Le Hamas veut diriger un front multi-factions pour défier l’Autorité palestinienne

Le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, a appelé le 19 juin à trouver un accord sur une stratégie palestinienne pour surmonter les divisions internes et établir un front national qui sauvegarde les principes palestiniens tout en gérant le conflit avec Israël, et qui serve de référence pour la reconstruction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Depuis 2007, les territoires palestiniens sont soumis à des divisions politiques entre la Cisjordanie et la bande de Gaza. Les efforts déployés depuis pour parvenir une réconciliation n’ont pas abouti.

Face à l’échec de la réconciliation nationale et depuis la bataille de mai 2021 contre Israël, le Hamas aspire à rassembler toutes les factions palestiniennes.

La réunion du Conseil central de l’OLP de cette année a été boycottée par plusieurs factions dont le Hamas, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le mouvement du Jihad islamique palestinien (JIP). La déclaration conjointe publiée par le Hamas, le JIP et le FPLP le 9 février est considérée par certains comme un premier pas vers la mise en œuvre d’une stratégie nationale globale capable de mettre un terme à la main mise de l’Autorité palestinienne sur le processus décisionnel politique.

Le chef du Hamas, Khaled Meshaal, a déclaré en février 2022 que le Hamas cherchait à former un front unifié qui ne remplacerait pas l’OLP. Il a précisé qu’en coopérant avec l’OLP, un tel front serait en mesure d’élaborer un projet national.

Les discussions entre les factions pour parvenir à la formation d’un nouveau front se déroulent dans la bande de Gaza et dans la capitale libanaise, Beyrouth.

Ismail Haniyeh est arrivé à Beyrouth le 21 juin et a rencontré une délégation du JIP 3 jours plus tard. Il doit rencontrer une délégation du FPLP dirigée par Jamil Mezher, le secrétaire général adjoint du Parti basé également à Beyrouth.

Ahmed Abou Hamza, le porte-parole des Brigades al-Qods, la branche armée du Jihad islamique palestinien, a annoncé le 18 juin les exercices militaires d’Azm al-Sadiqin à Gaza dans le cadre des préparatifs à un affrontement ultérieur avec Israël. Des centaines de combattants des unités militaires des Brigades al-Qods, notamment les unités de missiles et d’artillerie, ont pris part à l’exercice qui s’est terminé le 20 juin.

Le 21 juin, le site Internet officiel des Brigades al-Qods a diffusé des séquences vidéo des manœuvres, notamment de plusieurs tirs d’artillerie et de roquettes vers la mer de Gaza, compte tenu de l’espace réduit pour effectuer les tests de missiles. L’exercice s’est étendu le long du littoral de la bande de Gaza pour la première fois. Les médias de Gaza n’ont pas été autorisés à couvrir l’exercice afin de maintenir le secret des manœuvres.

Tariq Salmi, le porte-parole du Jihad islamique palestinien, a déclaré à Al-Monitor : « Les Brigades al-Qods ont choisi de mener l’exercice Azm al-Sadiqin trois jours après l’assassinat à Jénine de trois militants des Brigades de Jénine, pour confirmer que la résistance à Gaza à Jénine est unifiée sur le terrain et que le peuple palestinien soutient la résistance palestinienne contre les crimes de l’occupation israélienne qui ne peuvent être tolérés. »

Tariq Salmi a noté que “la réaction du JIP aux crimes de l’occupation sioniste implique une coordination avec toutes les factions palestiniennes”.

Hassan Abdou, un écrivain politique proche du JIP, a déclaré à Al-Monitor que « le JIP à Gaza opère à deux niveaux. L’un d’entre eux est politique. Les factions palestiniennes à Gaza se sont réunies le 13 juin pour discuter de l’escalade israélienne dans le nord de la Cisjordanie, où Israël poursuit les assassinats sur le terrain et la marche du drapeau dans la Jérusalem occupée. A l’issue de la réunion, le JIP a affirmé le droit à la résistance (…) pour faire face aux violations de l’occupation. Le deuxième niveau est militaire à travers les exercices d’Azm al-Sadiqin, qui s’inscrivent dans le cadre des efforts visant à renforcer les capacités militaires et les préparatifs de la prochaine escalade avec l’occupation. Cela est d’autant plus vrai après que le secrétaire général du JIP, Ziad al-Nakhala, a mis en garde l’occupation sioniste le 12 juin contre la poursuite des meurtres sur le terrain en Cisjordanie ».

En mai, la télévision saoudienne Asharq a cité des dirigeants du Hamas affirmant que le mouvement mène un dialogue entre les différentes factions dans le but de former un nouvel organe politique collectif réunissant les forces anti-Fatah, et que les dialogues qui ont eu lieu à Beyrouth et à Gaza « ont parcouru un long chemin ». Il a ajouté que la possibilité de former un large front national incluant « les opposants politiques du Fatah » a été discutée.

« Il existe un consensus palestinien selon lequel l’OLP est inactive et n’a aucun impact sur la réalité politique. C’est pourquoi le calme face à Israël ne peut demeurer la règle du jeu. Il y a besoin d’un front national unifié, et cela a été établi lors de la conférence qui s’est tenue en septembre », a déclaré à Al-Monitor le chef du JIP, Ahmad al-Mudallal, en référence à la Conférence des secrétaires généraux des factions palestiniennes dirigée par le président Mahmoud Abbas à Ramallah et Beyrouth, en présence des secrétaires généraux des mouvements palestiniens de résistance dont le Hamas, le JIP et 14 factions.

Il a poursuivi : « Nous sommes entachés de divisions internes depuis 16 ans maintenant, et nous sommes dans une phase de libération nationale. C’est pourquoi il est indispensable d’élaborer de nouvelles stratégies et un projet consensuel unifié, d’où les rapports sur la nécessité d’une direction ou d’un front national. » Il a ajouté que l’objet des discussions ne servira pas de substitut à l’OLP, car le but est de maintenir la résistance palestinienne en vie sous toutes ses formes populaires et armées.

Mariam Abou Daqqa, membre du bureau politique du FPLP, a déclaré à Al-Monitor que son organisation appelle à la formation d’un large front national comprenant toutes les forces et personnalités nationales. Elle a déclaré que le conflit de mai 2021 avait servi à unifier la position palestinienne et insufflé une nouvelle vie à la cause palestinienne à l’échelle locale et international.

Mariam Abou Daqqa a indiqué que des préparatifs sont en cours pour préparer et formuler le programme d’un large front de résistance nationale qui regroupe toutes les parties souhaitant le rejoindre.

Khalil Shaheen, directeur du Centre palestinien de recherche politique et d’études stratégiques (Masarat), a déclaré à Al-Monitor que cette décision a été motivée par plusieurs facteurs. Il a affirmé que les réformes au sein des institutions officielles, en particulier l’OLP, sont devenues insignifiantes. L’OLP est considérée comme paralysée et l’AP sera confrontée à un conflit lié à la succession de Mahmoud Abbas. Il a ajouté que le Hamas, le JIP et le FPLP ont discuté d’une alliance tactique tripartite à de nombreuses reprises, comme la fois ou Abbas avait nommé à la hâte Hussein al-Cheikh au poste de secrétaire du comité exécutif de l’OLP. Kalil Shaheen a souligné que « ces factions sentent qu’elles doivent travailler pour apporter des changements », et qu’elles constatent de nombreux dangers dans la situation actuelle, dont une éventuelle nomination imposée d’un président, ce qui pourrait provoquer une division irréversible entre Gaza et la Cisjordani

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