Pourquoi Washington et Paris soutiennent la nomination de Sultan al-Jaber comme président de la COP28

Sultan al-Jaber, le PDG de la compagnie pétrolière nationale d’Abou Dhabi, a décrit les prochaines négociations des Nations unies comme une « occasion sans précédent d’engager l’industrie de l’énergie dans une révolution technologique ».

Au Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, il tenté de présenter sa nomination à la présidence comme une passerelle entre les compagnies pétrolières et les écologistes qui se méfient depuis longtemps de l’influence de l’industrie sur les efforts visant à limiter les émissions de carbone.

« Nous avons besoin d’un changement de cap majeur », a déclaré M. al-Jaber.

Il a ajouté : « Les stratégies que nous poursuivons ne doivent laisser personne de côté. Les politiques que nous adoptons doivent être à la fois favorables à la croissance et au climat. »

Ce discours a ravivé les critiques des activistes à l’égard de la nomination d’al-Jaber pour diriger les négociations à Dubaï.

Le jeune militant kenyan Eric Njuguna, a qualifié ces déclarations de « mépris envers les préoccupations valables et justifiées exprimées par les militants écologistes ». Il a appelé l’organe de l’ONU chargé de superviser les négociations à mettre en place une politique en matière de conflits d’intérêts afin de contrôler l’influence des entreprises pétrolières et gazières sur les négociations climatiques compte tenu de leur « longue histoire de distorsion et d’édulcoration des décisions importantes en matière de climat ».

Sultan al-Jaber, 49 ans, envoyé spécial de longue date pour le changement climatique, est un proche confident du dirigeant des Émirats arabes unis, le Cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyan. Il est à l’origine de dizaines de milliards de dollars dépensés ou promis pour les énergies renouvelables. Il dirige également une compagnie pétrolière qui pompe quelque 4 millions de barils de brut par jour.

Lorsque les autorités ont annoncé sa nomination en janvier, les militants ont comparé cette nomination à une demande faite à des « marchands d’armes de mener des pourparlers de paix ». Toutefois, l’envoyé américain pour le climat, John Kerry, et le ministre français des finances ont tous deux soutenu sa nomination par les Émirats arabes unis, un allié clé du Moyen-Orient.

Les Émirats arabes unis souhaitent également atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, un objectif qui reste difficile à évaluer, et le processus pour y parvenir n’a pas encore été pleinement expliqué par les autorités.

« Il y a des moments dans l’histoire où l’humanité s’unit pour lutter contre une menace commune. Prouvons-nous que nous sommes capables de le faire une fois de plus », a déclaré Sultan al-Jaber. « Mettons nos différences de côté. Luttons contre le changement climatique, pas les uns contre les autres ».

Le discours de M. Al-Jaber reconnaît également que « des capitaux sont indispensables pour rendre le fonds pour les pertes et les dommages réel et opérationnel ». Ce fonds, approuvé lors des négociations de la COP27 à Charm el-Cheikh, en Égypte, ne prévoyait pas de moyen de financement. M. Al-Jaber n’a pas non plus proposé de solution pour réunir ces fonds.

Il a toutefois appelé à une « véritable réforme des institutions financières internationales et des banques multilatérales » afin de réduire les risques liés aux prêts et de fournir davantage de financements privés aux « communautés vulnérables ».

En outre, M. Al-Jaber a appelé le monde à tripler sa capacité en matière d’énergies renouvelables, à développer l’énergie nucléaire, à améliorer le stockage des batteries et à fournir des technologies de capture du carbone. Il a déclenché les applaudissements de son auditoire, composé principalement d’Émiriens, en défendant le pays membre de l’OPEP qui accueille la conférence sur le climat.

« Aux Émirats arabes unis, nous ne reculons pas devant la transition énergétique. Nous courons vers elle », a assuré Sultan al-Jaber.

Chaque année, le pays qui accueille les négociations de l’ONU connues sous le nom de Conférence des parties, désigne une personne pour présider les discussions. Les hôtes choisissent généralement un diplomate expérimenté, car les négociations peuvent s’avérer difficiles à gérer entre des nations concurrentes et leurs intérêts.

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