Abdel Hamid Dbeibah, le chef du gouvernement intérimaire d’union nationale (GNU), a une nouvelle fois laissé entendre qu’il avait obtenu le soutien de la Turquie face à son adversaire, Fathi Bachagha, le chef du gouvernement parallèle, alors que de violents affrontements ont éclaté dans une zone près de Warshefana, au sud-ouest de la capitale, Tripoli, blessant au moins 5 personnes.
Dans une déclaration publiée sur Twitter tôt ce matin à l’issue d’une visite de deux jours en Turquie, Dbeibah a déclaré aux Libyens que « toutes les parties internationales partagent notre pleine conviction que l’avenir de la Libye doit passer par des élections justes et transparentes ».
Au cours de sa visite, Dbeibah a rencontré un certain nombre de ministres du gouvernement turc et a tenu une réunion de travail avec le président Recep Tayyip Erdogan.
Dans des déclarations télévisées après sa rencontre avec le président turc hier soir, Dbeibah a estimé qu’« il n’existe pas deux gouvernements en Libye », ajoutant : « Il y a un gouvernement, qui est le gouvernement (d’union) à la tête de toute la Libye ».
Sans en préciser le calendrier, il a affirmé qu’une « feuille de route » était à l’étude. Il a déclaré : « Il a été convenu avec la Turquie (…) de tenir des élections prochainement (…). [La feuille de route] comprend une base constitutionnelle et des dates, et la Turquie nous a confirmé son soutien dans ce sens. »
Il a rassuré le peuple libyen sur ce qu’il a qualifié de « moment historique », qui se soldera par des élections en faveur de la Libye avec l’accord de la communauté internationale.
Dbeibah a nié le récent déclin du rôle de la Turquie en déclarant : « L’État turc soutient la position libyenne et la stabilité de la Libye », notant que « la position turque a confirmé la nécessité de maintenir la sécurité et la stabilité de la Libye ».
Après avoir présidé une réunion de suivi du dossier politique et d’un certain nombre de dossiers économiques, militaires et politiques à Istanbul, Dbeibah a cité Erdogan soulignant la nécessité de préserver la sécurité et la sûreté de Tripoli de toute tentative d’action militaire, indiquant que le changement ne peut se produire que par le biais d’élections, confirmant son soutien et sa coopération avec la Libye dans les domaines économique, sécuritaire et militaire, et exprimant sa compassion envers ceux qui sont tombés lors de la récente attaque.
Selon un communiqué diffusé par son gouvernement, Dbeibah a mis l’accent sur l’importance du rôle turc dans le soutien aux efforts internationaux pour faire avancer le dossier électoral en tant que priorité internationale, considérant que ce qui s’est produit à Tripoli la semaine dernière était une tentative de prise de pouvoir par les armes et le complot, et qu’il n’y a pas d’autres alternatives pour la Libye en dehors des élections.
Dbeibah a précisé que la réunion a eu pour objet l’étude du dossier politique, l’unification des efforts locaux et internationaux pour soutenir les élections et les dossiers économiques, ainsi que le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays.
Il a expliqué qu’au terme de cette réunion à laquelle ont assisté le chef du renseignement et conseiller du président turc, le chef du département de la communication de la présidence turque, et du côté libyen, le gouverneur et conseiller de la Banque centrale de Libye, le ministre d’État aux affaires du Cabinet, à la communication et aux affaires politiques, il a été convenu d’établir un programme de travail entre les deux pays, qui inclut une coopération dans les domaines militaire et énergétique, et le retour des entreprises turques pour achever les projets bloqués. Il a souligné qu’Erdogan s’est félicité de son invitation à assister au premier forum turco-libyen en novembre prochain en présence d’entreprises turques spécialisées.
Quant à Fathi Bachagha, il a déclaré avoir discuté avec l’ambassadeur des États-Unis en Libye, Richard Norland, « de l’importance du soutien continu de la communauté internationale envers la Libye pour parvenir à la stabilité économique et politique. » Il a indiqué aujourd’hui dans un tweet : « Nous avons souligné l’importance de soutenir la mission des Nations Unies et d’élaborer une feuille de route pour la tenue d’élections présidentielles et parlementaires dès que possible ».
L’ambassadeur américain a déclaré aujourd’hui dans un communiqué avoir discuté par téléphone avec Bachagha de l’importance de désamorcer la confrontation militaire à Tripoli et dans ses environs, en plus du besoin urgent de toutes les parties de travailler avec le diplomate sénégalais Abdullah Batili, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, dans le but d’établir une feuille de route claire pour des élections anticipées comme seule solution à l’instabilité en Libye.
Le calme est revenu dans la zone de Warshefana après le déclenchement soudain d’affrontements entre la Troisième Compagnie dirigée par Ramzi al-Lafa en soutien à Dbeibah, et la « 55e Brigade » dirigée par Muammar al-Dhawi, fidèle à Bachagha.
Salah al-Namroush, le commandant de la région militaire de la côte ouest, a révélé aux médias locaux avoir servi de médiateur entre les parties au conflit pour arrêter les affrontements pour de bon.
