Afghanistan : taux croissant de suicides chez les femmes

Le phénomène des suicides chez les femmes est en constante progression en Afghanistan, avec un nombre estimé à 2 400 cas par an, selon le Réseau afghan Etisalah Rasani pour les droits de l’homme.

Soumises à la discrimination, la violence, la marginalisation et le déni de leurs droits fondamentaux sous le régime impitoyable des Talibans, les femmes afghanes souffrent en général d’un cruel manque d’estime de soi et d’un sentiment d’impuissance qui nourrit le désir d’en finir.  

Haibatullah Akhundzada, le chef suprême du mouvement taliban, a imposé le code vestimentaire des femmes afghanes en disant : « Elles doivent se couvrir le corps de la tête aux pieds, seuls leurs yeux doivent être visibles afin d’éviter de provoquer les hommes non-mahram (étrangers à la famille) ». Partant de ces conditions, le personnel de sécurité taliban n’hésite pas à injurier, battre et lapider celles qui ne respectent pas scrupuleusement la règle.

Le Dr Hicham Bachir, vice-doyen de la faculté des études politiques et économiques de Beni Suef en Égypte, estime que le phénomène des suicides chez les femmes afghanes est avant tout dû aux restrictions auxquelles elles sont soumises dans l’espace public. Il ne fait aucun doute que les conditions de vie des femmes afghanes étaient relativement meilleures dans le passé. En plus d’êtres privées de leur droit à l’éducation et au travail depuis la décision du gouvernement en décembre 2022, elles sont constamment scrutées et harcelées par les forces de l’ordre qui n’hésitent pas à distribuer coups et insultes à celles qui ne respectent pas les instructions. Selon la déclaration du mollah Neda Mohammed Nadeem, ministre de l’Éducation par intérim, le 1er septembre 2022, l’instruction des filles provient de « la culture occidentale », et est encouragée « dans le but de faire régner le chaos et l’immoralité en Afghanistan ».

Le Dr Bachir a ajouté que les conditions politiques que l’Afghanistan a connues pendant plus de 20 ans ont eu des effets négatifs sur l’éducation en général, et celle des filles en particulier.

Le Dr Anne Justus, professeure de sociologie à l’Université américaine du Caire, confirme que l’oppression et l’injustice font partie des raisons les plus évidentes de l’augmentation du taux de suicide chez les femmes sous le régime des talibans, notant que le mariage forcé est une pratique encore très répandue et qu’elle explique, dans beaucoup de cas, le désir de certaines femmes de mettre fin à leurs jours.  

Le 1er juillet 2022, une jeune fille de 18 ans s’est suicidée dans le district de Dehrawood, dans la province d’Uruzgan, en avalant du poison, après que sa famille a refusé un prétendant de son choix.  Le lendemain, une autre jeune fille s’est suicidée dans la province de Takhar, à quelques jours de son mariage.

Le 4 juillet 2022, une jeune fille s’est pendue dans le neuvième arrondissement de la ville d’Hérat. Des rumeurs ont circulé selon lesquelles son époux l’aurait empoisonnée.

Le même jour dans un village du district de Kiti, une jeune fille de 17 ans s’est tuée avec une arme de chasse dans la maison de son père.

Le 31 octobre 2022 à Maïmana, capitale de la province de Faryab, une mère de famille s’est suicidée en consommant de la mort aux rats en raison des violences qu’elle subissait de la part de sa belle-famille. Deux jours avant, une jeune fille de 18 ans s’est pendue dans la même province, également à la suite de violences domestiques.

Anne Justus indique que les femmes sont également privées de leur héritage en Afghanistan, ou elles demeurent sous tutelle à toute âge, prisonnières de traditions d’un autre temps.  

Selon les statistiques officielles, 90% des femmes en Afghanistan sont privées de leur droit à l’héritage, en plus d’être victimes de privations et d’agressions de toute sorte.  

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