Erdogan exploite la fibre religieuse pour influencer les électeurs

Samedi, à la veille des élections présidentielles turques, le président sortant Recep Tayyip Erdogan a rassemblé ses partisans à travers toute la ville d’Istanbul, et conclut la journée par des prières dans la basilique Sainte-Sophie qu’il a reconvertie en mosquée, dans une tentative de toucher la sensibilité religieuse de ses partisans tout en accusant ses adversaires de soutenir le terrorisme.

C’est dans cette ancienne cathédrale byzantine rose datant du IVe siècle, rouverte au culte musulman en 2020, que le président turc a achevé une campagne largement menée sur la base de joutes verbales et de menaces quasi explicites, formulées par lui et son entourage à l’encontre de son adversaire socio-démocrate, Kemal Kilicdaroglu.

Devant une foule de ses partisans, il s’est vanté samedi d’avoir reconverti Sainte-Sophie en mosquée. « Tout l’Occident est devenu fou ! Mais je l’ai fait ! », a-t-il lancé.

À de multiples reprises, Erdogan a accusé l’opposition de liens avec le terrorisme et de mise en danger de la sécurité nationale turque pour promouvoir l’agenda LGBT.

« M. Kemal Kilicdaroglu reçoit ses ordres des terroristes. Nous recevons les ordres de Dieu et de notre nation. C’est la différence entre nous », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement dans le district d’Umraniye.

Il considère que ses rivaux les plus en vue sont liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ; une accusation systématiquement dirigée contre tous ceux qui s’opposent à son autorité.

Vendredi, Erdogan, au pouvoir depuis 20 ans, a promis de respecter le résultat des élections présidentielles et législatives auxquelles 64 millions d’électeurs sont invités à participer, qualifiant tout questionnement sur ce point de « complètement idiot ».

« Nous sommes arrivés au pouvoir par des moyens démocratiques, avec le soutien de notre peuple : si notre nation prend une décision différente, nous ferons ce que la démocratie exige. Il n’y a rien d’autre à faire », a-t-il déclaré, l’air contrarié, lors d’une interview télévisée diffusée sur la plupart des chaînes nationales.

Cependant, la crainte d’un glissement vers la violence persiste dans les grandes villes, après qu’une série d’incidents dans la dernière phase d’une campagne intensément polarisée a forcé son adversaire à porter un gilet pare-balles sous son costume lors de ses derniers meetings.

Le bus du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, figure éminente du Parti républicain du peuple dirigé par Kilicdaroglu, a reçu des jets de pierres dimanche à Erzurum, une ville d’Anatolie orientale.

De retour à Ankara, Kemal Kilicdaroglu a conclu sa campagne ce samedi par une visite symbolique sur la tombe de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne et laïque.

En cas de victoire, il propose une direction collective en désignant des vice-présidents qui représenteront les six partis de la coalition qu’il dirige, de la droite nationaliste à la gauche libérale.

« Êtes-vous prêt pour la démocratie dans ce pays ? Pour ramener la paix dans ce pays ? Moi-même je suis prêt, je vous le promets », a-t-il déclaré vendredi, à l’occasion de son dernier grand meeting à Ankara.

« Je vous promets » est le slogan de sa campagne, à travers lequel il promet le retour à l’état de droit et à l’ordre parlementaire, la séparation des pouvoirs, et la libération de dizaines de des milliers de détenus politiques, de juges, de juristes, d’intellectuels, de militaires et d’employés emprisonnés pour « terrorisme » ou « outrage au président ».

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