Au trente-et-unième jour de la guerre déclarée à Gaza, Israël se prépare à attaquer les tunnels du Hamas dans le nord de la bande assiégée, alors que le nombre de victimes palestiniennes a dépassé les 10 000, parmi lesquelles 4 100 enfants.
Le porte-parole de l’armée israélienne, Richard Hecht, a indiqué aux journalistes lundi que « les forces israéliennes se préparent à attaquer les combattants du Hamas dans leurs tunnels et leurs cachettes souterraines situées dans le nord de la bande de Gaza, après l’isolement de la zone avec des forces et des chars ».
« Nous allons maintenant commencer à resserrer l’étau sur eux, au-dessus et en dessous du sol », a-t-il ajouté.
Au cours des dernières heures, Israël a franchi une nouvelle étape pour atteindre les bastions du mouvement Hamas et ses alliés parmi les factions palestiniennes à Gaza, précisant qu’une division de ses forces blindées avait atteint la route côtière à l’ouest de la ville.
L’armée israélienne a annoncé dans un communiqué avoir pris le contrôle de positions et de points d’observation appartenant au Hamas lors de ses opérations terrestres à Gaza. Elle a déclaré avoir attaqué 450 cibles aériennes, ajoutant que ses forces terrestres ont pris durant la nuit le contrôle d’un site du Hamas qui abrite des points d’observation et des camps d’entraînement, ainsi que des tunnels de combat.
Elle a ajouté que les forces navales israéliennes ont attaqué des quartiers généraux et des sites de lancement de missiles antichars ainsi que d’autres postes d’observation du mouvement.
Sous la direction du renseignement militaire et du Shin Bet, les avions de l’armée israélienne ont ciblé plusieurs chefs du Hamas, dont Jamal Moussa, responsable de la sécurité spéciale du groupe.
La résistance des factions palestiniennes
Les sirènes ont retenti à plusieurs reprises à Tel-Aviv, dans la bande de Gaza et dans la ville d’Ashdod.
Les Brigades Al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, a annoncé avoir bombardé Tel Aviv et Ashdod avec une salve de roquettes en réponse aux attaques israéliennes contre les civils à Gaza.
Al-Qassam a également ciblé la base militaire de Reim avec des roquettes.
Les brigades ont indiqué que leurs combattants sont engagés dans des affrontements armés avec les forces israéliennes qui ont pénétré dans la zone du Sultan, au nord-ouest de Beit Lahia, confirmant avoir détruit un char israélien avec un obus « Al-Yassin 105 ».
Plus de 10 000 morts palestiniens
Un porte-parole du ministère de la Santé de Gaza a déclaré qu’un Palestinien a été tué et plusieurs autres blessés à la suite d’une frappe aérienne israélienne qui a touché un bâtiment appartenant à l’hôpital Al-Shifa à Gaza.
Le porte-parole a précisé que le bâtiment abrite 170 blessés et des centaines de Palestiniens déplacés.
Les bombardements continus par les avions, les chars et les cuirassés israéliens ont fait de nombreuses de victimes dans différentes zones de l’enclave palestinienne.
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza a annoncé qu’« au moins 10 022 Palestiniens ont été tués, dont 4 104 enfants » depuis le 7 octobre.
Le porte-parole du ministère, Ashraf al-Qodra, a accusé Israël de mener une « guerre enragée » contre les hôpitaux et les ambulances dans la bande de Gaza, soulignant que le système de santé dans l’enclave « est devenu complètement impuissant alors que l’offensive entre dans son deuxième mois ».
« L’occupation a directement visé le seul hôpital psychiatrique de la bande de Gaza ainsi que l’hôpital pour enfants de Rantisi », a-t-il déclaré.
Selon le porte-parole palestinien du ministère de la santé, « au moins 292 Palestiniens sont morts dimanche soir » dans les raids de l’armée israélienne, qu’il accuse d’avoir commis 19 massacres au cours des dernières heures.
Le Club des Prisonniers Palestiniens a révélé hier soir que le jeune Majed Abu al-Eish est mort dans la prison israélienne d’Ofer, après avoir été arrêté avec les « travailleurs de Gaza ».
Bombardement des hôpitaux
Des avions israéliens auraient tiré un missile sur le toit de l’hôpital Al-Shifa à Gaza.
