La principale responsable des cellules dormantes de l’Etat islamique a été arrêtée dans le camp syrien d’Al-Hol lors de la seconde phase de la campagne “Humanité et sécurité” menée le 7 septembre. Selon les aveux de cette femme, une brigade appelée “Ansar al-Afifat” y a été créée pour commettre des meurtres, et elle en a commis des dizaines.
Ses déclarations ont révélé une nouvelle dimension du danger que représente le camp d’Al-Hol. Depuis 2019, des meurtres y ont été commis, des cadavres ont été balancés dans les canaux d’égouts, et un groupe de mercenaires créé sous le nom de “Brigade Ansar al-Afifat”, a été formé pour exécuter les meurtres.
Qui est cette femme l’Etat islamique ?
Rowaida Hamoud Salem est née en Irak en 1989. Son père a été enlevé par l’Etat islamique lors de l’attaque de Mossoul en 2014. Son mari a rejoint l’EI et ils se sont tous deux rendus en Syrie. Elle est mère de deux garçons, et son époux mercenaire a disparu à Baghouz.
Les meurtres organisés dans le camp par les cellules dormantes de l’EI visent les membres des forces de sécurité et les résidents. Deux divisions ont été formées : un groupe de renseignement et un groupe d’exécutants. Rowaida Hamoud Salem est la chef de la brigade des exécutants et la première responsable des cellules dormantes de l’EI au sein du camp, ou elle s’est donné plusieurs noms tels que Oum-Omar, Oum Tijan, Oum Jumaa, Oum Amara et Oum Junaid, selon les preuves en possession des forces de sécurité intérieure.
« Nous avons tué une femme avec un marteau »
Rowaida a rejoint les cellules de l’EI d’Al-Hol à la fin de l’année 2019. À l’intérieur du camp, elle a fait la connaissance d’une femme appelée Oum Ibrahim. Cette dernière était liée à des réseaux de Daesh à l’étranger. Après avoir rejoint les cellules de l’organisation, Rowaida a vécu dans la même tente que les autres membres féminins, avec qui elle recueillait des informations sur les détracteurs de l’idéologie extrémiste de l’Etat islamique.
“Après cela, j’ai progressivement commencé à tuer ces gens”, a-t-elle confessé.
“En ce qui concerne les meurtres, nous ne devons pas nous connaître les uns les autres. Nous sommes les participants à une opération. Nous ne faisons confiance à personne. Nos mouvements étaient très limités. Oum Ibrahim et moi avons enlevé une femme nommée Amida Oum Mohammed du deuxième secteur, et l’avons tuée dans le premier secteur de la rue. Oum Ibrahim, Oum Oubaidah et deux autres personnes ont participé à l’opération. J’ai tué cette femme avec un marteau, je n’avais pas d’arme à feu. Après l’avoir tuée, nous avons toutes frappé sa tête avec le marteau. Puis Oum Ibrahim et deux autres hommes l’ont mise dans une voiture et l’ont jetée dans les égouts.”
Après cette opération, la confiance des cellules de l’EI dans la chef s’est progressivement renforcée, et des dizaines de meurtres ont été commis à l’aide d’un silencieux qui lui a été fourni clandestinement par un élément extérieur ; un mercenaire appelé Jarrah.
Jarrah a déjà vécu dans le camp, puis en est parti. Il porte également plusieurs autres noms comme Ezz El-Din, Abou Ali, et Abou Ammar. Il pourvoit à tous les besoins des cellules terroristes du camp et, progressivement, il commence à lancer lui-même des ordres d’assassinat. On suppose qu’il est devenu un des leaders de l’organisation terroriste.
Trafic d’armes
Rowaida a ensuite commis un deuxième meurtre en pleine rue. “Ils veulent semer la terreur dans le cœur des résidents du camp en utilisant les armes”, a-t-elle fait observer. Elle a poursuivi : “C’est Jarrah qui m’a apporté l’arme. Il y avait auparavant un chirurgien à l’intérieur du camp, mais maintenant il est à l’extérieur. Je ne l’ai pas vu. Je l’ai connu par l’intermédiaire d’Abou Farouk et d’Oum Farouk. Le deuxième meurtre visait Abou Fatima, qui vit dans le septième secteur. Nous avons reçu l’ordre de le tuer depuis l’extérieur.”
“Des hommes armés sont entrés dans le camp dans le but précis de tuer Abou Fatima. Lors de l’organisation de l’assassinat, Abou Abdallah était supposé participer, mais il a été arrêté par les forces de sécurité intérieure avant que l’opération ne soit menée à bien, alors Abou Farouk a pris sa place. Oum Oubaidah, Oum Ibrahim, Abou Farouk et moi-même sommes entrés dans le septième secteur et avons tué Abou Fatima avec un silencieux. Puis ils ont jeté son corps dans les égouts.”
Ce fut ensuite au tour d’une résidente du cinquième secteur d’été ciblée. Mari a également été tuée en pleine rue par Rowaida, qui en a reçu l’ordre. Elle l’a d’abord extirpée de la tente ou elle se trouvait et l’a conduite dans une autre. Là, elle l’a interrogée avant d’envoyer les informations recueillies au chirurgien. Ce dernier a ordonné qu’elle soit exécutée. Rowaida l’a donc tuée avant de balancer son corps dans les égouts, une nouvelle fois.
La criminelle de l’EI recevait également des ordres de l’étranger. Ceux qui n’obtempèrent pas sont interrogés puis lapidés. Selon elle, le principal responsable de ces opérations est la “hisbah”, un principe islamique qui, dans les courants extrémistes comme le salafisme et le wahhabisme, désigne l’ordonnancement du bien et l’interdiction du mal.
Après cette série de meurtres, Rowaida est devenue responsable des tentes où se déroulent les interrogatoires et les meurtres. De là, le groupe “Ansar al-Afifat” a été formé. Ce groupe particulier de mercenaires est utilisé pour des opérations avec des armes silencieuses. Par l’intermédiaire de Oum Farouk, Rowaida a contribué au groupe en apportant des armes et des explosifs.
Le mercenaire Jarrah a demandé à Rowaida d’aménager un endroit pour les cellules djihadistes, qui, à ce moment-là, n’étaient pas nombreuses à l’intérieur du camp, mais leur nombre a augmenté depuis. A ce sujet, elle a déclaré : “Je transférais des armes entre eux (les combattants). J’ai apporté une arme B-7 au quatrième secteur, je leur ai récemment apporté une ceinture d’explosifs, et à la demande de Jarrah, j’ai caché trois kalachnikovs à l’intérieur du camp.”
“Jarrah avait l’habitude de nous apporter des armes dans le camp. Oum Farouk m’informait par téléphone et j’ai reçu ces armes de sa part. Nous avons aménagé un endroit souterrain pour y cacher toutes nos armes afin de procéder aux meurtres, nous y allions à trois ou quatre personnes. Et les personnes qui étaient recherchées par les forces de sécurité, nous leur faisions porter des ceintures d’explosifs. J’en portais une aussi. C’est ainsi que nous nous déplacions à l’intérieur du camp. Les forces de sécurité intérieure ont mené de nombreuses opérations, mais nous nous sommes toujours échappés, et si on me l’avait demandé, je me serai fait exploser avec la ceinture. Je ne regrette pas d’avoir mené ces opérations”.
Source : Hawar news Agency