Emmanuel Macron reporte sa visite au Liban pour une durée indéterminée

La France occupe un rôle de premier plan aux côtés des parties libanaises dans la recherche d’une solution qui permettrait d’éviter une guerre entre le Liban et Israël et de parvenir à une trêve durable. Le président Emmanuel Macron, qui devait se rendre à Beyrouth ce mois-ci, a annulé son voyage sans préciser les raisons.  

Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, l’Occident s’emploie à prévenir son expansion sur d’autres fronts, notamment le front libanais. La France mobilise sa diplomatie dans ce sens après que les affrontements ont entraîné des déplacements forcés dans les colonies adjacentes à la frontière libanaise.

Les dirigeants de la Force internationale se préparent à recevoir des responsables politiques et sécuritaires français pour discuter des moyens de mettre en œuvre le plan français visant à « créer une zone tampon dans la région sud du Litani et forcer le Hezbollah à se retirer au nord du fleuve ».

​Il y a deux semaines, Jean-Yves Le Drian, l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron pour le Liban, et Bernard Emier, le directeur du renseignement français ont présenté aux responsables libanais une feuille de route établie par la France pour notamment rassurer leurs colons et éviter l’expansion de la guerre.

Ces derniers jours, une délégation composée d’officiers de l’Elysée et de diplomates du ministère français des Affaires étrangères a pris des dispositions à l’aéroport de Beyrouth en vue de la visite d’Emmanuel Macron, et s’est rendue au sud du Liban pour effectuer une inspection de terrain, sachant que le président français venait visiter le bataillon français opérant dans le cadre de la « FINUL », avant que la visite ne soit reportée.

Toutefois, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, devrait arriver vendredi soir à Beyrouth pour une visite de deux jours, coïncidant avec la visite annuelle du ministre français de la Défense pour saluer les officiers et membres du bataillon français opérant dans le cadre des forces internationales « FINUL » à Naqoura.

Les médias libanais affirment que l’envoyé spécial français Jean-Yves Le Drian reviendra au Liban immédiatement après les vacances de fin d’année et sera accompagné de la ministre Catherine Colonna, afin qu’il achève ce qu’il a commencé, d’autant que la dernière visite a été fructueuse à certains égards, contrairement aux précédentes sessions qui visaient à mettre fin à la vacance à la tête de l’armée libanaise. Le diplomate avait réussi à faire bouger l’inertie ambiante autour de la prolongation du commandement de l’armée et a provoqué un changement qualitatif grâce à sa rencontre avec le chef du bloc parlementaire « Loyauté à la Résistance », Mohammad Raad.

A cela s’ajoute l’enjeu extrêmement important pour la France, qui consiste à « établir une ceinture de sécurité aux frontières d’Israël ». Les délégués ont proposé aux responsables libanais « de déployer des forces françaises des deux côtés de la Ligne bleue pour assurer une distance entre le Hezbollah et la frontière d’une part, et pour protéger les colons d’autre part ».

La France a indiqué qu’en échange de la « zone tampon », Israël ne se retirerait pas du nord de Ghajar, des fermes de Chebaa et des 13 points réservés. La proposition est de « transférer la direction de la Finul hors du sud, sans préciser la destination, Beyrouth ou Tel-Aviv ».

L’accélération du rythme des offensives a incité les États-Unis et la France à redoubler d’efforts pour désamorcer l’escalade militaire grâce à la pleine mise en œuvre de la résolution internationale n° 1701 publiée en août 2006, en particulier l’article 8, qui stipule que la zone qui s’étend de la frontière jusqu’au fleuve Litani doit être évacuée de ses armes et de ses militants, à l’exception de l’armée libanaise et des forces de la FINUL.

Israël a exercé une forte pression par l’intermédiaire de ses hauts responsables, notamment le ministre de la Défense Yoav Galant, qui a promis de repousser les forces du Hezbollah hors de la zone susmentionnée par voie diplomatique si cela est possible, ou par la force si cela s’avère nécessaire.

Le conseiller du président américain en matière de sécurité énergétique, Amos Hochstein, dirige ces efforts, et des sources au Liban indiquent qu’il s’intéresse particulièrement à la situation du sud pour des raisons personnelles et politiques. Le médiateur américain dans le dossier de la démarcation des frontières maritimes entre le Liban et Israël sait pertinemment que toute guerre ultérieure contre le Liban porterait atteinte à l’accord de démarcation – que Hochstein considère comme l’une de ses plus grandes réussites – étant donné que les raffineries et les gisements de pétrole saisis par Israël figurent dans la liste des cibles.

Hockstein tente de convaincre les responsables de l’administration américaine et du gouvernement israélien que la guerre sapera l’accord maritime, ce qui ne sera pas facile car le Hezbollah est dans une position plus forte que le Hamas assiégé.

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