La décision de l’Arabie saoudite de réduire la production de pétrole porte un coup sévère aux Etats-Unis et aux sanctions occidentales contre la Russie

L’OPEP+, dirigé par l’Arabie saoudite, a récemment annoncé son intention de réduire la production de pétrole de deux millions de barils par jour à partir du début du mois prochain.

Une analyse du journal américain The Washington Post a conclu que la décision de l’Arabie saoudite est “douloureuse” pour les États-Unis, mais qu’elle n’est toutefois pas surprenante compte tenu de la communication altérée entre Ryad et l’administration Biden.

Oliver Knox, l’auteur de l’analyse, est revenu sur la visite de Joe Biden en Arabie saoudite en juillet dernier, et sur la façon dont il a manqué ses objectifs non déclarés de faire baisser les prix de l’énergie.

Le président américain a exprimé sa “déception” face à la décision de l’OPEP+, que la Maison Blanche a qualifiée de décision “à courte vue” qui pourrait produire des effets considérables sur l’économie mondiale et les élections de mi-mandat aux États-Unis, tandis que certains démocrates ont exigé une réponse rapide à cette décision.

Oliver Knox a souligné que la décision de l’Alliance OPEP est un rejet explicite des “supplications” des Etats-Unis qui cherchent à injecter plus de pétrole sur les marchés mondiaux au lieu d’en réduire les quantités.

Selon l’analyste, ce n’est pas la décision qui est surprenante, mais plutôt “l’étonnement des observateurs américains face à l’échec du voyage de Biden en Arabie saoudite “.

Le résultat final de la visite de Biden au Royaume a été une certaine amélioration des rapports avec Riyad, après des tensions notables provoquées par la promesse électorale du président américain de faire de l’Arabie saoudite un état “paria”, selon l’analyse du WP.

Cette éclaircie dans les relations entre les deux parties n’aura pas duré. Les démocrates en colère exigent une réévaluation des relations avec Riyad, voire des représailles contre la décision de réduire la production de pétrole, ce qui expose le monde à un éventuel ralentissement économique et à une hausse des prix de l’énergie, déjà très élevés.

Samedi, l’agence de presse Reuters a cité des responsables gouvernementaux et des experts à Washington et dans le Golfe, affirmant que la décision de l’OPEP+ a accru la pression sur les relations déjà tendues entre la Maison Blanche sous le président Joe Biden et le Royaume saoudien, qui fut autrefois l’un des alliés les plus puissants de Washington au Moyen-Orient.

Biden espère empêcher les prix du carburant aux États-Unis d’augmenter à nouveau avant les élections de mi-mandat, alors que son parti démocrate peine à conserver sa majorité au Congrès. Washington cherche également à limiter les revenus énergétiques de la Russie dans le contexte de la guerre en Ukraine.

L’administration américaine fait pression sur l’OPEP+ depuis plusieurs semaines. Ces derniers jours, de hauts représentants américains des secteurs de l’énergie, de la politique étrangère et de l’économie ont exhorté leurs homologues étrangers à voter contre la réduction de la production, selon deux sources proches des discussions.

Selon ces sources, les responsables américains ont essayé de présenter la situation comme étant Nous contre la Russie”, et ont dit à leurs homologues saoudiens qu’ils devaient absolument choisir. De son côté, l’Arabie saoudite a répondu que si les États-Unis veulent plus de pétrole sur les marchés, ils devraient commencer à augmenter leur production.

Face à l’entêtement saoudien, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a accusé le royaume de favoriser les revenus de la Russie et d’entraver l’impact des sanctions occidentales contre Moscou pour sa guerre en Ukraine.

“Ces dernières semaines, les Saoudiens nous ont fait part – en privé et en public – de leur intention de réduire la production de pétrole, ce qui, ils le savaient, augmenterait les revenus de la Russie et émousserait l’efficacité des sanctions. C’est la mauvaise direction à prendre”, a déclaré John Kirby. “Nous avons présenté à l’Arabie saoudite des analyses montrant qu’il n’y avait aucune base de marché pour réduire les objectifs de production, et qu’ils pouvaient facilement attendre la prochaine réunion de l’OPEP pour voir comment les choses évoluent.”

“D’autres nations de l’OPEP nous ont affirmé en privé qu’elles n’étaient pas non plus d’accord avec la décision saoudienne, mais qu’elles se sentaient contraintes de soutenir l’orientation de l’Arabie saoudite”, a-t-il ajouté. “Comme le président l’a dit, nous réévaluons notre relation avec l’Arabie saoudite à la lumière de ces actions, et nous continuerons à chercher des signes de leur position dans la lutte contre l’agression russe.”

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