L’Agence pour l’Environnement d’Abu Dhabi préconise l’usage de drones pour lutter contre le changement climatique

Le parc d’al-Jubail, aux Emirats arabes unis, compte plus de 17 500 hectares de mangroves, des zones verdoyantes qui attirent des touristes du monde entier. Cette forêt de palétuviers représente l’un des principaux puits de carbone des Émirats arabes unis.

En septembre, l’Agence pour l’environnement d’Abou Dhabi (EAD) a annoncé l’initiative Ghars Al Emarat (Planter les Emirats), qui consiste à planter 10 arbres palétuviers pour chaque visiteur de la conférence des Nations unies sur le changement climatique COP28, qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre.

Selon Ahmed Ismail Alsayed Alhashmi, le directeur général du secteur de la biodiversité terrestre et marine de l’EAD, le nombre d’invités attendus à la COP28 est compris entre 50 000 à 100 000, dont des représentants de plus de 190 pays, ce qui signifie qu’environ 1 million de palétuviers pourraient être plantés dans les eaux d’Abou Dhabi en l’espace d’environ quatre mois.

La mise en œuvre de ce projet colossal est devenue possible grâce à l’utilisation de drones pour planter les graines. C’est un moyen « beaucoup moins cher » et plus rapide de planter des palétuviers, a expliqué M. Alhashmi.

« Imaginez que vous possédiez une pépinière dans le passé ; il fallait la construire, embaucher de la main-d’œuvre et récolter les graines. Après avoir récolté les graines, il ne fallait pas moins de trois à quatre mois pour obtenir un taux de croissance acceptable. Il fallait utiliser de l’eau douce pour les irriguer. Il fallait les transplanter. Tous ces coûts disparaissent grâce à l’utilisation d’un drone dédié à notre travail. »

Les seules étapes qu’il reste désormais à franchir pour l’équipe de M. Alhashmi sont l’approvisionnement, la programmation des drones, et la préparation des graines de palétuviers.

L’EAD est une agence gouvernementale créée en 1996 et présidée par le Cheikh Hamdan ben Zayed al-Nahyane. Le projet Ghars Al Emarat fait partie du plan des Émirats arabes unis visant à planter 100 millions de palétuviers d’ici à 2030.

Selon les recherches de l’EAD, chaque hectare de mangrove dans la forêt d’Abu Dhabi retient en moyenne 98 tonnes de dioxyde de carbone.

L’utilisation de drones écologiques pour la restauration des mangroves par l’EAD a été reconnue en juin 2022 par le Forum économique mondial comme étant l’une des 12 principales technologies à faible émission de carbone.

« Cette technologie nous aide non seulement à planter, à étendre la superficie des mangroves, mais aussi à améliorer leur restauration. Ainsi, si des zones sont touchées par l’eau, la circulation ou autre, nous améliorons nos mangroves en utilisant ces technologies pour identifier les zones qui ont besoin d’être réhabilitées et restaurées, et nous y travaillons », a poursuivi M. Alhashmi.

Les mangroves peuvent capter le carbone pendant des milliers d’années. Elles sont essentielles dans les climats arides comme celui des Émirats arabes unis, car les conditions météorologiques compliquent la croissance des forêts avec d’autres cultures.

Les plantes augmentent également la nutrition des organismes environnants, améliorant ainsi la qualité du sol et de l’air. Dans un environnement urbain comme celui d’Abu Dhabi, elles agissent également comme une barrière pour réduire le bruit.

Les mangroves favorisent également l’épanouissement des espèces aquatiques et des oiseaux migrateurs, l’EAD ayant recensé plus de 160 espèces d’oiseaux dans la forêt, comme le flamant rose et le vanneau huppé. Les mangroves offrent une multitude d’avantages environnementaux et jouent notamment un rôle important dans la production de miel par les abeilles.

A l’approche de la COP28, le principal message que l’EAD souhaite transmettre à la conférence est que le secteur de la biodiversité doit apprendre à surveiller les habitats de manière plus efficace grâce aux nouvelles technologies.

« Il est très important d’investir dans ce domaine et de disposer de mises à jour plus fréquentes sur l’état des habitats dans lesquels se trouvent les espèces afin de pouvoir agir au meilleur moment », a déclaré M. Alhashmi. Comme l’a démontré la plantation de mangroves, les nouvelles technologies peuvent considérablement réduire les coûts.

Il estime que l’utilisation de nouvelles technologies comme les drones et les véhicules sous-marins télécommandés (ROV) aidera les agences environnementales à relever les énormes défis de conservation imposés par le changement rapide du climat.

« Nous estimons que le rythme du changement climatique est très rapide, de ce fait, notre surveillance doit également être adaptée afin de suivre et de voir si des changements se produisent. En utilisant les drones, nous ne travaillons pas seulement sur la restauration, nous cherchons également à identifier l’état de ces habitats », a déclaré M. Alhasmi.

L’EAD teste différents capteurs de drones pour développer un système capable de surveiller les habitats et d’identifier rapidement ceux qui sont endommagés par le changement climatique afin de les restaurer. Les drones sont également utilisés pour surveiller la croissance des plantes et le taux de réussite des initiatives de restauration de l’EAD.

L’EAD investit également dans des ROV sous-marins pour surveiller et restaurer les habitats coralliens aux Émirats arabes unis. Les récifs coralliens ont été durement impactés par le changement climatique, nombre d’entre eux blanchissant en raison du réchauffement de la température des océans. En 2021, l’EAD a lancé un projet visant à restaurer un million de colonies de récifs coralliens.

« Actuellement, nous replantons à partir de la pépinière afin de créer les récifs coralliens les plus résistants. Nous les cultivons et nous utilisons ensuite ces colonies pour restaurer les zones touchées. Nous avons réussi à planter plus de 300 000 récifs coralliens dans différents endroits où ils ont été touchés par le changement climatique et blanchis », a indiqué M. Alhashmi.

« Nous voulons également améliorer les technologies de surveillance des habitats coralliens, des herbiers marins et des différents fonds marins, car l’utilisation de technologies anciennes et traditionnelles n’aide personne. Cela prend du temps et nécessite beaucoup de fonds et de ressources », a-t-il ajouté.

Selon M. Alhashmi, l’utilisation de ROV permet de réduire au minimum l’interaction humaine et d’effectuer des analyses plus rapides et plus fréquentes, ce qui permet de restaurer plus vite les zones des récifs blanchies par le changement climatique.

Les agences environnementales investissent de plus en plus de ressources dans les nouvelles technologies comme les drones et l’intelligence artificielle, dans le cadre de leurs projets de conservation.

L’EAD reçoit de nombreuses demandes du secteur privé pour contribuer à financer des initiatives, a déclaré M. Alhashmi. Selon lui, le financement de la conservation par le secteur privé a connu une croissance rapide au cours des 5 dernières années.

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