Acculés par l’extrême pauvreté qui s’est répandue dans le pays sous le régime des talibans, beaucoup d’Afghans de la province de Herat ont pris des décisions désespérées pour gagner leur vie, notamment celle de vendre leurs organes.
Le Dr Nasser Ahmed, chirurgien spécialisé dans la transplantation rénale, affirme qu’il a effectué près de 85 greffes en 2021, et que l’ensemble du processus de la transplantation d’un rein, dont son achat, coûte entre 6000 et 8000 dollars américains. Il a expliqué que le prix d’un rein variait selon le groupe sanguin, mais qu’il valait en général entre 2000 et 4000 dollars, auxquels s’ajoutent le coût de l’hospitalisation, de la chirurgie et des médicaments, qui peut également atteindre 4000 dollars.
Le médecin affirme que la majorité des Afghans qui décident de vendre leurs organes sont issus des classes les plus pauvres, et sont souvent inconscients des risques qu’entrainerait la perte d’un deuxième rein.
L’économie afghane est très dépendante de l’aide internationale. Elle a reçu le coup de grâce avec l’arrivée au pouvoir des talibans suite au retrait chaotique des forces occidentales de Kaboul. Il n’y a eu aucune volonté occidentale de collaborer avec les talibans, de ce fait, l’aide matérielle a été interrompue, entrainant des répercussions catastrophiques sur une population déjà harassée par quatre décennies de guerre.
Moins d’un mois après le retour au pouvoir des talibans, un Afghan du nom de Ghulam Hazrat, qui vit dans la campagne d’Hérat, est entré illégalement en Iran dans l’espoir d’obtenir un emploi. Il a emprunté environ 200 dollars qu’il a remis à un passeur, mais les autorités iraniennes l’ont arrêté à la frontière et l’ont immédiatement renvoyé en Afghanistan.
De retour dans son pays, il n’a eu d’autre choix que de vendre son rein pour rembourser ses dettes et nourrir ses enfants. Il s’est rendu à l’hôpital d’Hérat et l’a échangé contre 2 300 dollars. Le médecin lui a conseillé de se reposer pendant un an et d’éviter tout travail physiquement pénible, mais Harzat ignore ce qu’il deviendra une fois tout son argent dépensé.
Les Nations unies ont appelé à des dons internationaux de cinq milliards pour éviter que l’Afghanistan ne sombre dans l’une des plus graves catastrophes humanitaires de son histoire. Dans un communiqué, l’ONU a précisé que l’Afghanistan a besoin de 4,4 milliards de dollars de dons pour financer les besoins humanitaires de cette année. Il s’agit de la somme la plus importante ayant jamais été exigée par l’ONU pour un seul pays.
Selon les Nations Unies, ces fonds seront alloués au secteur agricole et à celui de la santé, qui inclut les traitements contre la malnutrition, la nourriture, l’eau potable et l’éducation.
Parallèlement aux demandes des Nations Unies, les États-Unis ont promis un premier programme d’aide à l’Afghanistan de plus de 300 millions de dollars en 2022. L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a déclaré que ces fonds devront servir en priorité à l’aide alimentaire et sanitaire, ainsi qu’à une protection contre les rigueurs de l’hiver.
