L’Iran lance une nouvelle purge universitaire en licenciant des professeurs indépendants et réformistes

Le gouvernement fondamentaliste du président iranien Ebrahim Raissi a lancé ces derniers mois une purge qui consiste à expulser des universités les réformistes et les professeurs indépendants.

Cette nouvelle campagne de purges a pris de l’ampleur à la suite des manifestations massives de septembre 2022, déclenchées par la mort de Mahsa Amini, une jeune kurde de 22 ans tuée par la police des mœurs. Les forces de l’ordre ont fait des centaines de victimes parmi les manifestants.

Dans une déclaration du 5 février, l’association scientifique des étudiants de l’université Allameh Tabatabai, a exprimé ses préoccupations au sujet de la nouvelle politique visant les professeurs en déclarant « Récemment, nous avons découvert que des professeurs d’universités de tout le pays, de Téhéran au Kurdistan, ont été soumis à une ‘cessation de coopération’ (ce qui signifie essentiellement un licenciement). » Ces professeurs auraient soutenu les étudiants qui ont manifesté contre le gouvernement et la République islamique pendant les troubles.

Aussi, neuf professeurs de sciences politiques de l’université Azad ont pris leur retraite de manière soudaine et inattendue.

Sousan Safaverdi, professeure à la faculté des sciences politiques de l’université Azad de Téhéran, a confirmé un « départ massif à la retraite » et a souligné qu’en réalité, ces mesures représentaient une « purge ».

D’éminents professeurs ont été victimes de cette tendance. Parmi eux, le célèbre sociologue Saeed Madani, arrêté en 2022 et récemment condamné à une peine de neuf ans d’emprisonnement. Mohsen Borhani, professeur de droit respecté à l’université de Téhéran, est également sur le point d’être licencié pour avoir exprimé son soutien aux manifestants et critiqué ouvertement les procès qui ont abouti à des condamnations à mort.

Arash Raisinejad, célèbre professeur de relations internationales à l’université de Téhéran, a été renvoyé en raison de son soutien aux étudiants protestataires. Confirmant son renvoi de l’université de Téhéran, il a déclaré dans un tweet le 23 avril : « Et si, un jour, les familles iraniennes pouvaient vivre dans la prospérité, le bonheur et la dignité dans leur patrie ? Serai-je témoin de ce jour ? Je l’ignore, mais je garde espoir ».

En février, Morteza Mardiha, professeur de philosophie à l’université Allameh Tabatabai, s’est retrouvé parmi les personnes dont les activités ont été « suspendues ».

Ali Sarzaiem, professeur d’économie à l’université Allameh Tabatabai, fait également la une des journaux à ce sujet. Il a confirmé la nouvelle le 2 mai.

Ces cas mettent en évidence le lourd impact des purges académiques sur des professeurs estimés, et soulèvent de nouvelles inquiétudes quant à la liberté d’expression et à la diversité des perspectives au sein du système éducatif iranien.

Morteza Farrokhi, adjoint au ministère des sciences, a réagi le 13 février en affirmant : « Il n’y a pas d’archives officielles concernant le licenciement de professeurs d’université à la suite des récentes manifestations. Si des licenciements ont eu lieu, ils sont probablement dus à une incompétence académique ou à des retards dans l’obtention des qualifications requises ».

Il a ajouté qu’ « aucun professeur n’a été licencié pour des raisons politiques ».

Il est important de préciser que les professeurs mentionnés ci-dessus ne sont pas les seuls à avoir été visés par les licenciements. Bien d’autres ont subi des conséquences similaires avant les manifestations de septembre 2022.

Reza Omidi, professeur reconnu pour ses importantes contributions scientifiques et ses recherches sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités, a également vu sa coopération avec l’université de Téhéran prendre fin. Cette décision a été rendue publique dans les premiers mois de 2022, incitant 870 étudiants et professeurs à publier une déclaration pour la dénoncer.

En outre, le 21 janvier 2022, l’université Shahid Beheshti s’est séparée du professeur de sociologie Mohammad Fazeli, qui était également conseiller principal au sein du gouvernement de l’ancien président réformiste Hassan Rohani (2013-2021).

Au même moment, l’université technologique Sharif a renvoyé Arash Abazari, un professeur de philosophie renommé, parce que le ministère des sciences « n’a pas validé ses qualifications » pour le maintien de son poste à l’université.

Dans le cyberespace, les partisans du gouvernement actuel cherchent à remettre en question les qualifications académiques des professeurs licenciés, affichant ainsi un point de vue différent sur la question.

Désormais, la préoccupation majeure concerne le remplacement potentiel de professeurs compétents par des personnes employées principalement pour leurs opinions communes avec l’idéologie de la République islamique.

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