Algérie : Les défis de la Sonatrach pour atteindre la sécurité énergétique et la croissance

Le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, a été nommé en février 2020 pour relever d’énormes défis, notamment remédier au manque de transparence de la NOC algérienne, inverser la tendance à la baisse de la production de pétrole et de gaz, obtenir des investissements étrangers et développer de nouveaux marchés pour le gaz naturel, au moment même où les prix s’effondraient. Sans oublier la transition énergétique.

Trois années plus tard, les prix se sont envolés et un marché important et de grande valeur s’est ouvert en Europe pour le gaz naturel, grâce à la décision de la Russie de poursuivre la guerre en Ukraine.

Dans ce contexte, Toufik Hakkar a récemment annoncé que les ressources algériennes en gaz naturel n’attendaient que l’Europe pour se manifester avec des accords d’achat à long terme. Mais ce n’est- pas aussi simple.

Le principal défi auquel est confronté le marché algérien est la faculté de Sonatrach à développer ses capacités institutionnelles. À moins d’une réforme fondamentale, le principal obstacle réside dans l’insistance de la Sonatrach à conserver une participation dans le contrôle de toute l’entreprise de production.

Juste avant la nomination de Toufik Hakkar, une loi de décembre 2019 modifiant le cadre juridique et fiscal du secteur des hydrocarbures a été promulguée, censée améliorer l’environnement pour les investisseurs étrangers. Cependants, la simple augmentation des investissements ne résoudra pas ces problématiques, pas plus que l’augmentation des prix. Le paysage concurrentiel en amont de l’Algérie doit changer radicalement.

L’Algérie exporte du gaz par gazoducs vers l’Espagne et l’Italie et par navires-citernes à partir de deux usines de gaz naturel liquéfié (GNL). Elle joue depuis longtemps un rôle essentiel dans l’équilibre gazier de l’Europe en tant que troisième fournisseur (après la Russie et la Norvège), assurant 10 % des besoins du continent.

L’ancien premier ministre italien, Mario Draghi, s’est rendu à Alger le 18 juillet 2022 et en est revenu avec la promesse du président Abdelmadjid Tebboune de fournir du gaz pour une valeur de 4 milliards de dollars.

L’entreprise publique Sonatrach affirme avoir livré à l’Italie plus du double de la quantité prévue depuis le début de 2022.

L’Algérie a atteint une production record de gaz en 2021, avec un bond à plus de 100 milliards de mètres cubes, une surprise après une période de stagnation depuis 1999 où la production oscillait entre 80 et 90 milliards de mètres cubes par an.

Le pays consomme lui-même environ la moitié du gaz qu’il produit, et l’augmentation de la consommation intérieure a entamé les exportations, mais l’augmentation de la production a permis aux exportations d’atteindre des niveaux qui n’avaient pas été atteints depuis 2008.

Malheureusement, la capacité de l’Algérie à aider l’Europe à surmonter sa crise gazière – et à en tirer un profit substantiel – est entravée par deux facteurs : la capacité et la politique.

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