté de la presse.

Les médias turcs ont rapporté que dans les jours précédents, Orhan Ugurogly avait adressé de vives critiques envers le Parti de la justice et du développement (AKP), le parti du pouvoir en place, et son allié le Parti d’action nationaliste, concernant leur totale incapacité à gérer les crises que traverse le pays. Les médias précisent qu’il ne s’agit pas de la première agression exécutée par des inconnus contre des journalistes de l’opposition.

Récemment, le régime Erdogan a ciblé les chaines télévisées qui lui sont opposées, allant jusqu’à la fermeture de certaines d’entre elles comme la chaine “Olay TV”, fermée fin décembre 2020 après moins de 30 jours d’activité. La chaine avait diffusé un rapport de réunion du Parti démocratique des peuples (HDP), un parti de gauche issu du mouvement politique kurde et représenté à la Grande Assemblée nationale de Turquie.

Début 2021, le président turc appelle les citoyens à boycotter le journal d’opposition “Sozjo” qui avait publié un dossier sous le titre “Larmes et désastres de 2020”, dans lequel il condamnait la transformation de la basilique Sainte-Sophie d’Istanbul de musée en mosquée.

Vendredi 24 juillet 2020, première prière à la basilique Sainte-Sophie reconvertie en mosquée, avec Erdogan au premier rang

Le 11 janvier 2021, le classement mondial de la liberté de la presse a révélé que la position de la Turquie avait considérablement reculé en 2020. Classée 99e sur 180 pays en 2002, elle se retrouve à la 154e place en 2020. Une forte régression expliquée par les 361 procès intentés contre les journalistes turcs en 2020, ainsi que l’arrestation de 86 et l’emprisonnement de 70 d’entre eux. 100 journaliste ont quitté leurs fonctions en raison de la censure et de la pression que le régime exerce sur eux.

Le journaliste turc Murat Yetkin a déclaré sur son compte twitter que le régime Erdogan persécutait tous les médias qui refusent de suivre la ligne directive du pouvoir en place, et que 2020 représentait l’année de l’effondrement des initiatives des médias indépendants. Murat Yetkin a ajouté que le régime refusait de transmettre sur les chaines privées les discours et les discussion du HDP au Parlement, comme le faisait Olay TV qui a cessé d’émettre. Il s’attend à tout moment à ce que les discours du parti de l’opposition au Parlement soit totalement interdits de diffusion.

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