Al-Jazeera et Al-Aqsa TV, deux chaines affiliées au Hamas, ont déclaré que les forces israéliennes ont pris pour cible le système de panneaux solaires d’un bâtiment de l’hôpital Al-Shifa.
En parallèle, le groupe qui gère l’hôpital indonésien de Gaza a démenti l’accusation de l’armée israélienne selon laquelle le Hamas utilise les installations de l’hôpital pour lancer des frappes.
Ces déclarations sont venues en réponse aux accusations d’Israël selon lesquelles le Hamas utilise des hôpitaux à Gaza, notamment l’hôpital Shifa, l’hôpital Cheikh Hamad financé par le Qatar, ainsi qu’un hôpital construit par des groupes indonésiens, comme couverture pour ses opérations souterraines.
« Nous avons construit cet hôpital pour aider les autres en fonction des besoins de la population de Gaza », a déclaré Sarbini Abdul Morad, le chef du groupe de bénévoles MER-C qui gère l’hôpital indonésien.
Il a ajouté lors d’une conférence de presse à Jakarta que « les accusations israéliennes sont un prétexte pour attaquer l’hôpital indonésien ».
Le porte-parole de l’armée israélienne a déclaré samedi : « L’une des images satellite a montré des lance-roquettes tomber en face de l’hôpital indonésien. »
Un autre responsable du MER-C a déclaré qu’« il n’y a pas de tunnel sous l’hôpital » et que le réservoir de carburant et ses générateurs électriques se trouvent dans des bâtiments séparés à proximité pour des raisons de sécurité.
L’Indonésie, le pays musulman le plus peuplé du monde, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et a envoyé une aide humanitaire à Gaza.
L’Union européenne : une trêve en échange d’un accès aux otages
Le ministre des Affaires étrangères de l’Union européenne, Josep Borrell, a proposé un plan selon lequel Israël pourrait suspendre ses opérations militaires à Gaza en échange de l’accès de la Croix-Rouge aux otages détenus par le Hamas.
« Je crois qu’une trêve humanitaire, parallèlement à l’accès aux prisonniers avec le Comité international de la Croix-Rouge comme première étape vers leur libération, est une initiative sur laquelle nous pouvons travailler », a déclaré Josep Borrell aux diplomates de l’Union européenne à Bruxelles.
Les Etats-Unis, l’Union européenne et la Grande-Bretagne ont également appelé à une « trêve humanitaire » dans les combats entre Israël et le Hamas à Gaza, qui durent depuis plus de trente jours.
« Appelez cela une trêve, une fenêtre ou quoi que ce soit, mais nous avons besoin que la violence diminue et que le droit international humanitaire soit respecté », a déclaré Josep Borrell.
Selon Borrell, « la réaction disproportionnée des Israéliens finira par leur faire perdre le soutien de la communauté internationale ».
Il a estimé qu’« il n’y a pas de solution militaire au conflit… Même si le Hamas est déraciné de Gaza, cela ne résoudra pas le problème de l’enclave ».
Borrell a décrit l’attaque menée par le Hamas comme un « tournant dans l’histoire » qui déterminera l’avenir du Moyen-Orient pour des décennies.
Il a souligné que « la tragédie qui se déroule au Moyen-Orient est le résultat d’un échec politique et moral collectif pour lequel les peuples israélien et palestinien paient un lourd tribut ».
« Cet échec moral et politique est dû à notre réel manque de volonté de résoudre le problème israélo-palestinien », a-t-il déclaré.
La Russie appelle à la reprise des négociations
De son côté, la Russie a appelé à « la fin des combats à Gaza » et a déclaré que la reprise des négociations israélo-palestiniennes « est indispensable pour éviter le risque d’une guerre plus étendue et d’une hausse des activités terroristes ».
Le ministère russe des Affaires étrangères, qui a provoqué la colère d’Israël le mois dernier en invitant une délégation du mouvement Hamas à Moscou, a estimé que « l’unité palestinienne est nécessaire conformément à l’approche de l’OLP, qui stipule la reconnaissance d’Israël et une solution négociée ».
Il a ajouté que les puissances mondiales doivent « essayer de dissuader les implantations dans certaines zones de Cisjordanie et cesser de violer le caractère sacré des lieux saints de Jérusalem ».
