La majorité des sujets abordés au cours des réunions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui ont eu lieu cette semaine au Maroc concernent la protection des pays vulnérables contre l’impact croissant du changement climatique, et la résolution des problématiques liées à la mobilisation de financements suffisants pour contribuer à l’atténuation et à l’adaptation.
Les leaders d’opinion, les décideurs politiques, les fonctionnaires, les chefs d’entreprise, les représentants de la société civile et les responsables du monde de la finance ont passé en revue tous les sujets d’actualité, de l’aggravation du surendettement à l’assombrissement des perspectives de croissance à moyen terme, en passant par l’escalade des risques géopolitiques au sein d’une économie déjà affaiblie.
La pression constante exercée par les dirigeants et les décideurs politiques du FMI et de la Banque mondiale pour trouver des solutions de financement pour les pays à revenu faible et intermédiaire, ainsi que l’accent mis sur la construction d’une économie mondiale financièrement stable, plus propre et plus verte, constitue une introduction à leurs préparatifs pour la COP28.
Aujourd’hui, les décideurs politiques, les régulateurs et les responsables financiers se préparent à rencontrer des représentants du secteur privé et des gouvernements à Dubaï, entre le 30 novembre et le 12 décembre, afin de trouver des solutions aux problèmes mis en évidence lors de la réunion annuelle de Marrakech.
L’accent est clairement mis sur la nécessité d’investir pour stimuler les efforts d’atténuation et d’adaptation au changement climatique et de veiller à ce que le monde ne prenne pas de retard par rapport aux objectifs climatiques fixés pour 2050.
« La COP28 est très importante, car dans le monde fragmenté actuel, si vous voulez promouvoir des initiatives qui construisent le bien public mondial autour du climat, vous devez avoir de grands acteurs qui se rassemblent », a déclaré au journal The National Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, en marge de la réunion.
« Pour nous, c’est très important parce que la région Mena a été soumise à de [nombreux] événements climatiques au cours des deux dernières décennies. Avec l’augmentation de la température que nous connaissons actuellement, nous avons démontré qu’elle a affecté le niveau de croissance. »
D’âpres négociations devraient avoir lieu à Dubaï pour remettre le monde sur la voie de la neutralité carbone d’ici 2050. De nouveaux engagements seront nécessaires pour combler le déficit du financement requis pour protéger les pays les plus vulnérables des conséquences du changement climatique.
« Nous devons aider les pays qui ne font pas partie des grands émetteurs à s’adapter, ce qui nécessite des investissements pour les pays qui disposent d’une marge de manœuvre budgétaire très, très étroite », a déclaré Jihad Azour.
Selon le directeur du département de la région MENA, c’est la fragilité des nations les plus pauvres du monde qui pousse le FMI à mettre en avant l’aggravation de la situation climatique.
« Cette région compte un certain nombre de pays fragilisés par des conflits ou d’autres problèmes, et nous voulons sensibiliser l’opinion publique pour qu’elle soutienne ces pays », a-t-il déclaré.
Situmbeko Musokotwanem, ministre zambien des finances et de la planification nationale, a déclaré qu’il espérait que la COP28 proposerait un ensemble de politiques pour l’Afrique afin de stimuler l’investissement et la stabilité financière dans la région, donnant ainsi aux nations africaines la capacité de faire face aux défis climatiques.
« Je pense que pour nous, c’est une opportunité. Bien sûr, c’est un défi, mais ce qui est plus positif, c’est que nous voyons des opportunités… concentrons-nous sur ces opportunités plutôt que de lever les bras au ciel », a-t-il déclaré lors d’un point presse.
Le FMI considère également le climat comme un secteur ayant un potentiel de croissance, d’investissement et de création d’emplois, et la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a intérêt à accroître son empreinte en matière de recherche et à jouer un rôle de premier plan au niveau mondial, a déclaré M. Azour.
« C’est pourquoi, pour nous, la COP28 est très importante », a-t-il déclaré. « Elle fait partie de l’agenda de la croissance mondiale. Le climat est quelque chose dont nous avons besoin. »
Le FMI collabore déjà avec les Émirats arabes unis sur le programme de la COP28.
Au mois d’avril, Kristalina Georgieva, directrice générale du fonds basé à Washington, le Dr Sultan al-Jaber, président désigné de la COP28, et Mark Carney, envoyé spécial des Nations unies pour l’action climatique et le financement et coprésident de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero, ont appelé les gouvernements, les institutions financières internationales, les banques de développement, les organisations philanthropiques et les institutions financières privées à contribuer collectivement à l’augmentation du financement de la lutte contre le changement climatique et à donner accès aux milliers de milliards de dollars nécessaires pour atteindre les objectifs fixés.